Si nous sommes, quelle que soit notre appartenance, des êtres humains constitués de chair et de sang, nous n’en sommes pas moins perçu·e·s différemment en fonction de nos phénotypes et de notre assignation sexuée et par conséquent traité·e·s de manière inégalitaire. Tout comme le genre, la race reste une construction sociale issue de l’histoire
Si cela ne doit pas induire de culpabilité individuelle, cela implique a minima la conscience de l’existence de ces privilèges et la volonté de démanteler un système inégalitaire même s’il a été historiquement conçu en sa faveur
3. « Par conséquent, il ne faut pas selon moi se retreindre dans l'appréhension de codes qui sont en réalité des fabrications sociales. S'approprier une identité "afro" dans le contexte de la France actuelle à partir du mélange d'éléments issus des identités caribéennes et africaines si diverses, s'apparente à une recomposition. Des codes dont il ne faut pas hésiter à se jouer. Nous, femmes noires, alimentons la création d'une identité afropéenne polysémique qui nous permet de nous sentir à l'aise dans un contexte culturel qui parfois nous rejette. Et cela n'enlève rien au fait que nous soyons françaises. » (p. 214)
2. « L'ONG Human Rights Watch dénonce aujourd'hui [novembre 2017] : "des lois antiterroristes reposant sur des termes flous sont sujettes à des interprétations excessives de la part des autorités et favorisent des abus qui peuvent s'avérer contre-productifs en matière de sécurité." qui "sapent certains principes les plus fondamentaux de l'État de droit et des droits humains et la façon dont les Français vivent et conçoivent leur démocratie depuis la Seconde Guerre mondiale". Des préoccupations exprimées conjointement à celles d'autres ONG et institutions allant du Syndicat de la magistrature à la Ligue des droits de l'homme en passant par Amnesty International, le Conseil de l'Europe et même les Nations Unies. La banalisation d'un état prévu pour être exceptionnel a d'ores et déjà permis au gouvernement d'en faire un usage disproportionné voire dévoyé. C'est un pas dangereux vers la destruction de la confiance des citoyens les plus fragiles dans leurs institutions. Et c'est ce climat de défiance qui conforte la montée des haines et des extrémismes. » (p. 120)
1. « Ici les hommes "séducteurs" sont admirés au nom d'un "donjuanisme" bien de chez nous. Dans un tel contexte on peut imaginer que des femmes qui décident volontairement de soustraire des parties de leur corps au regard de la majorité puissent être perçues comme subversives. Dans un pays où les rapports sociaux tolèrent si amplement le harcèlement quotidien, on imagine aisément que ces femmes soient perçues comme remettant en cause une norme sexuée.
En réalité la question qui sous-tend ces controverses à répétition [voile, burqa, burkini etc.] n'est pas tant la visibilité des musulmans que leur acceptation et leur reconnaissance comme partie intégrante de la société française. Derrière l'obsession du hijab, c'est le rapport de la France aux femmes et à la pluralité de l'expression de la féminité de ses citoyennes qui doit être interrogé. » (p. 99)
La France ne se vit pas comme une société structurellement sexiste, homophobe ou raciste, alors que ces idéologies sont ancrées dans notre histoire, et l’ont été longtemps – voire le sont toujours – dans notre droit
Si le pays se prétend neutre, il semble pourtant se vivre comme blanc et de culture chrétienne
Parle-t-on de communautarisme pour désigner l’entre-soi des élites majoritairement blanches et masculines
Je suis française, née en France, et ne fais qu’exiger que les principes dont se targue mon pays ne se contentent pas d’être formellement inscrits dans des textes
La centralité de l’identité blanche paradoxalement présente de manière implicite et donc perçue comme neutre rend son appréhension très difficile