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Critique de LaBiblidOnee


La condition pavillonnaire, c'est ce statut réconfortant que vise tout jeune couple partant de rien : une maison à crédit, une belle voiture et les enfants qui vont avec, la mère qui sacrifie sa carrière pour élever ses enfants ; la petite vie de banlieue bien tranquille. Cette image de perfection vers laquelle on croit devoir tendre, qui semble être le bonheur espéré, c'est ce vers quoi tendait M.A. et elle l'a eu.


Au départ, cette tranquillité est effectivement réconfortante : Des amis stables, un travail stable, une vie stable. Tellement stable qu'elle devient peu à peu inébranlable, immuable. Répétitive. Routinière. Et comment faire autrement ? Comment rompre la monotonie qui s'installe, ne plus faire les gestes que font tous les gens qu'on croyait envier : réveiller les enfants, les faire manger, ouvrir la portière de la voiture, les faire monter, démarrer, les déposer, rejoindre son bureau, se garer, travailler, rentrer, préparer le repas attendre le retour de l'homme, la porte, le bruit des clés, le sourire habitué, le baiser léger ; Dormir ; Se relever…


La condition pavillonnaire étouffe M.A., notre héroïne, à travers la vie de laquelle on comprend sa lassitude, sa déprime, ses envies d'évasion, le vieillissement, les attentes déçues et les doutes sur les choix qu'elle a fait pour se retrouver aujourd'hui dans une vie qui l'ennuie et dans laquelle elle s'est perdue.


*****

Ce troisième roman de Sophie Divry est, comme dans « la cote 400 » une sorte de monologue : l'auteure, tutoyant l'héroïne avec tendresse et compassion comme s'il pouvait s'agir d'elle-même et de tout le monde à la fois, rappelle l'enchainement des étapes de cette vie qui la laisse inassouvie. On nous raconte quelle fille a été M.A., quelle ado, quelle étudiante ; Elle fut amoureuse, puis épouse, et enfin mère. Elle a eu l'impression que le disque était rayé, qu'elle tournait en rond ; Elle a repris un métier mais ça ne suffisait plus : rêvant de liberté mais surtout de nouveauté, elle tombe même dans le cliché de l'amant au travail, son bol d'air, indispensable ; l'amant ambitieux celui qui lui offrira son premier chagrin d'amour, son désespoir, le rêve d'une autre vie qui part en fumée. Alors arrive la dépression, le besoin de sorties mais l'absence d'envie, la déception de tout, ce goût amer, des jours identiques et le temps qui file, elle qui vieillit de plus en plus seule. L'échec du Yoga, l'aide du psy, l'arrivée des petits enfants, la femme qui reprend le dessus sur la mère ; Retrouver le plaisir des rencontres ou sorties entre amies ; Et, lentement, son couple se reforme, sa vie reprend des couleurs : quelques plaisirs la ramènent à la vie.


Nous racontant la vie de M.A. avec un doux mélange de recul, de délicatesse, d'humour et de fatalisme, Sophie Divy nous dresse le portrait d'une vraie Madame Bovary des temps modernes. Ce roman s'adresse donc à tous ceux qui, un jour où l'autre, se sont sentis inassouvis sans pouvoir se plaindre, ont eu des doutes sur leurs choix, ou que l'on incite à entrer dans le moule. le mode de narration met très bien en valeur l'enchainement des événements et certains ressentis de l'héroïne : En très peu de pages et quelques passages vraiment savoureux, nous captons son essence et son histoire ; L'histoire du cycle de la vie, de l'utilité de tous, et surtout de l'importance pour chacun de trouver sa place dans ce monde. Attention toutefois au moment où vous choisissez de le lire, car le ton général est nostalgique.

Merci à Babélio et aux éditions Noir sur blanc de m'avoir permis de faire plus ample connaissance avec l'oeuvre de Sophie Divry.


Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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