Stephen Desberg raconte un épisode familial: l'abandon par sa mère de son marie et de la demi-soeur de
Desberg au terme de la seconde guerre mondiale.
Paris, 1941. Entre collaboration et résistance, la population est prise en otage. Monique débarque de la province, elle rencontre Francis. Elle pense s'éprendre mais elle se rend vite compte qu'elle s'est méprise. Mais elle est enceinte. Jamais elle ne développera cet "instinct maternel" qu'on lui a si souvent conté. Elle renonce donc à ses droits maternels. Francis part au Canada avec Nicole, leur fille. Monique reste avec un soldat américain et ils s'installent à Bruxelles.
L'histoire est d'une somptueuse banalité. Mais
Desberg arrive à lui donner du cachet grâce à quelques anecdotes comme la tonte de femmes ayant couché avec les nazis, la déportation d'un pianiste juif américain (et noir), etc. Une bonne partie (à vue de nez, 50%) du tome est racontée à la première personne (Monique) sous la forme d'un dialogue fictif, fait de réflexion personnelles. Mais les états d'âme et les paroles de contrition de Monique ne m'ont pas ému ni même frôlé un tant soit peu. J'y ai vu pas mal de lieux communs.
Le projet de
Desberg a longuement mûri. On ne se lance pas dans une telle aventure sur un coup de tête. Et j'ai trouvé le résultat un peu trop "cérébral", manquant de "viscéral", c'est trop réfléchi, trop construit. le projet tenait clairement fort à coeur à
Desberg. Et parfois, ce manque de distance entre un auteur et son récit est une faiblesse. Je pense qu'il y avait matière à davantage de pages. Il y avait de quoi développer, quitte à s'extraire du passé de Monique et Nicole.
Par contre, la collaboration avec
Emilio van der Zuiden fonctionne pleinement. le dessin est un hommage très réussi à la ligne claire qui fit l'âge d'or de la BD franco-belge. Et on sent en permanence le souci du détail, les décors, les objets du quotidien, les publicités murales...
Néanmoins, un grand merci à Babelio pour m'avoir contacté dans le cadre d'une Masse critique dédiée.