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Critique de LeCombatOculaire


Annalee Fargo Pearse vient de s'échapper de chez les bonnes soeurs et a été prise en stop par un routier plutôt bienveillant, Smiling Jack, qui lui offre de rester dans son chalet à condition d'accepter de temps en temps quelques hôtes en cavale. Au fil des années, ils se remplument un peu, apprennent tous les deux la vie, et découvrent des individus tous aussi improbables qu'enrichissants. Pour Daniel qui n'a jamais eu de père (faute de savoir lequel était le sien parmi de nombreuses possibilités), c'est une vraie occasion de choisir parmi de nombreuses figures paternelles, de se construire une nouvelle famille éphémère mais extrêmement solidaire et soudée.

Commence alors son incroyable apprentissage de la vie en marge de la société, dans cette grande communauté composite constitués de hors-la-loi. Les hors-la-loi ne font le mal que lorsqu'ils estiment agir pour le bien ; alors que les criminels, eux, ne se sentent bien que lorsqu'ils font le mal. Son éducation ressemble étrangement à une initiation alchimique, un dépouillement extrême et un affinement du corps, de la conscience, de l'esprit, de la tactique, pour finalement apprendre à déjouer tous les systèmes, les identités et les lois humaines, et terminer par apprendre à disparaître complètement, et ceci afin d'aller dérober en déjouant les systèmes de sécurité les plus sophistiqués du monde le Diamant le plus étrange, le plus pur et le plus lumineux.

L'entraînement de Daniel, draconien et sans concession, passe par l'apprentissage de la vie dans les montagnes, la méditation, la science des drogues, la neutralisation des système de sécurité, le toucher tantrique, les jeux d'argent, le déguisement et la magie de l'évasion / disparition. C'est à la fois très zen et hyper déjanté, ésotérique et très terre-à-terre. C'est peut-être le roman qui en dit le plus long sur l'homme qu'est Jim Dodge, fils de militaire qui a également longtemps vécu dans une communauté autonome, et qui a terminé par être diplômé en poésie, directeur d'écriture créative à l'Université Humboldt State en Californie.

L'histoire dans son intégralité est dense, complexe, inventive, improbable, anarchique, visionnaire et explosive. Chacun des personnages est une mine d'or d'informations, de richesse d'enseignement, et chacun est à la fois fortement attachant et désespéramment irritant. Certains autres, uniquement de passage, sont là pour redonner un éclat, un souffle de fraîcheur et de promesses. C'est également un récit qui est très ancré dans la nature humaine, animale et végétale, dans l'essence même des choses - un vrai conte de hippie sans les cheveux gras, une oeuvrette alchimique qui donne envie d'aller s'exiler au fin fond du monde et d'apprendre à se ré-apprivoiser, se connaître, se dépasser, à se fondre dans la puissance de la pierre philosophale.

Surtout, ce n'est pas un roman qui se prend au sérieux, et qui le fait admirablement bien. Jim Dodge est un génie littéraire qui signe de vraies pépites, entre l'Oiseau Canadèche et Not Fade Away, dont on regrette qu'il n'ait pas été plus prolifique. Écrit en 1989, c'est un livre résolument intemporel qui célèbre ce qu'il y a de plus fou, de plus beau, de plus magique dans la vie, à travers la joie et les peines, les tragédies et les explosions, la jeunesse et l'éternité, l'entraide et la débrouillardise. Ayant eu la chance de le découvrir lors de sa première parution en français, je suis doublement contente de le voir réédité aujourd'hui, et j'en remercie les éditions Super 8. Et n'oubliez pas, c'est une oeuvre de fiction. DE FICTION.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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