AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Rodin_Marcel


Desjours Ingrid - "Echo", Plon-Pockett, 2009 (ISBN 978-2259208888)

Autant le préciser d'emblée, en tant que thriller ou roman policier, il s'agit d'un véritable navet : l'intrigue est inconsistante, les personnages manquent autant de crédibilité que de profondeur, l'écriture est poussive, l'enquête carrément invraisemblable, l'enchaînement des clichés du genre fait souvent bailler. Bref, ce livre n'est pas à recommander à de véritables amateurs de littérature policière. Par contre, il constitue un véritable documentaire sur au moins deux points.

Premièrement, c'est un véritable catalogue de la psychologie de bazar à cent sous qui, actuellement, sévit dans toutes les revues grand public d'une certaine caste sociale genre bo-bo-germanopratine comme «Elle», «Cosmopolitan» et autres revues du même acabit : la quatrième de couverture comporte d'ailleurs la mention "Passionnant!" attribuée par "Femmes d'aujourd'hui".
Pour faire bonne mesure, le lecteur se voit même infliger une leçon détaillant le mythe de Narcisse (pp. 303-306), ça fait toujours demoiselle cultivée, surtout en l'accompagnant d'une rapide allusion pédante à l'une des symphonies de Beethoven ! C'est bien sûr uniquement par le biais de ce bric-à-brac psychologique des profondeurs que la brillantissime profileuse va démasquer la coupable. Des pages et des pages d'exposé poussif de ces pitoyables croyances psychologico-psychanalytico-psychiatriques qui hantent les esprits d'aujourd'hui, surtout dans cette catégorie sociale spécifique, et qui – si l'on en croit le curriculum vitae de la dame – sont même enseignées au niveau universitaire, ce qui n'est pas pour nous étonner outre-mesure.

Deuxièmement, c'est un témoignage saisissant des insondables sottises massivement diffusées aujourd'hui sur les rapports "amoureux" (encore est-ce là un bien grand mot, il s'agit plutôt de sexualité kleenex) auprès du large public par le biais des canaux médiatiques (télévision, journaux, revues, romans de gare comme celui-ci, etc) les plus écoutés par la population.
Rien n'y manque ! Au point que le personnage principal de la «profileuse» en devient une véritable caricature de ce modèle de «femme libérée» dont les jeunes esprits sont aujourd'hui copieusement gavés. Pour l'auteur de ce texte, son héroïne est en même temps son modèle : rien que son entrée en scène "spectaculaire" et "autoritaire" (p. 23) en dit long sur la mentalité qu'il faut pour écrire un tel récit. le cas s'aggrave par la narration de la goujaterie avec laquelle la dame congédie ses amants d'une nuit (p. 24 – qu'elle soit masculine ou féminine, la goujaterie reste de la goujaterie, non ?). On ne s'étonnera plus de la totale incapacité de ces jeunes femmes à construire une relation dans la durée, et on comprendra parfaitement leur horreur et leur révulsion rien qu'à l'idée de «fonder une famille», une expression qui leur paraît le comble de l'ignominie… L'auteur atteint sur ce point des sommets de ridicule.

Pour compléter cet abyme de vulgarité, il suffit de lire les quelques pages lamentables consacrées à la visite au «village natal» (chapitre 23, pp. 236-238) : les villageois sont bien évidemment dépeints comme des arriérés. le racisme et l'infamie atteignent ici à l'insupportable.

Bref, ce roman est un témoignage quasi archétypal de la mentalité de certaines de nos si charmantes contemporaines "parisiano-parisiennes" (le plus souvent : de fraîche date).
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}