AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,54

sur 77 notes
« Debout dans l'eau jusqu'à la taille, je suis capable de rester immobile dans l'étang très longtemps. Mes pieds disparaissent peu à peu dans la vase. A travers le reflet de mon maillot rouge, j'aperçois mes jambes, tronquées aux chevilles. Je laisse les poissons s'approcher de moi jusqu'à ce qu'ils m'embrassent les mollets, les genoux, les cuisses. Je ne bouge pas, j'oscille légèrement, je respire au rythme de l'eau, je fais partie de l'étang. J'entends ma grand-mère qui m'appelle mais je ne réponds pas, ça gâcherait tout. »

Zoé Derleyn fait partie de ses auteurs qui savent raconter le monde à hauteur d'enfant, ici le monde d'une très jeune fille de onze ans qui grandit auprès de ses grands-parents, sa mère l'ayant abandonnée jeune. Elle grandit tout en poésie dans une campagne brabançonne enveloppante, peuplée d'anguilles, de poissons, de chiens, emplie de groseilles à maquereau, débordante de vergers et potagers. La nature est omniprésente, comme si c'est là qu'elle poussait, là qu'elle se construisait en toute liberté, là qu'elle s'enracinait.

« Je pense aux gouttes qui crèvent la surface de l'étang, qui font des petits trous et rebondissent et on ne sait plus si la pluie tombe du ciel ou si elle jaillit de l'étang, dans quel sens l'eau circule. »

L'écriture déploie mille textures et sensorialités sur une ligne mélodique très harmonieuse. Chaque chapitre coule comme un parcelle d'enfance. On est comme dans une bulle de fraicheur, porté par l'imaginaire très puissant de cette jeune fille à la frontière entre l'enfance et l'adolescence. Un regard d'enfant qui ne comprend pas tout mais qui sait dire ce qu'il voit de façon très concrète, dans le vent, sous la pluie, au soleil, avec sa grand-mère reine de la confiture. Mais des émois qu'elle a du mal à nommer et qui ressemble à la naissance du désir lorsque Dirk, le jardinier apparaît.

Pour autant, rien n'est simple pour la narratrice. Son grand-père, confiné dans sa chambre. Il va mourir durant cet été, c'est annoncé sans qu'elle ne sache quand cela aura lieu. C'est là que le roman gagne en profondeur en montrant comment se construit une vie et une filiation. Ce grand-père, il lui a fait longtemps peur, trop intimidant, trop autoritaire. Et voilà que c'est à ce moment qu'elle réalise le lien qui l'unit à lui, un lien presque créé à son insu. Cette relation en creux est décrite toute en sensibilité et pudeur.

Une délicate aventure intime que j'ai lue comme dans une bulle tant l'adéquation entre les mots et les mouvements de l'âme de cette jeune fille est juste.

Lu dans le cadre de la sélection 2022 des 68 Premières fois #9
Commenter  J’apprécie          1144
La jeunesse d'une gamine de 11 ans élevée par ses grands parents, belle propriété avec étang et chiens en Brabant flamand, un grand père autoritaire mais alité et mourant.
Le récit est prenant, raconté au présent par la narratrice.

Peu loquace avec son entourage (la grand-mère, l'infirmière Inge, la femme de ménage Magda dont le fils Dirk entretient le jardin) elle se fait des films, l'étang devient Placid Lake, une bâche se transforme en baleine, c'est l'Alaska de l'encyclopédie.

Intéressant premier roman de Zoé Derleyn!
Commenter  J’apprécie          341
Pour faire des ronds dans l'eau

Pour son premier roman Zoé Derleyn a choisi de raconter son séjour chez ses grands-parents lorsqu'elle était préadolescente. Avec poésie et humour, avec un brin de nostalgie.

