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Le prologue met en scène deux personnages centraux de cette histoire : Wendy, simple d'esprit et son frère Willy qui apparaît d'emblée comme le diable incarné. Lorsque Louise se rend compte de la situation, elle organise le départ de Wendy. Ce qui relie les deux femmes sera l'objet du développement du roman.

Le décor est singulier : Val Grégoire est un lieu déshérité, gouverné de façon oligarchique par un homme qui confond gestion communale et monarchie absolue de droit divin avec les privilèges que cela implique. Même son épouse ne se fait aucune illusion sur les cornes qui ornent son front.

Louise, Marco et Laurence sont liés par une profonde amitié. Mais déjà l'infâme Willy sera à l'origine d'un événement qui modifiera la dynamique du trio à tout jamais.

A l'âge adulte alors que Laurence a disparu, et que Marco vit sa vie loin de là en couple mal assorti, Louise fera le chemin pour mettre en lumière ce qui s'est passé des années plus tôt.


Avec la musicalité de la langue, et l'humour qui traverse les pages, cette histoire dramatique se lit avec un immense plaisir. La force de l'intrigue, la construction, l'ambiance particulière de la communauté isolée de Val Grégoire, qui malgré l'irruption de la modernité semble figée hors du temps, font un ensemble passionnant et difficile à lâcher.

320 pages Les Avrils 25 janvier 2023
Sélection prix Orange 2023

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Une histoire tragique, sombre, racontée par petites touches. Louise revient sur les pas de son enfance, marquée par un drame. La description de la petite ville étriquée est rendue plus réaliste par le vocabulaire canadien. Les différents récits qui s'entremêlent laissent peu à peu voir l'étendue du drame qui s'est joué là.
Un récit fort
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Le pacte de Marco, Louise et Laurence

Trois adolescents se promettent de faire leur vie loin de ce coin perdu du Canada où ils étouffent. En suivant les pas de Marco, Louise et Laurence, Nicolas Delisle-L'Heureux raconte une amitié qui va virer au drame dans une société loin d'être émancipée.

Commençons par planter le décor, essentiel dans ce roman. Nous sommes en 1956, une année qui a marqué le narrateur, «puisque c'est celle où nous avons commencé à naître, infatigablement, comme une diarrhée mal soignée» à Val Grégoire, une de ces cités loin de tout, qui a poussé comme un champignon, dans le Nord du Québec. «Après L'hôtel de ville on y construisit l'épicerie, l'école primaire, puis secondaire, la piscine, l'aréna, le poste de police, la caserne de pompiers, la station-service, les rues asphaltées, les ballons qui roulent devant la voiture à la dernière seconde, les panneaux de limite de vitesse, le bureau des examens de conduite. On vit apparaître un des hôpitaux les mieux équipés de la province, une prison tout inclus (avec buffet à volonté, activités de groupes tous les matins et spectacles amateurs des geôliers le vendredi), un asile psychiatrique tout ce qu'il y a de plus innovant, ainsi que la Plaza du monde, un centre commercial fait sur le long où on vendait du linge comme on en voyait à la télé.» La dynastie Desfossés a mis la main sur la mairie et règne sur la communauté. C'est au tour de Jean-Marc, qui n'est pas le plus fûté, d'entrer en scène. Avec son épouse Marie-Pierre, ils sont à l'origine du désastre à venir, en mettant au monde, de 1972 à 1978, «comme de vilains lapins, sept garçons: Ricardo, Julio, Bruno, Théo, Mario, Léo et Marco – ils l'expliquaient avec le plus grand sérieux: "Le o, c'est pour l'onneur."»
C'est Marco, le dernier de la lignée, qui va s'acoquiner avec Louise Fowley et Laurence Calvette, formant un trio aussi inséparable qu'improbable. Ils essaient de tuer leur ennui et leur scolarité médiocre en participant à quelques mauvais coups. Mais l'élément déclencheur du drame à venir, est une virée durant laquelle Louise perdra sa virginité. Pas avec Laurence, comme la logique le voudrait, mais avec son grand-frère William qui va la forcer et la mettre enceinte.
Une situation que Louise gère en prenant la fuite pour Montréal, espérant que ses deux amis la suivront bientôt. Mais si Marco et Laurence disparaissent effectivement et sont officiellement portés disparus, personne ne sait ce qui leur est arrivé.
La seconde partie du roman, qui court sur une quinzaine d'années, fera la lumière sur ce «traumatisme collectif jamais convenablement soigné et qui a gangrené l'âme de la ville.» On y verra Louise revenir à Val Grégoire. Pour se venger ou pour retrouver la trace de ses amis d'enfance?
Nicolas Delisle-L'Heureux met habilement en place les pièces du puzzle, dévoilant peu à peu ces destins bousculés jusqu'à l'épilogue très réussi. Des amitiés adolescentes au poids du déterminisme social, de l'envie de fuir un environnement désespérant à la force des liens familiaux, l'auteur réussit à dresser un vaste panorama de quelques questions existentielles majeures. Servi par l'exotisme de la langue, il confirme avec ce second roman toutes ses qualités de narrateur. Une belle réussite!


