AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Musa_aka_Cthulie


D'Isabelle Dethan, auteure et dessinatrice BD, je connaissais déjà quelques facettes. La BD policière et historique dans l'Antiquité égyptienne avec Sur les Terres d'Horus, le récit d'enfance intimiste avec le one-shot Eva aux mains bleues, et autre-chose-qui-ne-se-classifie-pas-si-facilement avec Mémoire de sable, sa toute première BD et série. Les scénarios de Eva aux mains bleues et de Sur les Terres d'Horus m'avaient laissée sur ma faim - je crois que je n'ai d'ailleurs jamais terminé Sur les Terres d'Horus, mais juste feuilleté les deux derniers tomes. Ce qui ne m'empêchait pas d'avoir envie depuis un moment de lire sa série le Roi Cyclope, pensant flairer une autre facette de Dethan, et, pourquoi pas, quelque chose de plus abouti.


J'ai lu le Roi Cyclope en trois tomes, et non l'intégrale, en trois jours. Je ne vais pas vous infliger la critique tome par tome, car je ne ferais que me répéter. Eh ben voilà, c'est pas de pot. Je n'ai pas été plus convaincue par le Roi Cyclope que par les autres albums de Dethan, et même moins, en fait. Ah la la ! J'y retrouve le même défaut qu'ailleurs, à savoir un scénario assez basique. À bien y songer, les quatre premiers tomes de Sur les Terres d'Horus sont bien plus passionnants, même si les intrigues policières virent au conventionnel dans leur seconde partie.


Ici, on est plongé dans un monde médiéval sur fond d'histoire héritée des contes de fées et de Victor Hugo. Un vieux roi qui ne veut pas lâcher le pouvoir et préfère faire assassiner ses sept fils plutôt que leur laisser le trône, assisté (ou plutôt manipulé) par un étrange personnage, le Marquis, rappelant par son apparence davantage l'archidiacre Frollo qu'un quelconque aristocrate de notre Moyen-âge. le dernier fils échappe à la mort de peu, mais pour combien de temps ? Car si le prince, par hasard, ne mourrait pas de ses blessures (et il faut avouer que le hasard fait bien les choses !), il a sur les talons le terrible Marquis, expert en sciences occultes.


Pas grand-chose à ajouter côté scénario, qui répond à un schéma sans surprises : un méchant très méchant poursuivant un gentil très combatif, le méchant dévastant des royaumes jusqu'à ce qu'on vienne lui botter les fesses. Y ajouter un jardin enchanté, une dose d'amour, des créatures étranges (dont la plupart vont vite disparaître et c'est dommage), un personnage vaguement inspiré de l'Esmeralda de Hugo (en plus sympathique) et de l'occultisme n'y change pas grand-chose. D'ailleurs, le recours à l'occultisme n'est pas bien folichon. Or, l'occultisme, ça devrait toujours être folichon, c'est un minimum requis. Et les personnages, y compris le prince et le Marquis, ne m'ont pas semblé très travaillés. Tant pis.


Côté graphisme, si on a déjà lu Sur les Terres d'Horus, on a pas mal d'attentes : les dessins et les couleurs, c'est le grand point fortde la série, surtout dans les quatre premiers tomes. Mais le Roi Cyclope est antérieur aux Terres d'Horus, et Isabelle Dethan tâtonnait encore un peu. D'où une trilogie pas toujours très cohérente graphiquement, même si le découpage et la mise en pages sont classiques et correctes - je note cependant que cyan reproche un manque de dynamisme au découpage, et elle n'a pas tort, en y regardant de plus près. Ce sont les dessins eux-mêmes, et, pire, la colorisation, qui se révèlent d'une qualité assez irrégulière. Les personnages sont parfois soignés, parfois un peu bâclés (les fantômes sont moches moches moches) et les décors manquent parfois cruellement de détails. Je pense en particulier au jardin enchanté, d'une curieuse pauvreté : un fruit, une fleur, et c'est à peu près tout. On est loin des contes des Mille et Une Nuits ou du jardin de la Faute de l'Abbé Mouret ! (Bien que je déteste ce roman de Zola et que je souhaite ardemment ne jamais avoir à le relire de toute ma vie, on ne peut pas dire que ça manque de descriptions jardinesques, bien au contraire ; entre Dethan et Zola, il y aurait peut-être un juste milieu à trouver. Passons.) Et la colorisation ! Autant on trouvera de très belles cases, voire de jolies planches dans les tons sombres, où Dethan met pour notre plus grand plaisir sa maîtrise de l'aquarelle à profit, avec un usage des ombres tout expressionniste, autant le reste manque de saveur.


Je ne pense pas que ce soit une mauvaise trilogie, mais juste une trilogie pas très passionnante. Je reste persuadée qu'avec un scénario plus étoffé, où Dethan se serait un peu lâchée, ce qui me déçoit dans le graphisme serait mieux passé. Or j'ai l'impression qu'Isabelle Dethan ne se lâchera vraiment jamais. Je relirais bien Mémoire de sable par curiosité, mais j'ai peur d'être déçue à la relecture. Et puis de toute façon la bibliothèque municipale s'est débarrassée des albums. Ah, ces désherbages intempestifs ! du coup, je pense laisser tomber définitivement Isabelle Dethan, dont j'attendais pourtant beaucoup quand je l'ai découverte.
Commenter  J’apprécie          390



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}