Voilà un roman qui fonctionne comme un caillou jeté au milieu d'un étang. En suivant les ondes, on s'éloigne de plus en plus du coeur de l'histoire tout en découvrant de nouveaux cercles. le premier se résume en une phrase. Une fille de onze ans séjourne chez ses grands-parents. le second nous en apprend un peu davantage sur la géographie des lieux. Près du domaine, il y a un étang qui fascine la fillette, dans lequel elle se baigne, sent la vase et les poissons, imagine tout un monde, allant jusqu'à y voir surgir une baleine. Et autour de la maison, le grand jardin offre tout un monde de saveurs d'où émergent les groseilles à maquereau.
Le troisième cercle est celui du temps qui file au rythme de la météo et des activités. Entre la canicule qui va provoquer un carnage chez les poissons, la pluie qui n'empêche ni les chiens ni leur amie de se promener ou encore l'orage qui va frapper à l'heure des confitures, on va se laisser bercer par l'ambiance de cette campagne qui a quelque chose d'immuable.
Le quatrième cercle est celui de la sensualité. Au sortir de l'enfance, les bruits, les odeurs, les goûts et les couleurs accompagnent avec avidité cette existence.
Le cinquième cercle est constitué par l'entourage, à commencer par les grands-parents, qui sont une source inépuisable de savoir et de découvertes, des parties de pêche au jardin, du bricolage à la cuisine. Puis viennent toutes les personnes qui gravitent autour des grands-parents. le personnel de maison, l'infirmière et Dirk, le jeune homme dont la plastique ne laisse pas la jeune fille insensible.
Ajoutons-y un sixième cercle, celui des émotions qui puisent dans une large palette, par exemple face à la blessure ouverte suite à une chute, ou encore lorsqu'elle comprend que la mort rôde autour du grand-père.
Des ronds dans l'eau chargés de poésie et d'un brin de nostalgie, des ondes qui nous emportent au pays de l'enfance et de l'apprentissage de la vie.


Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          340
Cette histoire nous est contée par une enfant de onze ans qui vit dans le Brabant flamand, avec ses grands-parents. Sa mère l'y a laissé à l'âge de trois ans. La maison est située près d'un étang, le domaine de cette enfant. Elle adore y nager, rêvasser. Elle s'occupe également du jardin, un endroit idyllique et un moment privilégié avec son grand-père, avant sa maladie. Des liens très forts les unissent. D'ailleurs, elle passe une heure en sa compagnie le soir avant le repas. Elle lui parle et son grand-père regarde le jardin par la fenêtre.
La nature occupe une place importante dans la vie de cette petite fille. Au fur et à mesure de l'été, elle se rendra compte de la vie qui passe et elle sait que bientôt son grand-père ne sera plus de ce monde. Elle a beaucoup de maturité pour ses onze ans.
L'auteure a une plume alerte et descriptive, qui nous raconte les sensations de l'enfance. Ce n'est pas facile de grandir.
Une très belle relation enfant-grands-parents.
Commenter  J’apprécie          194
La narratrice a 11 ans et demi et nous raconte les liens qui se tissent avec la nature protectrice. Abandonnée par sa mère alors âgée de trois ans elle nous parle de son univers, de l'étang entourant la maison dans le Pajottenland, du jardin dans lequel elle aidait son grand-père aujourd'hui mourant.

Elle apprend à vivre avec elle-même, on immerge avec elle dans son intime, dans le récit de son enfance solitaire. L'étang est son refuge, elle y nage, y pêche, c'est la vie mais c'est aussi le reflet de ses peurs, de ses cauchemars, de la mort de son grand-père. C'est l'héritage, l'amour du jardin, des chiens qui l'accompagnent sous le vent, sous la pluie.

C'est un premier roman d'ambiance, du temps qui passe.

Les thèmes abordés sont l'abandon, la colère, l'angoisse face à la mort mais aussi un monde hanté d'imaginaire.

J'ai pris énormément de plaisir à la lecture. L'écriture est d'une grande finese, subtile, poétique et sobre.

