AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Erveine


C'est ainsi que pensa Théophraste Sentiero. La marche du corps est contrariée et voici que le paysage s'offre à moi d'une étrange façon ; si ma vue défaille en cette invalidité prégnante ou passagère, que sais-je, voilà qu'une réalité nouvelle m'a dessillée les yeux. Se peut-il alors que le tout donné m'apparaisse autrement, et l'amour sous une autre transparence. Un petit retour en arrière, un grand pas en avant, je suis diminué par un tremblement ; ce fourmillement des jambes tandis que, augmenté d'une vitalité nouvelle quand mes pas me portent au-delà de mon antre. le clairon de ce réveil me tient au garde-à-vous, tantôt jeune, tantôt vieux, je suis frêle et bientôt amoureux ou empêtré dans la solitude de mon être, dans ma tête seul à penser. Idiot transi, empêché devant la surenchère, d'une rencontre, cette femme comme une comète. le destin Théophraste dit le prêtre, même si tout est écrit, il n'en faut pas moins marcher pour l'édifier. J'entends bien dis-je, parcourant la capitale, si j'ai mal c'est que je suis encore vivant. Que je suis celui-là, timide et n'osant guère, peu ambitieux mais travailleur, en tout cas pas cet autre, mon beauf bouffi d'orgueil. Rien de tel qu'un hall de gare, de Lyon, pour me bousculer les idées ; conchier le réel en renonçant aux prix prohibitifs d'une surconsommation en tout pour un si peu d'amour. Langage fleuri de Paris au carrefour des destinées. Et Cécile dans tout ça… Après mon escapade buissonnière, quand il est temps de rentrer, je fais encore un détour vers le kiosquier, le mutique, le taiseux, avant d'affronter le questionnement de ma femme, le pourquoi du comment de mon absence au repas de midi, de ma descente du train-train familial. Démissionnaire en mon élan amoureux, mais franchement rudoyé par mon ami Anselme, libraire de son état, je quittai les Bonheurs d'Antioche avec sous le bras mon remède, Les Souffrances du jeune Werther, chef-d'oeuvre de Goethe.

Et reprenant la citation de l'auteur :

― « Il n'y a rien d'allègre : il y a seulement une vigueur pleine et ferme. Je dure bien à la peine ; mais j'y dure si je m'y porte moi-même, et autant que mon désir m'y conduit ». (Essais, livre II, Montaigne).

Voilà un très beau livre, un texte passionnant évoquant la destinée et qui monte en puissance avec l'écriture d'un auteur érudit. Je remercie Babelio et les Editions Héloïse d'Ormesson pour ce bel ouvrage que j'ai bien apprécié.

Commenter  J’apprécie          454



Ont apprécié cette critique (45)voir plus




{* *}