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Critique de ODP31


Le coup de la panne.
Après la vraie vie, Adeline Dieudonné autopsie une dizaine de solitudes qui fuient leur existence et se retrouvent par une nuit d'été dans une station-service.
Lieu impersonnel qui brasse toutes les classes sociales qui ne se distinguent que par les cylindrées, croisée des chemins de transhumance et point de transit pour faire le plein et le vide, cet espace hors du temps ne manque pas de romanesque. Un tableau à la Hopper.
D'un livre à l'autre, Adeline Dieudonné n'a pas perdu son goût pour la férocité, sorbet deux boules parfumées au macabre et à l'humour, cornet planté au milieu du front. Ce n'est pas un roman Diesel, Ségolène !
Comment ne pas succomber à un quelqu'un qui déteste les dauphins ? Ne pas aimer les cétacés, c'est comme ne pas aimer Thomas Pesquet. Amoral et jubilatoire. Comment ne pas devenir complice de cette prof de Lap-dance qui transporte le corps de son mec dans le coffre de sa voiture parce qu'elle ne supporte plus de l'entendre geindre et bouffer des chips dans le paquet ?
Et puis, il y a aussi un cheval, Red Apple, le plus humain de la bande, Joseph, le représentant en acariens et à pas grand-chose d'autre, Alika, la bonne qui vient des Philippines que des familles bourgeoises se prêtent via Facebook comme une esclave 2.0. Et il y a les autres. Que des farfelus qui trainent une caravane de traumas et que la station-service va réunir le temps d'un mauvais café, d'une pause pipi ou d'un coup de pompe.
Derrière cette galerie de portraits de dominants et de dominés, la romancière décrit l'humanité comme une brousse où les lions dévorent les gazelles. La loi du plus fort. Adeline Dieudonné a la prose impitoyable. La liberté se gagne à coups de griffe et l'égalité n'a rien de génétique. Juste une déclaration.
De ce recensement d'azimutés si bien esquissé, j'attendais un dénouement à la hauteur de cette concentration de folie et je dois avouer qu'il m'a manqué une apothéose dans le récit. Un 14 juillet sans feu d'artifices. Un peu frustré d'en rester aux préliminaires. Je pense que c'est ce petit goût d'inachevé qui modèrent certains billets comme le mien et qui m'a donné parfois l'impression de lire plus un recueil d'histoires courtes réunies opportunément dans un lieu unique qu'un roman. Stationnement gênant.
Il reste un vrai talent d'écriture, une imagination débridée et des personnages qui sortent de mon ordinaire de lecture.
En résume : Essence avec plomb, Aisance avec aplomb.
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