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Critique de Pavlik


Pavlik
26 décembre 2014
1914. Devant les cuisantes défaites des premières batailles, l'armée française décide de lancer un projet ultra-secret (du moins dans un premier temps) de super-soldats : les Sentinelles. Grâce au génie de deux scientifiques, le docteur Kropp (un transfuge allemand) et Gabriel Féraud, trois soldats aux capacités extraordinaires sont créés : Taillefer (qui n'est autre que Féraud lui-même), dont les bras et les jambes arrachés ont été remplacés par des membres en acier, Djibouti, un légionnaire dont la force est décuplée par des drogues et Pégase, un aviateur devenu homme volant grâce à sa fusée à poudre portative. Après les batailles de la Marne et d'Ypres (durant laquelle Taillefer a vaincu l'ubermensch allemand), nos trois héros sont, dans ce tome 4, confrontés à l'enfer des Dardanelles.

Après trois tomes excellents la série se poursuit par cette évocation de l'expédition des Dardanelles, qui fut un fiasco. Pas de suspens inutile la qualité est toujours au rendez-vous, à tous les niveaux. Si, jusqu'à présent, les Sentinelles n'avaient connues que des victoires (certes, chèrement acquises), elles vont devoir, dans cet épisode, apprendre à gérer, de façon honorable, la défaite. Evidemment celle-ci ne sera que partielle et on peut faire confiance à la propagande officielle pour enjoliver les faits. le "méchant" de l'histoire est un redoutable combattant Turc, Cimeterre, équipé du dernier cri de la technologie allemande. Mais, comme cette série se veut une évocation réaliste de la "der des der", et de la guerre en général, les personnages ne sont pas aussi manichéens que l'on pourrait le croire de prime abord.

Les Sentinelles constituent une tentative, absolument réussie, selon moi, d'imaginer des super-héros "à la française". Attention, néanmoins, aux conclusions hâtives. Nous ne sommes pas dans le registre, à l'instar, par exemple, d'un Captain America, de la glorification d'une certaine conception de la nation. Au contraire, les travers des autorités, militaires en particulier, sont dénoncés avec force. Non, ce sont bien les hommes et leurs actes héroïques qui sont glorifiés, même si leurs motivations ne sont pas toujours très nobles (il n'y qu'à voir Djibouti, dans la présente histoire). Paradoxalement, en tant de guerre, Dorison nous rappelle que les héros, les vrais, se font rares et que les "super-héros", n'existent que dans le regard du public (bien aidé par la propagande). le scénario, toujours prenant, est transcendé par le dessin absolument remarquable de Breccia qui, lorsque l'on parle des couleurs, tend vers le génial. Un certain sens de la mise en scène est ici de mise avec l'utilisation de quelques gros plan et pleines pages, qui renforcent les moments dramatiques ou héroïques (de la bd de super-héros, je vous dis). Les personnages sont très bien caractérisés et présentent trois facettes du soldat : le pacifiste, qui combat par nécessité, est doué, mais n'aime pas ça, façon Tom Hanks dans "Il faut sauver le soldat Ryan" (Taillefer), le drogué de la guerre (mais néanmoins traumatisé), façon Punisher (Djibouti) et le guerrier aristocrate, façon "messieurs les anglais, tirez les premiers" (Pégase).

Les Sentinelles est une série à découvrir absolument, pour peu que l'on s'intéresse à la Grande Guerre (sans être une bd historique, le contexte est des plus réaliste). Elle fera également le bonheur des amateurs de comics et n'oublions pas aussi le dessin qui est, en soi, une raison suffisante pour s'y mettre.
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