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sur 77 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Debout dans l'eau jusqu'à la taille, je suis capable de rester immobile dans l'étang très longtemps. Mes pieds disparaissent peu à peu dans la vase. A travers le reflet de mon maillot rouge, j'aperçois mes jambes, tronquées aux chevilles. Je laisse les poissons s'approcher de moi jusqu'à ce qu'ils m'embrassent les mollets, les genoux, les cuisses. Je ne bouge pas, j'oscille légèrement, je respire au rythme de l'eau, je fais partie de l'étang. J'entends ma grand-mère qui m'appelle mais je ne réponds pas, ça gâcherait tout. »

Zoé Derleyn fait partie de ses auteurs qui savent raconter le monde à hauteur d'enfant, ici le monde d'une très jeune fille de onze ans qui grandit auprès de ses grands-parents, sa mère l'ayant abandonnée jeune. Elle grandit tout en poésie dans une campagne brabançonne enveloppante, peuplée d'anguilles, de poissons, de chiens, emplie de groseilles à maquereau, débordante de vergers et potagers. La nature est omniprésente, comme si c'est là qu'elle poussait, là qu'elle se construisait en toute liberté, là qu'elle s'enracinait.

« Je pense aux gouttes qui crèvent la surface de l'étang, qui font des petits trous et rebondissent et on ne sait plus si la pluie tombe du ciel ou si elle jaillit de l'étang, dans quel sens l'eau circule. »

L'écriture déploie mille textures et sensorialités sur une ligne mélodique très harmonieuse. Chaque chapitre coule comme un parcelle d'enfance. On est comme dans une bulle de fraicheur, porté par l'imaginaire très puissant de cette jeune fille à la frontière entre l'enfance et l'adolescence. Un regard d'enfant qui ne comprend pas tout mais qui sait dire ce qu'il voit de façon très concrète, dans le vent, sous la pluie, au soleil, avec sa grand-mère reine de la confiture. Mais des émois qu'elle a du mal à nommer et qui ressemble à la naissance du désir lorsque Dirk, le jardinier apparaît.

Pour autant, rien n'est simple pour la narratrice. Son grand-père, confiné dans sa chambre. Il va mourir durant cet été, c'est annoncé sans qu'elle ne sache quand cela aura lieu. C'est là que le roman gagne en profondeur en montrant comment se construit une vie et une filiation. Ce grand-père, il lui a fait longtemps peur, trop intimidant, trop autoritaire. Et voilà que c'est à ce moment qu'elle réalise le lien qui l'unit à lui, un lien presque créé à son insu. Cette relation en creux est décrite toute en sensibilité et pudeur.

Une délicate aventure intime que j'ai lue comme dans une bulle tant l'adéquation entre les mots et les mouvements de l'âme de cette jeune fille est juste.

Lu dans le cadre de la sélection 2022 des 68 Premières fois #9
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La jeunesse d'une gamine de 11 ans élevée par ses grands parents, belle propriété avec étang et chiens en Brabant flamand, un grand père autoritaire mais alité et mourant.
Le récit est prenant, raconté au présent par la narratrice.

Peu loquace avec son entourage (la grand-mère, l'infirmière Inge, la femme de ménage Magda dont le fils Dirk entretient le jardin) elle se fait des films, l'étang devient Placid Lake, une bâche se transforme en baleine, c'est l'Alaska de l'encyclopédie.

Intéressant premier roman de Zoé Derleyn!
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Cette histoire nous est contée du point de vue d'une gamine de onze ans ; elle se situe dans le Brabant flamand , en Belgique .
Elle a été plus ou moins abandonnée par sa mère chez ses grands-parents , dans une maison un peu à l'écart , près d'un étang . Cet étang , tout comme la nature environnante , la pluie , les trois chiens de la maisonnée , occupent une place importante dans la vie de l'enfant .
Nous sommes dans l'imaginaire d'une enfant , mais aussi dans un monde d'adultes pas très gai , on s'attend en permanence à la mort du grand-père , qui est tout le temps alité . La grand-mère prend soin de sa petite-fille , mais lui laisse également une grande liberté . Elle va régulièrement à la messe , avec son vieux livre de messe , mais ne cherche pas à entraîner sa protégée à l'église .
On est à un moment charnière de la vie de la gamine , à mi-chemin entre enfance et adolescence . L'autrice se glisse avec aisance dans les sentiments et les sensations de l'enfant , elle le fait avec brio . Les phrases sont courtes , incisives et précises . C'est un roman d'un peu plus de 100 pages , qui se lit avec plaisir , d'une seule traite .
Ce roman interroge sur l'enfance , le passage vers l'adolescence , mais aussi sur la filiation (elle est plus l'enfant de ses grands-parents que de sa mère) . le choix de la langue française est surprenant de la part de l'autrice , elle qui semble plutôt baigner dans la langue et la culture flamandes .
Merci aux "68 premières fois" , sans lesquelles je n'aurais probablement pas lu ce premier roman , à la fois sobre et délicat .
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La narratrice est une jeune fille de onze ans qui vit chez ses grands parents après y avoir été abandonné par sa mère dès son plus jeune âge. Elle nous fait découvrir son environnement, sa grand mère, son grand père mourant, les soignantes qui s'en occupent...

