Éric Dérian nous propose les destins croisés de trois personnes dont le point commun est leur médecin.
Charlotte a une maladie potentiellement fatale. Elle supporte très mal l'annonce de cette nouvelle. En rentrant chez elle, elle détruit tout ce qui l'entoure en particulier ses productions graphiques et elle vire son petit ami de manière inéluctable. Elle va ensuite s'isoler, se renfermer sur elle même, se couper du monde et se dire que sa vie est foutue, sans issue. Elle ira jusqu'à risquer de se détruire.
Daniel est malade depuis 20 ans et suit un traitement lourd. Peu à peu il s'est coupé de tous ceux qui l'aimaient : sa femme, ses enfants, ses amis. Il s'est peu peu renfermé sur lui-même et a parfois (trop souvent ?) cherché l'oubli dans la boisson. Boisson et médicaments, le mélange n'est pas des plus intéressant et peut avoir des conséquences. Daniel tombe dans l'excès et l'homme qu'il devient après avoir bu est complètement différent de celui qu'il est au quotidien. C'est un peu Mister Hyde et Docteur Jekill et c'est dur pour les autres.
Catherine vit seule, elle a du mal à se remettre du décès de sa maman, elle vit dans ses souvenirs, dans le passé. Catherine est dépressive et prend de nombreux anti-dépresseurs. Elle a tout de la vieille fille : elle vit dans un cadre vieillot, s'habille à l'ancienne car elle prend peu soin de son apparence. Les collègues de bureau de Catherine sont odieuses avec elle mais aussi avec la jeune femme en alternance.
Éric Dérian et
Magalie Foutrier nous invitent à partager ses trois parcours, parcours parallèles qui finiront par se retrouver, à converger. Ils nous plongent dans les états d'âme des trois personnages, dans leur détresse mais aussi dans leur reconstruction.
L'originalité de leur approche est qu'ils s'intéressent aussi à l'entourage de Charlotte, Daniel et Catherine.Comment la maladie peut-elle influer sur la vie des malades mais aussi de leurs proches ? Comment les malades peuvent-ils surmonter un passage difficile ? Comment l'entourage peut les soutenir ? Mais aussi comment l'entourage peut comprendre et accepter les sautes d'humeur ?
La rédemption peut venir d'où on ne l'attendait pas et de personne dont on ne soupçonnait pas les ressources.
J'ai été ému par ces parcours, par ces tranches de vie. J'ai énormément apprécié le graphisme de
Magalie Foutrier, le trouvant parfaitement adapté à la situation. En particulier les toiles de Charlotte et son exposition. J'ai aimé la transformation des personnages, leur évolution physique en même temps que leur évolution psychologique et mentale. La mise en forme des cases, l'utilisation de l'espace sont des points forts de ce roman graphique
Les deux auteurs ont choisi un sujet difficile que l'on pourrait aussi cataloguer de casse figure. Comment éviter de tomber dans le pathos? Les deux auteurs ne cherchent pas à faire pleurer dans les chaumières, ils veulent donner à réfléchir.
C'est une lecture réconfortante pour les personnes en difficulté face à la maladie et ses conséquences. Elle peut redonner espoir en montrant qu'il existe des solutions.
Au fil de la lecture, je suis passé du concept "des jours qui restent" à celui de "Tout ce qu'il nous reste à vivre". de la fatalité à l'espoir.
Beau message d'espoir et d'optimisme.