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Critique de Renatan


« Papa m'a dit cent fois d'être un homme, et d'agir comme un homme. »
 
« Papa m'a dit cent fois : « Mon fils sera pas pédé, qu'il voulait pas de ça dans la famille. »
 
« Papa m'a dit cent fois comment faudrait que je sois. Qu'un garçon, ça ne pleure pas, ça se laisse pas faire. »
 
« Papa m'a dit cent fois de prendre exemple sur les autres : « Les autres garçons de ton âge, ils ont une copine, qu'est-ce qui tourne pas rond chez toi? »
 
C'est pareil tous les jours. le narrateur, 13 ans, part à l'école chaque matin avec une douleur dans le ventre, celle de la peur et de l'appréhension. Il sait ce qui l'attend : l'intimidation, les moqueries, l'humiliation, les coups… Oui, les coups font mal, très mal même, les gars n'y vont pas de main morte avec les « mauviettes ». Ils tapent dur et figurez-vous que ça les fait même rire. Mais pire encore est la douleur en dedans, la solitude. Chaque claque en plein visage est une remise en question. C'est une culpabilité en plein coeur de l'adolescence déjà fragile, celle de la quête identitaire et des multiples questionnements sur soi.
 
C'est pareil tous les jours. Il se fait reprocher de son père de se faire battre sans rien dire, de manquer de courage, d'être faible devant les autres. Son paternel n'a rien compris. Il n'a pas même pu reconnaître le courage de son fils d'être resté soi-même. Il attire plutôt la honte, la déception, l'absence de fierté. Si seulement il pouvait être quelqu'un d'autre, et surtout pas un « pédé ». Non, pas son fils…
 
C'est pareil tous les jours. Heureusement, il y a Sarah avec qui en parler. Avec elle, il n'y a pas de « honte à avoir », parce qu'elle « aussi aime bien les garçons », elle peut le comprendre - c'est là un passage du livre qui m'a fait du bien. L'humour de cette jeune fille et son approche sensible. Plus question de devenir « invisible ». Si seulement de son père il pouvait aussi recevoir la fierté et l'amour…    
 
Impossible de sortir de ce petit « grand » livre sans ressentir de la colère et beaucoup de tristesse. Une autre très belle lecture d'Antoine Dole qui m'avait séduit avec «  Je reviens de mourir ». Un auteur dont je dois la découverte à mon sweet manU :-*
Un roman qui devrait être déposé entre toutes les mains des enfants de collèges…

« Pourquoi tu m'apprends pas les mots, plutôt? Les mots qui soulagent, les mots qui apaisent, je voudrais avoir les mots qui soignent, ceux qui ne laissent pas seul. Ceux qui ne me viennent pas quand les choses vont trop loin. »
 
« J'ai pas treize ans, j'en ai cent quarante-deux. Usé, fatigué, amoché. À force de ressasser la peur, j'ai rogné tous les points d'appui, quand j'essaie de grimper dans les hauteurs je glisse, m'écrase au sol. Chaque fois je tombe de haut, alors le moral reste bas, c'est plus sûr. »
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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