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Critique de zenzibar


Ce livre, dédié à la « Naissance de l'art grec » appartient à la collection « L'univers des formes » initiée par André Malraux.

Les qualités de cet ouvrage sont multiples.

Il s'agit d'une nouvelle édition de 2007, un état des lieux relativement récent eu égard au faible nombre d'ouvrages en français sur la question, une vraie nouvelle édition avec une présentation d'Alexandre Farnoux, grand spécialiste, auteur notamment du « Cnossos L'archéologie d'un rêve », qui d'emblée séduit le lecteur dans un texte très riche.

D'un point de vue formel, c'est un alliage parfait entre le texte et l'iconographie.
Aucun « prérequis », diplôme d'histoire de l'art, ne sont nécessaires pour prendre connaissance du texte, d'une grande clarté mais aussi d'un haut niveau. Les illustrations sont nombreuses, en couleur, au bon format pour les apprécier. Cerise sur le gâteau, il a été intégré des annexes de qualité avec des cartes, un tableau chronologique toujours utile, des plans de quelques sites emblématiques.
Au niveau du contenu, le livre dresse un état des lieux de la production artistique dans le monde égéen de la fin du néolithique jusqu'à l'avant-veille de l'âge classique. En fait, sans surprise, le centre de gravité de l'ouvrage se situe pendant l'âge de bronze dans les univers minoen (Crète -2 700/-1 300) et mycénien (-1 500/-1 100).
Et ce n'est que justice, tout particulièrement s'agissant de la civilisation minoenne qui a brillé de mille feux, et dont l'éclat luit encore singulièrement même si toute la gloire est monopolisée par le patrimoine canonique de la Grèce continentale.

Mais contrairement à ce que laisse entendre le titre du livre, ce fameux art grec, aux lignes pures, parfaites, lisses, rectilignes ne doit rien ou sinon indirectement, à l'exubérance, au naturalisme joyeux de l'art, l'art de vivre, minoen.
Surtout, après l'effondrement de Mycènes, une période de régression et d'obscurité a jeté un voile épais sur la traçabilité de l'évolution du monde culturel et artistique égéen. Difficile d'établir des passerelles entre cet univers de l'âge de bronze et celui de l'Athènes flamboyante des VIème et Vème siècles.
En revanche, les connexions entre Mycènes et la Crête existent mais font toujours l'objet de débats entre spécialistes pour déterminer si la première est une « filiale » minoenne ou si son développement a été parallèle et autonome et qui l'a conduit à occuper progressivement une position dominante.

Le format de cette modeste contribution ne permet pas de zoomer, ne serait-ce que sur une sélection d'oeuvres mais je ferai néanmoins une mention spéciale pour ces sculptures statuettes des Cyclades en obsidienne et marbrées, censées être des « idoles », souvent des femmes debout, pieds joints et bras croisés sur le buste. Une sobriété étonnante qui contraste à l'extrême avec la mythologie grecque torturée qui va suivre ; ces oeuvres offrent une présence avant-gardiste et semblent presque issues de l'atelier de Picasso.

Ainsi que je l'indiquais précédemment, la bibliographie en français sur le monde égéen préhellénique classique est assez succincte Il y a les deux très beaux ouvrages de Friedrich Matz « La Crète et la Grèce primitive. Prolégomènes à l'histoire de l'art grec » et l'étude de Nikolaos Platon « La civilisation égéenne » en deux tomes. Ce livre complète merveilleusement ces deux contributions, plus anciennes et plus austères surtout pour l'étude de Platon
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