AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Poljack


Mon avis :
Si vous cherchez du polar pur et dur, vous pourriez être légèrement déçu. Il y a bien meurtre, dès les premières pages, et de ce meurtre découle bien une enquête… mais le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle n'est pas traitée de manière conventionnelle. D'ailleurs, le véritable sujet de ce roman choral n'est pas tant la mort de l'un des personnages, que le devenir de notre planète. Et si ce livre est sorti il y a déjà quinze ans, on constatera à quel point il est encore d'actualité, au moment où monsieur Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, révèle le peu d'effet de tous nos « plans climat » et autres « bonnes volontés écologiques » face au monde de la finance et au modèle économique qui prédomine dans le monde.
Bien sûr, avec le capitaine Félix Dutrey, on démêle lentement l'écheveau de cette histoire dont le fil se perd dans un passé plus ou moins proche, mais ce sont surtout les voix des amis de la victime, Jéromine Gartner, qui vont nous conduire au coeur de cette histoire où passions et engagements, amitiés et petits mensonges façonnent les vies et les relations. Derrière cette camaraderie forgée autour d'une volonté commune de lutter pour sauvegarder la biodiversité, il y a des êtres qui sont peut-être finalement terriblement seuls…
Pascal Dessaint n'a pas écrit un roman sur un sujet dont on parle, il nous parle d'un sujet qui lui tient à coeur. Et ça fait toute la différence. La sincérité sublime ces lignes et transparaît à chaque instant. On se retrouve soudain assis autour d'un feu de bois, sous un ciel d'été, à partager nos doutes et nos espoirs avec les membres de cette tribu que formaient les amis de Jéromine. On les découvre, avec leurs forces et leurs faiblesses, on les aime ou on les déteste à cause de ça, mais quoi qu'il en soit, maintenant on les connaît, maintenant ils font partie de la famille et on ne peut plus être indifférent. C'est là la grande force de l'auteur : nous faire presque oublier qu'il s'agit d'un polar, pour mieux nous parler des catastrophes qui se préparent, et de l'impuissance de ceux qui lancent des signaux d'alerte que le monde refuse d'entendre. Et il le fait avec subtilité, sans jouer les émeutiers ni les donneurs de leçons. Même si le fil rouge de l'enquête policière est parfois caché par la trame, il est solide et c'est bien lui qui tire le récit vers son dénouement.
Traversé d'une lumineuse noirceur, ce récit à quatre voix met en perspective les faiblesses individuelles et celles de notre société. La mort de Jéromine, c'est son baisser de rideau, et pour comprendre ce qui a amené ce dernier acte, il faut connaître les précédents, avec tous les protagonistes. Car au fond, quelles qu'en soient les circonstances, une mort révèle toujours une vie, par le biais des souvenirs qui, comme les gaz libérés de la vase, remontent percer la surface. Et parfois, ça éclabousse !
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}