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Critique de 5Arabella


Je découvre tardivement Michèle Desbordes, puisqu'elle est décédée depuis bientôt vingt ans. C'est le deuxième de ses romans que je lis, et je suis vraiment conquise, encore plus que pas La demande, avec lequel je l'ai découvert, voilà quelques mois.

C'est un livre très personnel, puisqu'il évoque les souvenirs que semblent être les siens, de ses jeunes années, de ses proches, et nous le comprendrons progressivement, surtout les souvenirs, et encore plus le manque de son père, disparu soudainement et laissant une sorte de béance. Mais la construction du livre, tout en volutes et détours, nous fait voyager, dans le temps et dans l'espace, dans les premiers souvenirs, tellement lointains, que la possibilités qu'ils aient été récrées, réarrangés, voire fantasmés, ne quitte pas le lecteur, ni l'auteure d'ailleurs, qui est sans illusion sur les infidélités de la mémoire. Mais peut importe au final : les souvenirs écrans peuvent être aussi vrais que la réalité tangible, ils participent à la construction de la personnalité.

Nous voyons donc par les yeux d'une enfant, puis adolescente, les événements, les êtres proches, ce qui a eu lieu, ce qui aurait pu ou dû avoir lieu. Ce qu'elle a appréhendé sur le moment, et surtout reconstruit ensuite, de la vie de ses grands-parents, et parents. Tout cela arrive dans une sorte de désordre, ce n'est pas un récit linéaire, à aucun moment il n'y a d'arbre généalogique, de documents d'état civil. Il s'agit de se souvenir, avec les méandres, les fuites de la mémoire, sa manière de passer d'un moment à un autre. Sans oublier les ressassements, les retours des souvenirs importants. Bien qu'à la fin du livre, on réalise à quel point tout cela est construit et pensé, nous suivons le récit comme il vient, les moments les uns après les autres, avec parfois une difficulté à se repérer dans le temps, dans la nature du morceau qui nous est livré. Avant de saisir dans un éblouissement le sens, la raison d'être profonde et essentielle.

Le tout dans un style merveilleux, poétique, une véritable musique, qui enchante de bout en bout.

Une petite merveille, en dehors du temps, essentielle.
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