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Critique de Daniel_Sandner


Retour de lecture sur "Le joueur", de Fiodor Dostoïevski, publié en 1866 et écrit dans l'urgence, en 27 jours, pour répondre à une obligation envers son éditeur. Malgré cette contrainte, ce roman, même s'il est relativement court, est une oeuvre marquante et réussie. L'auteur y raconte l'histoire de Alexeï Ivanovich, un percepteur au service d'un général pris dans des soucis financiers inextricables. Ils se retrouvent à Roulettenbourg, une ville imaginaire de Prusse qui dispose d'un casino. Alexeï est amoureux de la fille du général, qui a un caractère très difficile et qui est souvent méprisable envers lui. Autour d'eux gravitent d'autres personnages de diverses nationalités, plus ou moins liés financièrement et sentimentalement. le casino et le jeu, n'arrangeront évidemment les affaires de personne. Ce livre est plus abordable et facile à lire qu'une oeuvre comme les frères Karamazov, même si on y retrouve beaucoup d'éléments. le jeu, notamment la roulette, n'est qu'un prétexte pour Dostoïevski pour décortiquer l'âme humaine. Les scènes de jeu sont magistralement décrites, avec une tension palpable, mais sont finalement assez rares. Ce qui intéresse l'auteur ce n'est pas tant le jeu en lui-même, mais surtout la manière irrationnelle d'aborder celui-ci par ses personnages. C'est un roman très fortement autobiographique, joueur lui-même, il sait de quoi il parle, c'est donc avec brio qu'il arrive à nous décrire, à la première personne, comment la passion du jeu emporte Alexeï et par quelle gymnastique mentale il arrive à lui donner une dimension quasi divine et s'y perdre. On a là le portrait d'un homme qui se voit glisser petit à petit en enfer mais qui est incapable de résister. Un homme qui se laisse emporter par l'absurdité de ses désirs, que ce soit à travers le jeu mais également à travers ses relations amoureuses avec des femmes dominatrices et ambivalentes. Il est intéressant de voir comment l'auteur juxtapose ces deux faiblesses chez son personnage. Il nous dresse le portrait d'un homme à la psychologie complexe, en insistant évidemment sur toutes ses failles, un anti-heros typique de Dostoïevski. Tout ce qui tourne autour du jeu est magnifiquement bien décrit, j'ai eu par contre un peu plus de mal à comprendre les liens d'engagements, financiers ou autres, qui lient les différents personnages entre eux, quelles sont précisément les motivations de chacun ? Tout cela est donc un peu confus, mais c'est assez classique pour moi avec cet auteur et cela ne m'a pas empêché d'être emporté par la puissance du récit. J'ai également trouvé certains personnages secondaires un peu caricaturaux, surtout quand il s'agit de mettre en avant l'âme russe par rapport aux autres nationalités, ce qui est une thématique classique de l'auteur. Pour finir cela reste un bon roman pour aborder cet écrivain, les principaux ingrédients y sont, mais étant bien plus court, il n'a forcément pas la même puissance et cohérence que ses oeuvres phares.

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"Oui, il arrive que l'idée la plus folle, la plus invraisemblable, s'affirme dans votre esprit avec une force telle que vous en arrivez à la croire réalisable... Bien plus, si cette idée est conjuguée avec un désir violent, passionné, vous finissez parfois par la prendre pour une chose fatale, nécessaire, prédestinée; cela ne peut pas ne pas être, cela ne peut pas ne pas se produire !"
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