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Critique de Herve-Lionel



N°956– Août 2015

AUTUMNPhilippe Delerm – Gallimard.[Prix Alain Fournier 1990]

D'emblée, le titre évoque une Angleterre froide et brumeuse. Plus précisément l'auteur invite son lecteur dans l'univers des peintres préraphaélites du milieu du XIX° siècle. Pour réagir contre la pauvreté de la peinture victorienne, ces artistes ont en effet choisi de s'inspirer des légendes médiévales et de la poésie primitive en se donnant comme modèle les oeuvres des prédécesseurs de Raphaël. La figure principale est le peintre et poète Dante Gabriel Rossetti (1828-1882), qui crée « la confrérie préraphaélite ». C'est pourtant un personnage complexe, à la fois mystique et sensuel, individualiste et porté vers la communauté. Sa jeune femme, Élisabeth Siddal , décédée 7 ans plus tôt, était un être diaphane à la chevelure rousse. Dépressive, elle meurt d'une overdose de laudanum. Elle fut son modèle, surtout après sa mort mais il l'idéalisera sous les traits de la Béatrice de la « Divine Comédie » comme elle fut le modèle de John Everet Millais qui vit en elle l'Ophélie chère à Shakespeare. Rossetti poursuit sa quête de la beauté féminine dans des portraits qu'il réalise de Fanny Cornforth, une jeune prostituée dont il est amoureux et de Jane Burden, l'épouse de William Morris, avec qui il a une liaison. Ces artistes sont à la recherche de l'art absolu, entre mystique et esthétique, mais ce roman est aussi l'évocation de leurs amours impossibles, passionnées, romantiques et tragiques, avec au bout du voyage, l'alcool, la drogue et la mort. Ce roman évoque les relations des préraphaélites dans leur expérience commune artistique, tourmentée, intemporelle et la nature quasi-divine, mythologique et médiévale de leur inspiration, mais se concentre sur la relation de Rossetti et de son épouse.

Philippe Delerm nous fait non seulement pénétrer dans l'univers de ces peintres qui inspirèrent les symbolistes et « l'art nouveau », et c'est déjà un enchantement, mais explore aussi cette recherche personnelle de la femme idéale autant que le sens de la démarche créatrice. Son écriture est somptueuse et agréablement poétique, aux couleurs chaudes de l'automne. La construction du roman qui alterne les lettres échangées et les passages évocateurs et descriptifs lui impriment un rythme agréablement évocateur. C'est aussi un ouvrage historique où les personnages ont réellement existé et où se côtoient Lewis Caroll, l'auteur d' « Alice aux Pays des Merveilles », mais aussi le célèbre peintre et critique d'art John Ruskin et le poète Algernon Swinburne.

Je ne dirai jamais assez combien mon intérêt va à ces grands serviteurs de notre si belle langue française que sont les bons écrivains et c'est pour moi, à chaque fois, un plaisir de les lire. Je poursuis volontiers et passionnément la découverte de l'univers de Philippe Delerm dont cette chronique a déjà abondement parlé.

Hervé GAUTIER – Août 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com

Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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