C'est un très joli texte que nous propose Zoé Derleyn.
L'auteure nous emmène dans son récit, aux côtés d'une petite fille de onze ans, pour nous interroger sur la façon de poursuivre les liens du sang dans une famille à travers plusieurs générations.
Un écrit sensible qui se lit très rapidement.
Merci aux fées des 68 premières fois pour cette sélection.
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Peut-être que l'enfance est une île après tout, une sorte de bastion cerné par des douves dans lesquelles coule une eau, noire peut-être, mais douce et accueillante, dépourvue de danger, nourricière s'il le faut et pédagogique à ses heures. Une eau où l'on apprend à se tenir debout, parce qu'elle vous porte malgré la vase qui pourrait faire glisser, parce que, aussi, à vos côtés, sur l'eau, dans l'eau ou depuis la berge, se dressent des figures dont le rôle semble, de toute éternité, de s'y dresser : un grand-père au caractère rugueux comme la paume de ses mains, une grand-mère à la vigilance muette mais attentionnée, des chiens aux mauvaises habitudes immuables et rassurantes.
Dans son très réussi premier roman, Debout dans l'eau, Zoé Derleyn, jeune auteure belge à la plume extrêmement prometteuse, nous convie à une éclosion, à ce moment charnière et décisif où sa jeune narratrice de 11 ans (et demi !) quitte les certitudes l'enfance pour sentir sous ses pieds le sol instable de l'adolescence. C'est l'été où tout bascule, l'été où le doute s'immisce, l'été où meurt son grand-père. C'est l'été, pourtant, où elle semble prendre conscience pleinement de qui elle est, de la lignée dans laquelle elle s'inscrit de par ses goûts, ses préférences et ses affinités, par sa mémoire et ses attachements, bien au-delà de « ses cheveux d'ailleurs et ses joues d'ici ».
J'ai beaucoup aimé me couler auprès de cette petite fille plus si petite que ça, entre les pattes de ces chiens au sourire dévoreur, à la placidité enjouée, m'asseoir à ses côtés, sur la couverture à franges de son grand-père, pour picorer des groseilles à maquereau qui me rappelaient le mien, ou sur un banc d'église, à l'ombre de la foi vacillante mais viscérale de sa grand-mère, rassurante comme un phare dans la nuit. J'ai aimé sentir, entre les lignes sans lourdeur de cette écriture tout en retenue et en sensualité, jaillir la lumière d'un été, les parfums pleins de fraîcheur de l'eau stagnante et sombre, le son des insectes alourdis de soleil, le goût acidulé des fruits partagés entre deux silences. J'ai aimé découvrir, grâce à la curiosité d'une poignée d'aventurier(e)s des mots nommé(e) s « les 68 Premières Fois », ce talent tout neuf qui, pas si loin de nous, offre à la langue française un si bel écrin.
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C'est l'été, dans la campagne flamande. A 11 ans, la narratrice de l'histoire vit chez ses grands-parents sans avoir revu sa mère depuis des années. le grand-père s'éteint tout doucement à l'étage, tandis qu'en bas, la grand-mère s'affaire dans la cuisine. La fillette vaque à ses occupations de vacances, tient compagnie à l'un, fait la cuisine avec l'autre, observe, raconte ses souvenirs et son quotidien. Les visites de l'infirmière, les travaux agricoles menés par un jeune homme, l'autorité du grand-père, les frasques des trois chiens, l'agonie des poissons à cause de la sécheresse, et un jour, une baleine surgie dans l'étang. le monde à hauteur des yeux d'une enfant, qui découvre aussi les premières affres d'un désir tout neuf et inconnu. Cet été-là, on joue encore les pieds dans la vase à se raconter des histoires, mais les yeux commencent à regarder plus loin que les rives de l'étang. Zoé Derleyn décrit joliment et très justement ce moment charnière où l'on s'apprête à quitter le monde de l'enfance pour basculer dans l'adolescence, où l'on goûte la saveur acidulée des groseilles à maquereau, où l'on part chercher le chien enfui, où l'on déteste le garçon qui travaille torse nu au soleil tout en attendant impatiemment qu'il revienne.

Roman lu dans le cadre des "68 premières fois".

Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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"Debout dans l'eau", les pieds dans la vase et la tête dans les nuages, la jeune narratrice avance entre enfance et adolescence. Son univers est fait de sensations , elle expérimente la douleur, le chaud-le froid, l'ombre-la lumière et découvre la nature qui l'entoure - l'étang, le jardin - en compagnie de 3 chiens, dont Baron, le plus vieux auquel elle est très attachée.
Elle habite maintenant chez ses grands-parents, sa mère n'étant jamais revenue la chercher : une grand-mère solide, silencieuse et aimante, et un grand-père alité, mourant, auprès duquel elle s'assoit tous les soirs. Elle comprend alors ce qui les rapproche.
De courts chapitres, dans un style sobre, poétique souvent abordent des thèmes essentiels : la transmission entre générations, la protection de la nature, la religion, la mort.
Un premier roman que j'ai lu avec beaucoup de plaisir.
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La gamine a tout juste onze ans, et depuis l'âge de trois ans elle vit chez ses grands parents dans le Brabant flamand. Depuis que sa mère l'a posée là, comme une valise encombrante que l'on oublie vite.

Dans la ferme au bord de l'étang elle aime passer des heures les pieds dans l'eau, à nager, découvrir, tenter toutes les bêtises, toutes les expériences. c'est une enfant solitaire qui découvre la nature, le jardin, les animaux, les chiens, la vie auprès de la grand-mère si avare de mots, et du grand-père parfois dur avec la petite.

Mais les journées s'écoulent beaucoup plus lentement depuis que le grand-père est revenu de l'hôpital. Là haut dans son lit, il attend la mort. Regarde parfois par la fenêtre l'étang, les chiens, le verger, la vie.

Et elle de son côté continue ses découvertes, regrette tout ce que le grand père n'a pas encore eu le temps de lui apprendre, se remémore les souvenirs heureux, les peurs, la baleine, la pêche, les chiens, remonte le fil d'une courte vie déjà bien remplie au bord de l'étang. Une enfance solitaire, au plus près de la nature quelle explore sans relâche et sans contraintes et qui l'aide à grandir, faisant l'expérience de la mort, de l'abandon, de la peur. Dans ce monde où elle se crée des monstres et des rêves, des angoisses et des peurs, elle apprend la vie dans ce jardin empli de groseilles, cet étang empli de baleines et d'anguilles.

L'écriture est sobre, délicate, il s'en dégage beaucoup de douceur et d'empathie pour cette enfant qui grandit, cette adolescente qui se dessine. Il y a une vraie tendresse à la fois triste et poétique dans ce premier roman à la fois court et puissant, qui nous prend et nous tient jusqu'au bout, jusqu'à cette mort qui pourrait aussi être une seconde naissance.
chronique en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/03/20/debout-dans-leau-zoe-derleyn/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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La narratrice (l'autrice ?) vit avec ses grands-parents dans le Brabant flamand Pour l'enfant, onze ans presque douze, l'univers c'est la maison, l'étang, la campagne à perte de vue, les chiens. C'est l'été, la liberté. Les grandes histoires qu'elle imagine et les petits riens du quotidien. le grand-père se meurt à l'étage, les émotions nouvelles qu'elle ressent au contact du jeune jardinier. Un roman constitué de courts chapitres, successions de moments dans la vie et dans les pensées de la petite.

Rares sont les auteurs qui parviennent à se mettre dans la peau d'un enfant. En général, le résultat est soit trop gnangnan, soit trop adulte pour être crédible. Mais Zoé Derleyn a trouvé le ton juste entre la naïveté de l'enfance et la maturité d'une enfant aux portes de l'adolescence. C'est un personnage de fillette assez attachant, un peu sauvageonne, avec une imagination débordante et en même temps profondément ancrée dans l'instant présent, les sensations, le rapport physique et émotionnel à la nature.

Ce roman m'a heureusement surprise parmi la sélection des 68 premières fois. En lisant le résumé, je n'étais pas vraiment tentée et finalement, j'ai beaucoup aimé cette lecture, immersive, sensitive et sensible.
Lien : https://tantquilyauradeslivr..
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C'est histoire racontée à la hauteur d'une petite fille, de onze ans. C'est la nature représentée tout en poésie. C'est une imagination débordante. Ce sont des relations familiales silencieuse.

Oh qu'est-ce que j'ai aimé ce livre ! C'est une lecture sur le fil de l'eau, calme, sans éléments rebondissants. C'est le quotidien de cette petite fille dont on ne connaît même pas le prénom. Et pourtant j'ai totalement accroché, j'avais sans cesse envie de me replonger dans l'histoire. J'ai été comme hypnotisée par chacun des mots du livre et me suis attachée à l'héroïne. Elle a onze et elle approche de ce passage entre l'enfance et l'adolescence.

Un roman plein d'innocence, de contemplation et de poésie. Qui plaira pour sûr aux amateurs de lectures qui n'ont pas peur d'un récit plus lent.
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