J'écoutais "The Wall", et je fixais le mur devant moi.
Cloisons, portes-fenêtres avec les stores baissés, cloisons avec tableaux.
Puis, une explosion.
Mais l'appeler explosion est réductif. C'est peu, ce n'est pas exact, ce n'est pas ce que j'ai entendu, moi, ce n'est pas ce qu'a entendu la ville entière. Ce n'est pas ce qu'a entendu la ville entière. Ce n'est pas ce qu'ont enregistré les sismographes, comme une secousse d'un tremblement de terre.
L'appeler explosion, ce serait comme de comparer un pet à un pétard.
Le trajet de la Brigade à la maison.
Me frappe d'une avalanche d'odeurs.
Les senteurs de la chair carbonisée.
Du plastique brûlé.
Des cris brisés.
Des corps inertes.
De moi.
Qui regarde, défait, le triomphe de la barbarie.
Qui contemple le mal.
Je n'aime pas penser à l'ogre, à l'homme noir, ce serait pratique si c'était comme ça. Mais c'est plus complexe, c'est un ensemble d'occasions, de hasard et de chance. C'est le sort qui décide de nos destins, c'est le centre de triage là-haut, au ciel.
Eh oui, car c'est la phase dans laquelle Sarchia raconte sa participation à l'attentat, à l'assassinat du juge. La phase enfermée dans les notes des Pink Floyd, nichée dans les ganglions de mon réseau neuronal, cachée à la périphérie de mes yeux, mélangée à la muqueuse de mes narines.