AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de motspourmots


"Dans la vie, tu dois te taper chaque seconde. Il n'y a pas d'ellipse qui t'amène deux heures, une semaine ou cinq ans plus tard."

Et à la lecture de ce roman, je la remercie, la vie de me donner à savourer chaque seconde de ce texte dont je ne voudrais pour rien au monde sauter la moindre saveur. Je lis Agnès Desarthe depuis très longtemps et je ne m'attendais pas à ça. Je l'aime pour son univers, sa fantaisie, son élégance à s'emparer de sujets importants, parfois graves en parvenant à les traiter avec une légèreté intense ou une intensité légère mais toujours d'une plume précise. Je l'aime pour son intérêt aux autres, son envie de raconter de vraies histoires, son intelligence raffinée. C'est peut-être grâce à toutes ces qualités qu'elle parvient à me transmettre avec ce roman, que l'on sent pourtant très proche d'elle, des sensations et des émotions qui touchent à l'universel et me touchent moi au plus profond.

Ce texte magnifique est empreint d'une mélancolie à la profondeur inédite qui laisse peu de place au sourire d'habitude tellement bienvenu chez les lecteurs d'Agnès Desarthe. Il nous parle du temps ou plutôt non, il incarne le temps. Ce texte a la même dimension magique que les fameuses robes demandées à sa marraine par la future Peau d'âne, couleur de lune, couleur de soleil et couleur de temps. On n'imagine pas représenter la couleur du temps, et pourtant, c'est ce que parvient à faire Agnès Desarthe à travers le fil invisible qui relie la narratrice à son éternel fiancé depuis cette scène inaugurale où le petit Etienne, à 4 ans, lui déclare son amour dans la salle des mariages de la mairie. Leurs vies parallèles se croiseront à quelques reprises, autant de repères pour mesurer ce qui passe, s'échappe, tous ces carrefours porteurs de choix, ces instants qui filent et disparaissent, impossibles à rattraper même en se retournant. Les scènes s'égrènent, au rythme des notes d'une bande-son musicale dont la présence s'incarne autant que celle des personnages, et l'émotion gagne face à cette lutte acharnée contre l'oubli.

La beauté de ce livre... L'écho qu'il a trouvé en moi, peut-être parce que l'auteure et moi sommes nées la même année, et que ce texte traduit un état d'esprit, des sensations qui me sont familières à ce stade de mon parcours sur Terre. Aussi parce que nombre des références culturelles parsemées au fil des pages me sont si familières. Il n'y a cependant rien de cartésien dans la forme qui pourra en déstabiliser certains, mais les autres, ceux qui percevront toute la finesse et l'intelligence de ce chaos organisé vivront une expérience qui dépasse celle de la simple relation avec un texte. Une sorte d'osmose spatio-temporelle, née de l'inventivité d'une romancière passionnée par les mots et l'imaginaire qu'ils véhiculent. du grand art, tout simplement.

"Le courage, me dis-je, le courage qu'il faut à chacun pour accomplir cette expérience brève et dénuée de signification, sans la possibilité de reprendre pour corriger, de faire mieux ou autrement. le courage pour supporter qu'il ne reste rien. On ne va nulle part et on y va très vite."
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          442



Ont apprécié cette critique (35)voir plus




{* *}