Citations sur Dossier de l'art, n°225 : Gustave Moreau. L'artiste e.. (6)
Moreau faisait étudier l’antique non comme un modèle, mais comme une école de doute : « Les maîtres des civilisations anciennes avaient un langage très complet pour eux, mais tellement différent du nôtre qu’il nous préserve d’une imitation trop littérale… ».
L’histoire de l’art du 19e siècle peut être en partie analysée comme la prise d’autonomie du champ artistique par rapport à la sphère littéraire. Si Gustave Moreau s’est inscrit dans ce combat, en affirmant régulièrement la supériorité de la peinture sur l’écriture, il a aussi été victime de son attachement à la tradition classique, prenant essentiellement ses sujets dans les textes anciens.
L’artiste se détourne maintenant du principe selon lequel toutes les figures d’un tableau d’histoire se doivent d’être affligées d’une même passion, d’un même mouvement.
"Gustave Moreau est un artiste extraordinaire, unique. C'est un mystique enfermé, en plein Paris, dans une cellule où ne pénètre m^me plus le bruit de la vie contemporaine qui bat furieusement pourtant les portes de son cloître. Abimé par l'extase, il voit resplendir les féériques visions, les sanglantes apothéoses des autres âges."
Joris-Karl Huysman
L’art de Michel-Ange apparaît à Moreau comme l’expression la plus élevée de cet état de sommeil apparent, de ce « somnambulisme idéal » de l’âme.
Salomé appartient encore à la tradition de la peinture d’histoire, privilégiant la représentation de la réalité extérieure, tandis que L’Apparition annonce le symbolisme en ce qu’elle juxtapose deux espaces de représentation, objectif et subjectif, le monde vu à travers les yeux du corps et les visions produites par les yeux de l’âme.