Jean-Baptiste Pussin a été une sorte de surveillant-chef à Bicêtre pendant la Révolution. Y étaient réunis des prisonniers (notamment politiques), des aliénés, des malades, des pauvres, unanimement réunis sous l'appellation de « fous », et tout ce qu'on voulait faire passer pour tel, dans des conditions que même l'imagination a du mal à concevoir.
C'est un homme qui a fui la misère de sa famille en Franche-Comté. Scrofuleux, il s'est retrouvé « hospitalisé » à Bicêtre, où son intelligente humanité est remarquée, et jugée possiblement utile. Il se retrouve ainsi « promu » à ce poste. Il y développe une empathie pour ces souffrants fort peu ordinaire déjà à l'époque, qui nourrit une approche intuitivement curatrice. Les mots « soin » et « protection » ont pour lui leur vrai sens. Il fait interdire les mauvais traitements, et par une simple attention humaine, et une perspicacité « psychothérapeutique », guérit des internés qui n'attendaient qu'un peu de dignité pour s'en sortir.
Il finit par faire supprimer les fers à Bicêtre, exploit longtemps attribué à Pinel, médecin-chef du lieu, dont moulte rues portent le nom, aujourd'hui encore, et dont
Marie Didier ébauche un portrait humaniste, qui justifie pleinement son titre de « père de la psychiatrie ».
Ceux et celles qui s'intéressent à la psychiatrie, ceux et celles qui s'intéressent à l'histoire, surtout quand elle est revisitée et remise sur les bon rails, ceux et celles qui s'intéressent tout simplement à l'humain qui est en chacun de nous, et peut nous donner un peu d'espoir, ne manqueront pas d'être hantés par ce récit dérangeant, où voisinent l'inhumanité ordinaire et l'humanité singulière de cet homme qui sut infiniment toucher
Marie Didier.