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Critique de horline


Difficile de refermer un roman comme Les dévastés. C'est une oeuvre déchirante qui se lit la gorge serrée tant elle est traversée par des vies douloureuses. Des vies pour lesquelles l'évocation nostalgique du bonheur se mêle à la douleur brutale de la perte dans un récit où Teodora Dimova s'empare du coup d'État qui a vu les communistes bulgares prendre le pouvoir en 1944 avec sa litanie d'arrestations arbitraires et de meurtres de masse.

Mais dans ce récit resserré sur l'expérience intime, L Histoire ne se découvre que du coin de l'oeil à travers la voix de trois femmes issues de la bourgeoisie qui ont vu leur mari broyé par les meules du nouveau régime. On plonge alors dans un univers tenu par les émotions, happé par le malheur de ces femmes, leur incompréhension, leur résignation, l'empreinte trouble et silencieuse qui se transmet au sein des familles.
Mais cela se fait sans excès sans artifice. Par la simple profondeur des personnages et l'écriture pénétrante, Teodora Dimova offre une belle intensité au récit, au monologue, à la lettre, on pourrait aisément les confondre avec des témoignages. Il y a véritablement la faculté chez la romancière à donner une force et une authenticité à son roman qui pourrait être érigé en recueil commémoratif. Car Dimova a non seulement su créer des liens qui rendent solidaires des êtres meurtris pour faire de ces drames individuels une véritable tragédie collective. Mais elle laisse l'impression d'écrire les pages enfouies de l'Histoire de son pays, se rapprochant de celles un peu plus documentées des pays voisins, lesquelles rapportent les mêmes cortèges de violence et de vengeance qui accompagnent le basculement vers un régime autoritaire.
C'est un beau roman qui réussit à crever l'épaisseur du silence instauré par la peur du régime communiste. Il lève un peu le voile noir jeté sur les familles qui empêche de vivre et de mourir tout à fait mais l'opacité demeure sur les années précédant le putsch dans une Bulgarie alliée de l'Allemagne nazie. La description raffinée du bonheur perdu et la vie douce au coeur de la jolie petite ville de Boliarovo ne témoignent d'aucune restriction liée à la guerre mondiale. Comme si la terreur des milices communistes avait tout balayé d'un revers de la main. Á moins que les contraintes de la guerre y étaient moins pesantes qu'ailleurs...
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