Debout dans l'eau -
Zoé Derleyn
La nature est omniprésente. L'étang qui borde la maison de la ferme est l'élément central du roman. La narratrice est une petite fille de 12 ans qui décrit sa vie chez ses grands-parents qui l'ont élevée car abandonnée très tôt par sa mère.
Elle est en plein questionnement sur ses rapports à la nature et aux humains qui l'entourent : le jeune garçon qui vient aider au jardin, les infirmières qui soignent son grand-père en fin de vie, l'étang, le potager et les trois chiens du couple. Elle décrit ces moments de vie -et de mort- qui lient étroitement nature et hommes.
Le temps est comme suspendu. Suspendu aux derniers moments de vie de son grand-père. Elle en revient toujours à l'étang, s'y plonge comme pour mieux revivre.
"Depuis que mon grand-père prend ses repas dans son lit (...) Baron n'est plus le favori de personne (...). Depuis quelques jours, il tente de m'amadouer. Il bave sur mon jeans. Je tapote sa tête mais je ne lui donne rien. Ma grand-mère me regarde.
- Je vais aller me promener.
Parfois ma voix décide avant que j'aie eu le temps de réfléchir.
Baron relève la tête. Agite la queue. Il ne pense plus à ma tartine."
p40
"Mon grand-père a cessé de rétrécir. Hier soir, Inge a dit qu'il avait mangé avec beaucoup d'appétit. Je l'ai entendue parler avec ma grand-mère. J'ai essayé, une fois de plus, de faire barrage aux mots, mais ça ne les a pas empêchés d'entrer dans ma tête. C'est une chose très difficile d'arriver à ne pas entendre.
- Souvent, juste avant la fin, on dirait qu'ils guérissent, a dit Inge.
Je n'ai pas regardé le visage de ma grand-mère quand elle n'a pas répondu."
p79
"L'eau de la piscine pue, elle pique les yeux, elle a mauvais goût. C'est de l'eau morte. de l'eau tuée. (...) Toute la journée ma peau sent comme si quelque chose avait brûlé dessus, c'est l'odeur de l'eau tuée. (...) Je nage mieux dans l'étang qu'à la piscine. (...) Je peux m'installer dans la nage comme dans un fauteuil, je nage mais c'est comme si je restais immobile. (...)
p101
(en parlant de sa mère) "Je me souviens seulement qu'il m'arrivait d'avoir peur. Peur qu'elle ne change d'avis, qu'elle ne revienne et me force à repartir avec elle, qu'elle m'arrache à l'étang, à l'herbe et à la ferme, au vent. Je ne bougeais pas, je ne respirais plus, je restais exactement là où j'étais en imaginant que j'étais une statue, un objet, quelque chose que personne ne songerait à déplacer."
p118
"Même sous la pluie, la lumière ne quitte jamais les champs. Ni les chemins. Une lumière qui vient de l'herbe, des feuilles, de l'intérieur des plantes et des arbres. Mais l'étang lui absorbe la lumière."
p127
Une découverte certes mais je reste mitigée, comme "suspendue" moi aussi, sur ma faim...
Premier roman lu dans le cadre des 68 Premières fois.