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Critique de Vance


Loterie solaire est un de ses premiers romans. Par son traitement et ses implications, il m'a vaguement rappelé les Marteaux de Vulcain, un écrit mineur qui fut le premier texte de Dick que je lus. Néanmoins, il va plus loin dans sa réflexion et semble mieux construit, malgré un curieux déséquilibre dans son déroulement. Après une citation en exergue du premier chapitre tirée d'un texte célèbre de John McDonald (Strategy in Poker, Business & War, p.68 de l'édition Paperback chez Norton & Co que vous pouvez trouver chez Amazon), Philip K. Dick pose son univers avec méthode et réalisme. Il dépeint une Terre future assez désespérante, régie par la « Bouteille », machine complexe fondée sur l'aléatoire et qui désigne de temps en temps les heureux élus/promus parmi les citoyens. Pour « équilibrer » cette « roulette du destin », on pratique l'assassinat légal au cours de Conventions hautes en couleurs dans lesquelles les candidats font valoir leurs droits. On y sent un arrière-goût provocateur à la Prix du danger, primaire mais percutant.

Ce qui est particulier dans cette description peu originale, c'est la façon dont Dick introduit ses personnages. On sent immédiatement qu'il n'a pas vraiment de sympathie pour les héros forts en gueule de ses collègues, les costauds ou les débrouillards qui se jouent des pièges cosmiques et des malédictions divines. [...]
L'intérêt est ailleurs, dans l'examen des implications d'une société entièrement fondée sur le hasard, avec ces justifications minables qui ont permis la mise en place de systèmes autoritaires (rappelez-vous par exemple les discours d'introduction à Equilibrium).

Toutefois, Dick rectifie le tir et rentre assez tôt dans le rang. Dès la fin du premier tiers, l'histoire s'emballe et les règlements de compte prennent le pas sur les questionnements de fond. Cartwright est donc Numero Uno et semble l'avoir prévu – ce qui est apparemment impossible, de nombreux spécialistes ayant tenté de truquer la Bouteille sans jamais y parvenir. Verrick veut sa peau et a engagé des moyens considérables pour mettre au point une stratégie imparable (car comment pouvoir assassiner un Maître du Jeu lorsque ses gardes du corps sont capables de lire vos pensées ?). Et Benteley rumine sa rancoeur. le grand finale aura lieu sur la Lune et tout ce beau monde s'affrontera, tandis qu'un vaisseau franchit les limites du Système solaire à la recherche d'un astre prédit par un illuminé…

Agréable à lire, de facture étonnamment classique malgré quelques éclairs de cette lucidité désabusée qui s'imprimera davantage avec les années, le roman souffre d'une traduction parfois approximative et de quelques coquilles malencontreuses. On sourira devant l'évocation d'un « pistolet-de-poing » comme de ce sport nommé « balle molle » - alors que le soft ball n'a rien d'exotique.
Lien : http://journal-de-vance.over..
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