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Critique de isanne


Un texte à l'image d'une pelote de fils emmêlés, entrecroisés, tressés les uns aux autres comme images en miroir des souvenirs égrenés, des fulgurances de l'enfance qui s'échappent de l'esprit que l'on sonde.


Des fils légers et doux comme des plumes ou pesants et rêches des moments passés, des fils précieux comme la langue qui les évente, comme les mots qui les ébruitent...

Tantôt des fils tout en lumière, colorés, irisés, moirés pour essayer d'écrire une ébauche de la définition du mot bonheur, celui de l'instant, celui des petites choses, de celles qu'on oublie et qui sont souvent les plus précieuses. Tantôt des fils ternes sans tons vifs, à l'extrémité de la gamme des couleurs, des fils comme l'ombre des oiseaux noirs des ciels d'hiver, de ceux qui ne sont cohorte que de tristesse et de peine, de culpabilité et de remords...
Il y a ceux dont les reflets chatoyants font briller les yeux, dessinent l'ébauche d'un sourire, et il y a les autres qui dialoguent avec les larmes, les dessinent et les font perler… On ne peut les retenir même si la bienséance l'exige, même s'il ne faut rien montrer de cette part de faiblesse que le chagrin tisse dans l'âme.

D'ailleurs, il ne faut rien avouer, ni dénuder de ce que l'on pense, ressent, désirerait... Il faut se tenir là, en marge, à l'extrême limite du cadre, juste à la lisière de l'insondable intimité qu'on dévoile si peu…
Juste consenti était le droit d'observer, de regarder intensément, mais en aucun cas celui d'exister, simplement de laisser entendre un souffle, de prendre présence dans le moment.


Ce livre, c'est tout cela, le visage qui se tourne sur l'avant, l'autrefois, pour un dernier regard, une dernière caresse des moments. Un cheminement, à l'image d'une déambulation sous une arcade végétale, sous les entrelacs des branches qui retiennent ou dévient la lumière, une part d'ombre, des moments soudains de brillance, des étincelles de lumière parce que tout est ainsi, tantôt lumineux, tantôt ténèbres, tout se côtoie, tantôt merveille du moment, tantôt désespérance de ce qu'on ne peut réécrire. L'évocation de pérégrinations le long du fleuve inlassablement contemplé et les fils évoqués et imaginés ne seraient peut-être que le reflet des cascades des eaux, des tourbillons autour des pierres et des berges, de l'évanescence devinée des herbes accrochées au lit de ce dernier, une illusion de l'imaginaire qui caracole.

Tout est suggéré, esquissé, les mots se font traits effilés, rien n'est appuyé, on ne touche pas le sol, on glisse d'un passé vers l'autre, d'un visage vers un lieu, d'une émotion vers un regret, parfois une amertume, et tout s'inscrit au fond de l'être, en écrit l'avenir et le devenir, en sculpte la vie qui éclot, qui grandit de ces années, cela n'était pas si palpable à ce moment mais reste indéniable dans cette tardive évocation, la dernière, la plus vraie, la moins travestie, la plus sincère et la plus bouleversante.


Une écrivaine à lire pour se nourrir d'une langue autant poétique que raffinée, toujours éloquente et imagée. Une lecture dont on s'éloigne devenu autre...
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