Citations sur Pour l'amour d'une Sasunnach (8)
Elle était seule avec l’eau, avec le feu, seule avec elle-même. Plus rien ne comptait. Plus rien n’existait. Seules les langoureuses sensations de l’eau chaude sur son ventre, dans le creux de son dos, autour de ses cuisses. Le froid mordant qui, par contraste, saisissait ses genoux, ses mollets, ses chevilles, lorsqu’elle sortait un pied de l’eau pour l’appuyer sur l’extrémité de la cuve et jouer avec les contrastes de température. Juste pour le plaisir de replonger ensuite sa jambe dans la chaleur de l’eau et d’en sentir les effets plus apaisants encore.
Ian lui-même était convaincu de la nécessité d’apaiser les tensions entre les deux royaumes – ou plutôt, de ne pas en créer de nouvelles. Non pas qu’il fût pressé de prendre femme – il avait déjà bien assez à faire avec la gestion, la défense et l’administration du domaine et de ses îles, l’activité de ses ports, le commerce du sel et du saumon, l’exploitation de ses forêts, les productions de bière et d’hydromel, les représailles contre les raids des clans voisins, les… bref. Et une maîtresse de temps en temps lui suffisait. Mais la refuser, c’était prendre le risque d’écorcher la susceptibilité du vieux monarque anglais, de discréditer la nouvelle dynastie écossaise à peine montée sur le trône pour succéder aux Bruce, de mettre en péril enfin l’indépendance d’Alba tout juste acquise en relançant maladroitement les hostilités, pour de vagues questions de ressentiment, de haines séculaires et d’orgueil personnel.
« Les hommes sont faibles face à la chair, Alannah. Je ne serai plus là pour te protéger. Tu devras veiller seule à ton honneur, au mien, à celui de ta famille. Ne me déçois pas. »
Ainsi, c’était bien lui. L’homme auquel son père l’avait donnée. Un rustre, à n’en pas douter, aux manières brutales. Comme tous les Ecossais, du reste. Sa voix était chaude et grave, son accent fruste et rustique, il roulait les « r ». Mais au moins parlait-il anglais. Il se disait à Newcastle que beaucoup d’Ecossais, même nobles, ne parlaient que le scot et le gaélique. Parfois même, dans les contrées les plus reculées des Highlands et des Iles, ne restait que le gaélique.
Ian la regarda se mouvoir gracieusement dans sa robe de velours vert clair cintrée à la taille qui laissait deviner les contours de sa silhouette....Le regard de Ian passa plusieurs fois de sa robe à ses yeux. Le même vert d'eau...Gênée par l'examen dont elle faisait l'objet, Alannah baissa les yeux et se détourna de lui pour caresser la tête de sa jument.
Et puis, sur un plan plus personnel, il fallait avouer qu’il n’était pas non plus pressé de se présenter comme un homme (enfin) marié. Sa fierté allait en pâtir. Il allait perdre toute cohérence au regard de ses innombrables refus passés. Et cette peur de voir sa liberté bridée par les liens du mariage lui déplaisait tout à fait, même s’il était hors de question qu’il laissât le moindre pouvoir de décision sur sa vie à une femme. Même l’expression « liens du mariage » était un mauvais présage. Liens. Il lui fallait vraiment repousser, autant qu’il le pourrait, la célébration de cette union. Pour autant, il était hors de question qu’il attende d’être officiellement l’époux de cette femme pour la faire sienne ! En tout état de cause, il n’aurait pas à attendre jusque-là. Il la voulait et il la conquerrait.
Ainsi, c’était bien lui. L’homme auquel son père l’avait donnée. Un rustre, à n’en pas douter, aux manières brutales. Comme tous les Ecossais, du reste. Sa voix était chaude et grave, son accent fruste et rustique, il roulait les « r ». Mais au moins parlait-il anglais. Il se disait à Newcastle que beaucoup d’Ecossais, même nobles, ne parlaient que le scot et le gaélique. Parfois même, dans les contrées les plus reculées des Highlands et des Iles, ne restait que le gaélique.
Mais… et lui dans tout ça ? Au fond, rien n’avait changé. Il aimait les femmes, et elles le lui rendaient bien. Mais il ne les épousait pas. Le mariage, ça n’était pas fait pour lui. D’ailleurs, à trente et un ans, il avait toujours réussi à y échapper ; de son vivant, aux propositions d’alliance de son père, tout d’abord ; puis aux demandes des toísechs et des mormaers les plus puissants aussi bien des Highlands que des Lowlands.