Citations sur Poésies (89)
SANS L’OUBLIER
Sans l’oublier, on peut fuir ce qu’on aime,
On peut bannir son nom de ses discours,
Et, de l’absence implorant le secours ,
Se dérober à ce maître suprême ,
Sans l’oublier !
Sans l’oublier , j’ai vu l’eau , dans sa course,
Porter au loin la vie à d’autres fleurs ;
Fuyant alors le gazon sans couleurs ,
J’imitai l’eau fuyant loin de la source ,
Sans l’oublier !
Sans oublier une voix triste et tendre ,
Oh! que de jours j’ai vu naître et finir !
Je la redoute encor dans l’avenir :
C’est une voix que l’on cesse d’entendre ,
Sans l’oublier ! » …
INES
Je ne dis rien de toi, toi, la plus enfermée,
Toi, la plus douloureuse, et non la moins aimée !
Toi, rentrée en mon sein ! je ne dis rien de toi
Qui souffres, qui te plains, et qui meurs avec moi !
Le sais-tu maintenant, ô jalouse adorée,
Ce que je te vouais de tendresse ignorée ?
Connais-tu maintenant, me l'ayant emporté,
Mon coeur qui bat si triste et pleure à ton côté ?
1850
Les Roses de Saadi
J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les nœuds trop serrés n'ont pu les contenir.
Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées,
Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;
La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...
Respires-en sur moi l'odorant souvenir.
Tu n'auras pas semé ta couronne étoilée
Sur le miroir tari du ruisseau de tes jours.
Toute pleine de jours, toi, tu t'en es allée
Et ton frais souvenir en scintille toujours.
Dans l'été (extrait)
Partout les nids et les ailes
Tremblent doucement,
Dénonçant des tourterelles
L'entretien charmant;
L'été brûle avec mystère
Dans les lits en fleurs
Des seuls amants de la terre
Sans blâme et sans pleurs.
SOUVENIR
Quand il pâlit un soir, et que sa voix tremblante
S'éteignit tout à coup dans un mot commencé ;
Quand ses yeux soulevant leur paupière brûlante,
Me blessèrent d'un mal dont je le crus blessé ;
Quand ses traits plus touchants, éclairés d'une flamme
Qui ne s'éteint jamais,
S'imprimèrent vivants dans le fond de mon âme ;
Il n'aimait pas, j'aimais !
LE NID SOLITAIRE
Va, mon âme, au-dessus de la foule qui passe,
Ainsi qu'un libre oiseau te baigner dans l'espace.
Va voir ! et ne reviens qu'après avoir touché
Le rêve...mon beau rêve à la terre cachée.
Moi, je veux du silence, il y va de ma vie ;
Et je m'enferme où rien, plus rien ne m'a suivie ;
Et de son nid étroit d'où nul sanglot ne sort,
J'entends courir le siècle à côté de mon sort.
Le siècle qui s'enfuit grondant devant nos portes,
Entraînant dans son cours, comme des algues mortes,
Les noms ensanglantés, les voeux, les vains serments,
Les bouquets purs, noués de noms doux et charmants.
Va, mon âme, au-dessus de la foule qui passe,
Ainsi qu'un libre oiseau te baigner dans l'espace.
Va voir ! et ne reviens qu'après avoir touché
Le rêve...mon beau rêve à la terre caché !
Oh ! quand il nous surprend, qu'il est beau, le plaisir !
Vers extrait du poème LA NUIT D'HIVER
Il y a le monde des pensées et le monde des sentiments. Je ne sais pas qui a la pensée, et si quelqu’un l’a dans ce siècle, mais à coup sûr, vous avez l’autre. Vous y êtes reine
Lettre de V. HUGO à M. DESBORDES-VALMORE, 2 août 1833
Extrait du dossier
Extrait ---Ma chambre
Ma demeure est haute,
Donnant sur les cieux;
La lune en est l’hôte,
Pâle et sérieux :
En bas que l’on sonne,
Qu’importe aujourd’hui
Ce n’est plus personne,
Quand ce n’est plus lui! (...)