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Critique de Laureneb


Une très jolie nouvelle, qui montre toute la profondeur et la richesse de l'oeuvre de Dostoïevki. Je m'aperçois au fil de mes lectures que le passage de l'enfance à quelque chose qu'on n'appelle pas encore l'adolescence au XIXème siècle, mais qui est une étape entre l'insouciance première et les plaisirs et les peines de la vie d'adulte, est une thématique explorée dans plusieurs oeuvres de l'auteur, sans forcément être centrale, mais bien présente. le jeune Kolia dans l'Idiot est une figure très positive, le seul avec Véra, elle aussi assez jeune, à l'aimer vraiment pour ce qu'il est de façon désintéressée. Dans les Frères Karamazov, plusieurs chapitres évoquent la cruauté des collégiens, le harcèlement scolaire - autre thème anachronique, mais aussi leur grandeur d'âme, leur charisme et leur intelligence avec un autre Kolia.
Ici, c'est la découverte des sentiments amoureux, voire du désir, qui est au coeur du texte - dans son dernier roman, Nétocha Nezvanova, Dostoïevki explorera aussi ce moment de transformation de l'enfant, du point de vue féminin cette fois.
Il y a donc une douceur, une tendresse pour ce petit personnage, trop jeune pour déjà aimer, déjà désirer - sans qu'il le formule lui-même, il y a bien un désir érotique qui commence à se manifester chez le Narrateur, déjà jalouser, et déjà souffrir. Comme dans toute romance, il y a l'idéalisation de la femme, les premières paroles qui font bafouiller, les rougeurs, les jalousies, les souffrances. Je l'ai lu en partie comme un roman courtois, Mme M* apparaît comme la Dame inaccessible, pour laquelle le Narrateur est prêt à tous les exploits, à toutes les humiliations ; il se compare lui-même à un chevalier, et il n'y a pas loin du poney du Narrateur à la charrette de Lancelot... C'est aussi un conte, sans indice sur le lieu et l'époque, qui se passe dans un château hors du temps, habité de belles dames et de beaux messieurs, d'un ogre aussi - le mari jaloux. Tout est fait pour le plaisir, et dans cette atmosphère de sensualité et de rires, le Narrateur découvre lui-même la volupté d'aimer et de souffrir d'aimer.
Une jolie et tendre découverte.
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