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Critique de iris29


♫ Master and servant..♫

Elle cherchait un job étudiant, elle sera nounou dans une riche famille, prendra des notes, gardera le contact avec patrons et domesticité, suivra deux écoles pour apprendre à servir les riches et finira par en faire son sujet de thése de doctorat. Ce livre est une version diluée de ce travail de fourmi, réalisé sur des années et sur plusieurs continents...

C'est que les riches, voyagent, ont plusieurs maisons, et il leur faut du personnel pour gérer tout ce qu'ils n'ont pas la possibilté, le temps ou l'envie de gérer. Ils déléguent donc, à des majordomes, cuisiniers, bonnes à tout faire, nounous, chauffeurs, jardiniers...
Que font-ils de ce temps dégagé ?
Et bien : ils ne font rien ou travaillent beaucoup, beaucoup -
(Je pense à cette femme chef d'entreprise ,mariée à un tradder ,qui ,la semaine bosse au moins 10 h par jour et qui le dimanche,au lieu de s'occuper de ses enfants et voir son mari, s'occupe d'un comité pour un musée...).
Je pense à l'inverse, à cette femme au foyer russe mais vivant à Paris, qui demande à travers la porte à sa bonne, un jus de fruit, pas capable de presser une orange ! Orange, que tient à sa disposition, sa bonne ainsi qu'un citron, et un pamplemouse au cas, où sa patronne choisirait l'un plutôt que l'autre !
Les patrons déléguent pour mieux sociabiliser aussi , ils reçoivent ou sont reçus, afin d'étendre leur réseau et ainsi maintenir leur niveau de vie...
Ils sont tradders, chefs d'entreprise, hauts fonctionaires d'état, patrons du Cac40, aristocrates, héritiers...
Du côté des patrons, on a "l'impression " de bien traiter le "petit" personnel, mais qu'en est-il vraiment ?

Les domestiques sont souvent mieux payés que s'ils faisaient le même job pour une entreprise, mais tous ne comptent pas leurs heures, alors l'un dans l'autre, ils sont à majorité perdants...
Ah mais, ils sont logés, nourris, reçoivent des cadeaux, ou des primes !
Mais bien souvent ce n'est que la face visible.
Souvent le patron ne déclare qu'un mi-temps, ou ne déclare rien, préférant payer au black des étrangers sans papiers, qui de toute façon ont fui une vie bien plus misérable dans leurs pays et ont l'impression d'avoir gagné au loto... Un autre patron déclare frauduleusement son domestique comme employé dans un de ses magasins...
Certains employés n'ont aucune garantie de retraite , mais ont , par contre, la possibilité de perdre leur travail du jour au lendemain.Ils ont des journées qui n'en finissent pas (les 35h sont inconnues) . Ils habitent souvent près ou au domicile du patron, et ne décrochent jamais. Aussi pour certains, ce n'est pas avec quatre pauvres dimanches par mois, qu'ils vont avoir une vie de famille ou des amis... Beaucoup sont maltraités.
Certains ont l'impression de vivre la vie de leurs patrons, ont l'impression de faire partie de la famille ou d'être ami , la chute n'en sera que plus brutale.

Il arrive que certains patrons soient plus que correct.
Je pense à ce majordome payé 15 000€ par mois qui en échange, gére tout pour lui, et doit le suivre partout , mais qui a réussi à acquérir un véritable patrimoine immobilier, conseillé par son patron, qui n'a pas ménagé sa peine... C'est la seule "jolie histoire" de cet essai...

A la fin du livre , on est un peu écoeurés tout de même par le comportement des grandes fortunes dont certains sans vergogne , pratiquent l'esclavage "moderne"... Même pas peur des contrôles sur les conditions de travail ! Il n'y a pas assez de fonctionnaires et puis ils connaissent du beau monde ou ont les moyens de s'en sortir grace aux meilleurs avocats...
A la fin de cet essai, on se dit aussi, qu'entre les voyages d'affaires, les voyages plaisir, les barraques sur tous les continents, l'écologie, avec les grandes fortunes, a du mauvais sang à se faire...
Un livre très instructif et très agréable à lire.


PS: au début du livre, l'auteure parle de livres et films qui illustrent une révolte de la domesticité. Elle cite" La Cérémonie "de Claude Chabrol, en oubliant qu'au départ c'est tout de même un roman de Ruth Rendell " L'analphabéte", cela m'a chagrinnée, j'aime beaucoup Ruth Rendll...
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