Ma note : 8.5/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          100
Cette histoire nous est contée du point de vue d'une gamine de onze ans ; elle se situe dans le Brabant flamand , en Belgique .
Elle a été plus ou moins abandonnée par sa mère chez ses grands-parents , dans une maison un peu à l'écart , près d'un étang . Cet étang , tout comme la nature environnante , la pluie , les trois chiens de la maisonnée , occupent une place importante dans la vie de l'enfant .
Nous sommes dans l'imaginaire d'une enfant , mais aussi dans un monde d'adultes pas très gai , on s'attend en permanence à la mort du grand-père , qui est tout le temps alité . La grand-mère prend soin de sa petite-fille , mais lui laisse également une grande liberté . Elle va régulièrement à la messe , avec son vieux livre de messe , mais ne cherche pas à entraîner sa protégée à l'église .
On est à un moment charnière de la vie de la gamine , à mi-chemin entre enfance et adolescence . L'autrice se glisse avec aisance dans les sentiments et les sensations de l'enfant , elle le fait avec brio . Les phrases sont courtes , incisives et précises . C'est un roman d'un peu plus de 100 pages , qui se lit avec plaisir , d'une seule traite .
Ce roman interroge sur l'enfance , le passage vers l'adolescence , mais aussi sur la filiation (elle est plus l'enfant de ses grands-parents que de sa mère) . le choix de la langue française est surprenant de la part de l'autrice , elle qui semble plutôt baigner dans la langue et la culture flamandes .
Merci aux "68 premières fois" , sans lesquelles je n'aurais probablement pas lu ce premier roman , à la fois sobre et délicat .
Commenter  J’apprécie          90
La narratrice est une jeune fille de onze ans qui vit chez ses grands parents après y avoir été abandonné par sa mère dès son plus jeune âge. Elle nous fait découvrir son environnement, sa grand mère, son grand père mourant, les soignantes qui s'en occupent...

C'est un très joli texte que nous propose Zoé Derleyn.
L'auteure nous emmène dans son récit, aux côtés d'une petite fille de onze ans, pour nous interroger sur la façon de poursuivre les liens du sang dans une famille à travers plusieurs générations.
Un écrit sensible qui se lit très rapidement.
Merci aux fées des 68 premières fois pour cette sélection.
Commenter  J’apprécie          80
📖 L'histoire nous transporte dans la campagne flamande. Là où les jardins n'ont pas de limites, où l'horizon est infini, tout comme le terrain de jeu de notre héroïne.

Elle a onze ans et vit chez ses grands-parents. Elle se demande encore si sa mère va venir bientôt, même si celle-ci l'a laissée là depuis des années.

C'est l'été, la météo est mitigée mais n'empêche pas la petite d'aller dehors.
Dehors, c'est son territoire.
Elle passe beaucoup de temps au lac, à nager, rêvasser.
Elle se balade avec les chiens qui n'obéissent qu'à elle.
Elle s'occupe aussi du jardin. Des semis, des arbres en compagnie de Dirk.

Le soir, elle retrouve son grand-père. Elle nous présente les infirmières qui s'occupent de lui. Il est malade et va bientôt mourir.
C'est quoi mourir ? Peut-on perdre son grand-père quand on a onze ans ? Comment va être la vie sans lui ?
Est-ce que grand-mère continuera toute seule ? Est-ce qu'elle fera encore des confitures ?
La petite le voit bien. Il a beau avoir de grandes mains, il n'y a plus de force dedans.

𝗟𝗲 𝘁𝗲𝗺𝗽𝘀 𝗱'𝘂𝗻𝗲 𝘀𝗮𝗶𝘀𝗼𝗻, 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝗮𝗹𝗹𝗼𝗻𝘀 𝘀𝘂𝗶𝘃𝗿𝗲 𝗰𝗲𝘁𝘁𝗲 𝗽𝗲𝘁𝗶𝘁𝗲 𝗮̀ 𝗹'𝗲𝘀𝗽𝗿𝗶𝘁 𝘃𝗶𝗳.
Nous allons participer à ses jeux. A ses coups de coeur, à ses blessures.
Nous allons rentrer dans sa maison et comprendre la relation qu'elle a noué avec ses grands-parents.

La plume est belle, poétique. C'est lent et c'est volontaire.
Les chapitres sont courts. Des moments de vie, des souvenirs.
𝗖𝗲 𝗹𝗶𝘃𝗿𝗲 𝘁𝗿𝗲̀𝘀 𝗰𝗼𝘂𝗿𝘁 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝗲𝘅𝗽𝗼𝘀𝗲 𝗮̀ 𝗹'𝗶𝗻𝗻𝗼𝗰𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗱𝗲 𝗹'𝗲𝗻𝗳𝗮𝗻𝗰𝗲. Aux questions pas si stupides qui restent sans réponses. Aux situations qui sont parfois trop grandes pour une enfant.

