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Critique de Martin903931


Roman à la trame narrative plus simple que les Frères Karamazov ou les Démons, Crime et Châtiment est un roman étonnamment concis pour les standards de Dostoïevski. Roman à suspens également (je n'ose dire policier) tant le format "feuilleton" conduit l'auteur à multiplier les coups de théâtre pour nous amener à un dénouement inéluctable, mais dont le format et le moment restent jusqu'au bout inattendus.

Le résultat, c'est que Crime et Châtiment permet d'explorer des mécanismes psychiques denses liés à la justification (ou non) du crime sociale. Car l'acte et la pensée de Raskolnikov, bien que l'auteur se garde d'en faire un activiste, portent une dimension socialiste : volonté d'aider sa famille, rationaliste extrême autour de la balance bien/mal, etc. Combinés à un orgueil, à une ambition démesurée et à une grande pauvreté, les mécanismes du crime deviennent apparents.

Mais l'intérêt de Crime et Châtiment réside dans la suite de l'acte (le post-crime), sorte d'épreuve du feu de la pensée rationaliste du héros (pensée que l'on devine partagée par certains contemporains de l'auteur). En commettant un crime qui peut justifier, Raskolnikov ne se coupe pas moins spontanément de ses contemporains et, de désir de rachat en justification, sombre dans une fièvre qui causera sa perte. Ce ne sont pas des remords qui l'agitent, c'est son incapacité à fructifier son crime qui ferait de lui un lâche, chose qu'il ne pourrait supporter.

Ce livre est aussi l'occasion d'adresser plusieurs sujets chers à Dostoïevski : le plafond de verre qu'est l'argent dans l'ascension social (plafond symbolisé par la vieille usurière) ; la place de l'ivrognerie dans la misère de la Russie de l'époque (l'histoire de Marmélafov et de sa femme, véritable conte parallèle) ; la prostitution (Sophia, mais également Dounia) et la religion.

En bref, peut être le plus accessible de tous les Dostoïevski. Et également celui qui porte les personnage les plus crédibles. J'aurai toujours un amour immodéré pour les Frères Karamazov, mais Crime et Châtiment restera pour moi l'oeuvre la plus réussie de Dostoïevski. La plus efficace également.
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