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Critique de Sayuki74


J'ai adoré Ressac qui m'a fait découvrir Diglee et je referme Atteindre l'Aube, enchantée à nouveau.
Dans cette lettre d'amour adressée à sa grande-tante Georgie, Diglee interroge la vie et les secrets de cette femme forte et libre, interroge son attachement et son admiration de petite fille, ce qu'ils disent d'elle, de son propre rapport aux hommes, de son cheminement féministe.

Elle y interroge la transmission de cette lignée de femmes saltimbanques dont elle est issue. Cela passe par les archives d'état civil, les archives familiales, lettres, photos, coupures de presse... Pour ses lointaines aïeules telles que Louise et Hermance, il lui faut parfois imaginer et la littérature vient alors à son secours : là une phrase de Thérèse Desqueyroux de François Mauriac lui revient en mémoire, ici elle croise le fantôme de Colette et ses chats.
"A dix-sept ans, Louise est endeuillée, mariée et enceinte. Arrachée si jeune à la légèreté". "Ici, je brode, je n'en sais rien. Je tente d'expliquer la suite, la suite si terrible, mais les documents ne me disent pas ce que Louise éprouve. Il n'y a que ce que toi, sa petite-fille, m'en a dit. Ce que toi, déjà, tu transformais en une histoire".

Il y a la mythologie familiale, les non-dits, les secrets, tout ce qui se joue au sein d'une famille et il faut démêler cet enchevêtrement.
De qui vient-elle ? Que lui ont-elles transmis ? La quête de Diglee est aussi une interrogation de la psychogénéalogie familiale : la lourdeur d'un prénom d'enfant mort que l''on porte, ce que l'on pressent inconsciemment, ce que l'on occulte par mécanisme de protection. Ces sacs de cailloux que l'on transporte. "La sensation d'abandon brutal que j'éprouvais était donc diffuse, ancienne, et si elle prenait la forme de ce chagrin post rupture amoureuse, elle était déjà là avant moi, en nous".

Des scènes intimes et universelles, toute une vie dans des sacs poubelles trônant au milieu d'un appartement que l'on vide. Un appartement refuge, un appartement univers, tout en tapis, tentures, livres, objets, boîtes à souvenirs.

Le rapport aux hommes est interrogé tout au long de cette lettre, à l'aune du cheminement féministe de l'auteure. le père tout d'abord, puis les hommes rencontrés : "père, passion, destruction". "(...) Et moi, je me débats avec cette absence de père, inconfortable, ce père que j'ai dû apprendre à maintenir à distance, par nécessité. C'est désagréable de grandir avec un trou dans son arbre. La désertion filiale est une lutte quotidienne (...)".
"Marcher sur tes pas m'a permis de te comprendre et de me connaître. Je ne suis pas toi. Je défusionne. Je suis libre" "Les amours brisées ne me bâtissent plus. L'écriture de cette lettre a détissé cela : il n'y a plus en moi d'enfant qui crie".

Un magnifique hommage sous forme de lettre, une quête, un cheminement vers l'apaisement.
A nouveau séduite par la poésie et la justesse de son écriture. En témoignent les nombreux petits signets multicolores posés au fil des pages.
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