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A Val Grégoire, une petite ville désespérante du nord canadien, trois adolescents essaient d'échapper à leur funeste destinée : Louise, adoptée par une famille ultra-religieuse ; Marco, un des fils du maire ; Laurence, troisième enfant d'une famille de déjantés.
Car il apparait comme inéluctable pour les habitants de rester prisonnier de cette bourgade gangrénée par la bienséance, le chômage et l'alcool. Tous les trois se sont juré de partir un jour, de quitter la médiocrité inscrite dans les gènes de cette ville.
Le premier drame foudroie la douce Louise dont la famille, honteuse, choisit l'exil. Cloitrée, humiliée, Louise s'accroche aux futures retrouvailles avec ses deux amis. En vain ! Et c'est elle qui devra revenir à Val Grégoire pour solder ses comptes et découvrir la triste vérité.
Cette très belle histoire de rêves d'adolescents confrontés à la rudesse d'une société archaïque et repliée sur elle-même est magnifiée par la truculence des dialogues et le style très original de l'auteur.
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Il y a des endroits éloignés du monde et dont il est difficile voire impossible de s'extraire. Comme Val Grégoire, une petite ville du nord-est du Canada où Louise Fowley a passé son enfance, au sein d'une famille adoptive étouffante. Son oxygène c'était Marco et Laurence, deux garçons rencontrés sur les bancs de l'école primaire ; ensemble ils formaient un trio flamboyant, bien loin de l'insignifiance de chacun lorsqu'il était seul. Ils rêvaient de partir à l'aventure et de réussir ce à quoi nombre de leurs camarades avaient renoncé : traverser le pays sur les traces de légendes plus vieilles qu'eux, découvrir les villes et peut-être ainsi forcer le destin qui les assimile à des ouananiches, ces saumons enfermés en eaux douces pour ne pas avoir su retrouver le chemin de la mer. Pourtant, un événement tragique va rebattre les cartes et jeter chacun sur son propre chemin. L'auteur nous offre un voyage haletant dans les pas de chaque protagoniste, reconstituant au fil des chapitres les pièces manquantes pour comprendre ce qui s'est vraiment joué dans les esprits des uns et des autres. Il campe des personnages marqués et abîmés par la vie, un certain atavisme familial, la violence attisée par l'isolement et la rudesse des paysages. Il dessine des parcours hantés mais guidés par une farouche volonté d'émancipation et de liberté qui les mène jusqu'à la possibilité d'un apaisement même si le chemin pour en arriver là se révélera tragique. J'ai été captivée par l'écriture inventive et puissante, par la force des personnages et particulièrement de Louise, par l'immersion dans des paysages à l'immensité écrasante. L'ensemble est pourtant lumineux (même si certaines scènes peuvent choquer les âmes sensibles), servi par une construction habile qui rend la lecture terriblement addictive. Encore une jolie découverte, encore un nom à retenir et à suivre.
