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Citations sur Dieu n'est même pas mort (12)

Nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours, ou nous rappelons le passé pour l’arrêter comme trop prompt, si imprudents que nous errons dans les temps qui ne sont point nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient, et si vains que nous songeons à ceux qui ne sont rien, et échappons sans réflexion le seul qui subsiste.

Pascal, Pensées. ( p 7)
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Entre l’adolescence et aujourd’hui le temps ne s’est pas arrêté. Mon corps est devenu flasque, plus extensible et pourtant moins souple, mes cheveux ont disparu et mon souffle s’est ralenti, mes Yeux se sont un peu creusés, quelques cicatrices sont apparues et à l’intérieur tout est moins synchrone. Je vois bien que le temps existe, pourtant les quinze dernières années se sont écoulées sans moi. Aujourd’hui il n’y a plus personne pour me parler et me rappeler, fallait-il que tout le monde soit mort pour que je commence à vivre ? (p 11)
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page 130
[...] Lorsque Piotr lisait tout le monde écoutait : " (...) En quelle année ? Comptez vous-mêmes. En quel endroit ? Devinez-le. Sur la grand-route, quelque part, sept moujiks se sont rencontrés : sept moujiks du département de Licol, du district de Souffre-Douleur, du canton de Plus-Rien-Dedans, des villages avoisinant de Rapiécé, de Troué, de Déchaussé, de Frissonnant, de Brulé, de Terre-Affamée comme de Pauvre Blé, se sont rencontrés et discutent : "Pour qui fait-il bon vivre, qui vit libre en Russie ?" Romain dit : "Le propriétaire." Damien dit : "C'est le fonctionnaire." "Le pope", dit Lucas. "Non ! Le marchand gras de la panse ! disent les deux frères Goubkine, Ivan et Mitrodore. L'air concentré, le vieux Pakhom prononce en regardant par terre : "Notre seigneur le boyard, le ministre du souverain." Et Prove dit : "Non, aucun de ceux-là; c'est le Tsar." [...]
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Ma grand-mère n’avait aucun humour, sa perversité était morbide et méchante. Si la bague est cachée, c’est dans un endroit qui fera sens. ….
….Ce n’est pas une illusion, elle est là, brillante, couchée au fond des toilettes comme une pierre phi1osophale que je n’espérais plus voir. Sans réfléchir, sans hésitation, je m’agenouille, je plonge ma main dans l’eau et je sors ce bijou serti de diamants en argent véritable. Je l’avais presque oubliée. Je recule et m’adosse au mur. Je ne comprends pas. Comment s’est-elle retrouvée là ? Toute notre famille plongée au fond d’une cuvette de toilettes. (p 163.../...244)
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Ce matin pourtant l’un d’eux s’est arrangé pour passer le parcours du combattant de mon labyrinthe cérébral. Ce matin un rêve est sorti des limbes traversant les crématoires de l’oubli pour venir frapper des mots. Ce matin je me souviens. ( p110)
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Ce chiffres six millions, c’est un de mes premiers souvenirs, à deux ou trois ans, quatre peut-être. Aux yeux de ma mère, il était capital que je sache qu’un jour six millions de personnes, plus toute ma famille polonaise, sont mortes par la faute des Allemands. Les explications n’ont jamais été beaucoup plus loin. (p104)
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Comme lui, je ne sais pas lire et maintenant entre moi et l’horreur il n’y a aucun mot. Je ne suis pas mort, je respire, ça doit vouloir dire qu’il y aura encore des jours à venir. J’ai dix-neuf ans. (p125)
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Le passé n’est pas mort ; il n’est même pas passé. Nous le retranchons de nous et faisons mine d’être étrangers.
Autrefois, le temps, les gens avaient la mémoire plus agile : une présomption, au mieux une allégation qui n’est vraie qu’à moitié. Une nouvelle tentative pour te retrancher. Peu à peu au fil des mois, le dilemme a pris forme : demeurer sans voix ou vivre à la troisième personne, telle semble être l’alternative. L’un des termes est impossible, l’autre donne le frisson.
Christa Wolf, Trame d’enfance. ( p 9)
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Les Russes ne voulaient pas de juifs, ils ne voulaient que nos bras et nos jambes. Nous ne disions rien par habitude, par soumission et finalement par manque de force. Nous nous sommes battus mais nous n’avons jamais gagné, ni un centimètre, ni rien. La guerre était comme perdue d’avance. Les Allemands face à nous semblaient rire et marcher et tirer et jamais manquer leurs cibles. Pour les Russes ces défaites étaient incompréhensibles, leurs forces, leur sens du sacrifice, l’obstination de chacun pouvaient conduire à un échec. (p126)
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Je roule et je peux rappeler à moi les mots de ma grand-mères - puisqu’elle ne les prononcera plus. L’histoire et la mémoire peuvent enfin prendre leurs aises, je peux faire partie de cette famille maintenant qu’il n’y a plus de témoin gênant et insupportable et méchant et aigre et pénible.
(p 182)
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