Ce livre est doux.
Mais malheureusement, il ne se passe pas grand chose…
J'ai attendu un événement qui n'est jamais venu.

𝗔𝘂 𝗳𝗶𝗻𝗮𝗹, 𝗻'𝗲́𝘁𝗮𝗶𝘁-𝗰𝗲 𝗽𝗮𝘀 𝗹𝗲 𝗰𝗮𝘀 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝗮𝘂𝘀𝘀𝗶 𝗮̀ 𝗼𝗻𝘇𝗲 𝗮𝗻𝘀 ?
𝗩𝗶𝘃𝗿𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝗺𝗼𝗺𝗲𝗻𝘁𝘀 𝗶𝗻𝘁𝗲𝗻𝘀𝗲𝘀 𝗾𝘂𝗶 𝗻𝗲 𝗹'𝗲́𝘁𝗮𝗶𝗲𝗻𝘁 𝗾𝘂𝗲 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗻𝗼𝘀 𝘆𝗲𝘂𝘅 𝗱'𝗲𝗻𝗳𝗮𝗻𝘁 ?
Commenter  J’apprécie          70
Mais quelle perle ce roman ! J'ai du m'astreindre à n'en lire qu'un chapitre par jour pour que le plaisir demeure entier. Pendant toute la lecture, j'étais dans le corps de cette gamine. J'avais Baron, le chien, entre mes jambes, j'ai fait des tresses avec les franges de la couverture du grand-père, j'étais dans l'étang, dans la cuisine, les yeux rivés sur le dos de Dirk. Tout y était. Je ne sais pas si l'auteure a une fille de onze ans ou si ses souvenirs de cet âge sont à ce point intacts, mais j'y ai retrouvé ce basculement entre l'enfance et l'adolescence, où le jeu n'est plus vraiment drôle mais la réalité des adultes loin d'être attrayante. Et les allers-retours entre ces proches qui nous entourent et nous façonnent, et ce moi en formation : jamais synchrones mais toujours en symbiose, allez savoir comment. En revanche, j'ai fort peu senti l'absence de la mère, sauf à un moment peut-être où la fillette réalise que si sa mère ne vient pas pour le décès du grand-père, elle ne viendra plus. Et le dernier chapitre... bon sang (oui, si je raconte, c'est foutu pour vous !) Bref, à lire, mais à lire. Absolument (pour vous dire : j'ai reçu un bon d'achat dans une librairie et je compte l'acheter en deux ou trois exemplaires pour l'offrir à la moindre occasion. Ce roman court est comme un tableau dans lequel on découvrirait chaque jour un détail, une nouvelle scène, une eau où le soleil s'effondre.
Commenter  J’apprécie          71
"Debout, de l'eau jusqu'à la taille, je suis capable de rester immobile dans l'eau très longtemps."

La narratrice, une fillette de onze ans, a été laissée là, chez ses grands-parents depuis ses trois ans,  comme on abandonne un chien. Les chiens,  du reste, sont ses compagnons de jeux durant cet été où le temps s'étire, où le grand père qui ne quitte plus sa chambre va mourir sans qu'elle sache quand. La grand-mère taiseuse et avare de tendresse lui laisse une grande liberté.

Elle est un peu sauvage la gamine, pleine d'imagination, et de rêves d'ailleurs, d'Amérique, d'Alaska... La solitude ne l'effraie pas, elle s'invente des jeux et observe depuis sa fenêtre, avec une excitation sur laquelle elle ne sait encore mettre de mots, le jeune homme embauché pour le jardin.

Elle réalise, alors qu'il n'est plus à ses côtés dans le jardin immense, près de l'étang, qu' elle a un lien fort avec ce grand-père autoritaire,  qui lui a toujours fait peur...

Un premier roman sensible et doux, sur l'enfance, sur la filiation que l'on se construit, au rythme lent accordé à ces journées d'été interminables écrasées de chaleur où, enfant on espère quelque chose sans savoir quoi vraiment. Grandir sûrement...

Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (121) Voir plus



Quiz Voir plus

Français ou Belge ?

Georges Simenon

Francais
Belge

10 questions
430 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature française , littérature belgeCréer un quiz sur ce livre

{* *}