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Une histoire d'amitié entre trois personnages, de l'enfance à l'âge adulte, voilà qui au départ n'est pas vraiment le genre d'histoire qui me plaît le plus, mais un coin reculé du nord-est canadien, cela me parle plus. Louise, arrivant enfant dans la petite ville de Val Grégoire, aux confins du canada, près du Labrador, ne se sent pas à sa place, ni en classe, ni dans sa famille, mais se lie vite d'amitié avec Laurence et Marco, deux garçons aussi dissemblables que possible. Et pourtant, leur trio fonctionne, se fait remarquer et bâtit des rêves d'avenir, loin de Val Grégoire. Car une sorte de malédiction semble peser sur les habitants de la ville, qui tels des ouananiches, ces saumons qui vivent seulement en eau douce, même si l'accès à la mer ne leur est pas bloqué, ne réussissent jamais à quitter leur région.
Le roman est fort bien construit puisque partant d'un événement intrigant, quand Louise est adulte, il revient sur son enfance, puis, vers le milieu du roman, amorce une explication à ce qui s'est passé au début, avant, au final, de dénouer le tout. Les personnages sont forts, fascinants, et les lieux le sont tout autant. Mais ce qui est le plus remarquable, c'est la langue utilisée par l'auteur, pleine d'imagination, de couleurs et de fureur. Il ne reste plus qu'à espérer qu'il nous régalera de nouveau de ses mots.
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Au nord du nord du Canada, vive les Ouananiches, une espèce endémique de saumons sauvages. Leur particularité tient au fait qu'ils ne migrent pas, coincés dans les eaux douces où ils ont trouvé refuge après le retrait de la mer voilà des millénaires. Les ouananiches ce sont aussi les habitants de Val Grégoire, cette ville, sortie de rien, grossie au fil des décennies, et nichée dans la forêt. Une ville, où les habitants vivent et demeurent, repliés sur eux mêmes, paradoxalement prisonniers de ces grands espaces.
C'est là que vivent Marco, Laurence et Louise. Trois ados avec la farouche envie de partir chevillée au corps, trois ados qui « tenaient en équilibre sur la pointe effilée d'un large cône », un trio marqué implacablement par un atavisme familial, écrasant, et liés à jamais par un traumatisme indélébile et fondateur.
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Attention pépite, ce livre est superbe! Entre tragique et déterminisme,il nous conte le récit d'une adolescence fracassée. Un thème récurrent si l'en est et pourtant il renouvelle le genre. Cela tient à ce trio, improbable et évident. Marco, le fils du maire, dernier né d'une fratrie de bras cassés. Laurence, le dernier fils désespérément normal d'une famille complètement frappée . Et entre eux, Louise, fille de prêcheurs illuminés, impertinente et lumineuse, courageuse et meurtrie. Cela tient au lieu aussi, ce Canada méconnu et lointain, isolé, et enfermant. Cela tient enfin, et surtout,à la langue, ample, riche, et totalement Immersive, alternant entre réalisme et tragédie, où se glissent ça et là des pointes d'humour délicieuses. C'est un bonheur aussi d'y retrouver autant de locutions québécoises, tellement imagées et si savoureuses, accentuant encore le dépaysement.
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La découverte d'un auteur à suivre et un titre que je défendrai avec enthousiasme dans le cadre du #prixorangedulivre2023
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L'histoire se déroule à Val Grégoire, une ville fictive sur la côte nord du Québec aux confins du Labrador à 700 kms de Montréal, une ville perdue au milieu de nulle part, créée dans les années 1950 pour exploiter la forêt.

