Citations sur Dossier de l'art, n°220 : Carpeaux, un sculpteur pour.. (20)
Loin d'être secondaire, la peinture de Jean-Baptiste Carpeaux a tenu une place importante tout au long de sa vie. Pratiquée dans le secret, sans jamais être montrée du vivant de l'artiste, elle est sans doute la part la plus intime, la plus libre et la plus romantique de son oeuvre.
Visage unanimement salué du génie de Carpeaux, le portrait fut le domaine le plus abondamment exploré par l'artiste et un terrain privilégié d'expérimentation où il se confronta aux codes esthétiques du temps. Perçu à juste titre comme l'héritier d'un Coustou, d'un Houdon, il incarne pourtant un bouleversement dans l'histoire du genre.
Dessinateur, sculpteur et peintre, Jean-Baptiste Carpeaux est sans doute l'un des artistes les plus virtuoses du XIXe siècle. Sa science de l'anatomie et du mouvement caractérise son style, hérité du romantisme de ses maîtres remanié selon le goût néobaroque du Second Empire. Son génie s'exprime dans ses qualités de modeleur, son sens des formes et la rare homogénéité de son répertoire.
L'oeuvre de Carpeaux, son destin et sa personnalité teintée d'enthousiasme et de mélancolie ont alimenté les commentaires passionnés de ses contemporains, et continuent aujourd'hui à intriguer ou émouvoir. Profondément lié à Napoléon III, le sculpteur a su déployer et assumer une admirable liberté de création tout en captant, notamment dans ses oeuvres monumentales, l'ambition et les contradictions de l'Empire.
La personnalité de Carpeaux comme ses oeuvres ont suscité de son vivant remous et controverses et conservent quelque chose de fascinant. Très attaché au couple impérial et apprécié à la cour, sans être à proprement parler un artiste officiel, maîtrisant l'enseignement académique mais mû par une quête d'expression singulière, il bouleversa la sculpture du XIXe siècle par la tension dynamique d'oeuvres devenues des icônes et par la conception audacieuse de commandes monumentales, emblématiques du Paris du Second Empire.
Carpeaux n'est pas révolutionnaire. C'est un pont entre deux époques.
Carpeaux est sans doute le plus grand portraitiste avant Rodin. Il bouleverse profondément le portrait sculpté français de la deuxième moitié du XIXe siècle en s'inspirant de l'esprit du XVIIIe siècle, celui qu'il perçoit dans les oeuvres de Houdon, Pajou, Lemoyne. La critique est toujours extrêmement élogieuse pour cette part de son oeuvre.
La carrière de Carpeaux et celle de ses collègues illustrent à quel point Napoléon III tenait à donner du travail à tous les artistes. Par l'intermédiaire des architectes qu'il convia au Louvre, tous les sculpteurs, du talent le plus modeste au plus intéressant, ont participé aux décors du palais, Carpeau compris.
Carpeaux est un pivot dans l'histoire de la sculpture française. Il arrive à un moment où le paysage est très éparpillé, marqué par les derniers moments de ce qu'on peut appeler le "deuxième romantisme". La leçon de Rude et des sculpteurs romantiques des années 1830-1840 a été reçue, et ce sont ces sculpteurs qui enseignent au sein de leurs ateliers. Carpeaux est l'élève de Rude puis de Duret ; il appartient clairement à cette génération qui a parfaitement assimilé la leçon du romantisme.
Il y a des oeuvres de Carpeaux que l'on a souvent vues et dont on a oublié le nom. Tous les Parisiens connaissent par exemple la façade de l'Opéra, y ont remarqué un groupe sculpté différent de autres, La Danse, mais ne se souviennent pas toujours qu'il est de Carpeaux.