Trois amis d'enfance, une fille et deux garçons, Louise, Marco et Laurence, issus de familles plus dysfonctionnelles les unes que les autres, deviennent inséparables, unis par leur rêve de s'échapper un jour de Val Grégoire qui ne leur offre aucun avenir. Ils forment "Un clan sacré, intouchable, inviolable".

Louise, gamine éprise de liberté, gamine indocile surnommée " La Petite Sale", est élevée sans chaleur par des parents adoptifs qui appartiennent à une Eglise, "une étrange secte pas catholique". Marco est le fils du despote local, les hommes de sa famille sont tous plus voyous les uns que les autres, il va tenter désespérément d'échapper à cette filiation perverse en coupant les ponts avec sa famille. Quant à Laurence il vit auprès d'une mère illuminée, d'un frère monstrueux et d'une soeur fragilisée par son handicap.

Un évènement dramatique survenu en 1991 alors que ces trois amis avaient treize ans brisera leur amitié. Dans le premier chapitre du roman, plus de quinze ans après, Louise revient dans l'ancienne station de ski du mont Brun près de Val Grégoire pour se venger.

Ce roman noir est remarquable par sa construction et par sa langue.
Avec une construction très habile l'auteur nous révèle au fil des pages, au détour des points de vue de chacun des principaux personnages, dans un désordre chronologique savamment orchestré, l'histoire de Louise, Marco et Laurence. Sont intercalés dans le récit des chapitres dénommés "Ouananiches" du nom du saumon qui reste dans les plans d'eau douce même si l'accès à la mer ne lui est pas bloqué. Dans ces chapitres, un choeur de voix de jeunes du village raconte Val Grégoire, ces voix illustrent le déterminisme social, la fatalité à laquelle les jeunes ne peuvent pas échapper dans l'impossibilité qu'ils sont de quitter un lieu où ils sont coincés par leur naissance comme les ouananiches sont coincés dans leur eau douce. Quand le lieu de naissance devient un piège...
La langue québécoise est savoureuse, les dialogues peuvent être très drôles allégeant cette histoire très rude mais dans laquelle l'auteur fait preuve d'une grande sobriété sans jamais tomber dans des descriptions glauques.
L'atmosphère pesante, les paysages grandioses, la complexité des différents personnages tous plus amochés les uns que les autres, l'ambivalence des sentiments... tout est parfaitement restitué dans ce roman très romanesque au suspense très bien entretenu. Un roman au sujet grave dans lequel l'auteur parvient à faire émerger une belle lumière.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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S'il est une langue – ou dialecte ? – que j'adore, c'est bien le français du Canada. A la lecture du roman de Nicolas Delisle L'heureux "Un grand bruit de catastrophe", j'ai retrouvé intact cet engouement lié à un séjour professionnel dans ce pays il y a quelques années. La musicalité de son écriture, son vocabulaire imagé m'ont enchantée.

L'histoire de Louise et de ses amis est certes noire, très noire même. Et pourtant, l'écriture, la construction très intéressante, l'humour disséminé çà et là rendent lumineux ce récit d'amitié. Une amitié née à Val Grégoire, tout au nord de la forêt boréale, entre Louise Fowley, Marco et Lawrence, un trio inséparable jusqu'à ce que…un événement, oui L'événement… le trio éclate, la famille de Louise quitte la région. Ce serait dommage d'en connaître davantage. Il est important de se laisser porter par cette histoire tragique animée par des personnages attachants, voire fascinants. Des personnages prisonniers, comme les ouananiches, ces saumons arrêtés dans les eaux douces – en quelque sorte fil conducteur de ce récit – qui rêvent de briser les chaînes de leur atavisme familial.

Ce roman est d'une grande beauté, on y ressent l'attrait des grands espaces, la profondeur des drames familiaux, l'esprit de vengeance qui va ramener Louise sur ces terres quittées quelques années auparavant. J'ai eu l'impression d'admirer une fresque, d'écouter les voix chantantes de ceux qui racontent, se racontent. Ce sont trois voix qui à tour de rôle disent leurs problèmes, leurs sentiments, ressentiments. le ton est envoûtant, touchant, émouvant. J'ai eu l'impression, en lisant ce roman de mettre bout à bout des morceaux de l'histoire pour arriver à une fin magistrale. J'ai eu l'impression de passer par toutes les émotions : la peur, la joie, l'admiration, l'étonnement…

Je n'avais pas lu le premier roman de cet auteur, mais je le ferai à coup sûr, impressionnée par la qualité de celui-ci : un roman, un vrai !

Lien : https://memo-emoi.fr
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Fan des éditions @lesavrils, car toujours étonnée, j'ai postulé pour ce roman à la masse critique littérature Babelio. Bonne idée ! Quel savoureux récit à la fois dur, émouvant et drôle. Dans la petite ville de Val Grégoire - quelque part au Québec - trois enfants lient une amitié salvatrice....mais pour combien de temps ? Suffira-t-elle à déjouer la puissance paralysante de leurs origines ?
Terriblement intelligent.
Et des personnages secondaires incroyables, hauts en couleur et bien bizarres...et si réalistes à la fois...un régal.
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