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Critique de le_Bison


J'ai remis à plat mon existence. Aujourd'hui, j'arrête les clopes. Demain, j'arrête l'alcool. Après-demain, j'arrête les clopes. Oublie l'alcool, le réveil sonne la tête dans le cul, la bringue de la veille à te foutre la nausée. Tout avait pourtant bien commencé dans cette piaule abandonnée. Des caisses de bières laissées pour mon compte, une vieille platine disque. Un vinyle sous la poussière. Je souffle dessus, lâche le diamant, la musique abonde dans la moiteur exigüe et la puanteur de cette chambre. Quatre garçons dans le vent. Mais… mais… ce ne sont pas les accords originaux. Un album qui ressemble à deux gouttes de whisky à « Let it Be », sauf qu'aucun Islay ne ressemble à un autre Islay, aucun Speyside à un autre Speyside… Mais d'où sort cet album, d'une autre dimension. Musique de générique, si fidèle à mon enfance, les images en noir et blanc. Je rentre dans la quatrième dimension. Une dimension où les albums des Beatles ne sont pas tout à fait les mêmes albums que ceux de mon habituelle dimension. Faut-il vraiment que j'arrête la tourbe dans mon verre.

Le temps de m'en resservir un, de mettre un caleçon propre, et descendre dans la rue pour aller m'acheter un paquet de Marlboro, le cowboy solitaire qui chevauche les plaines à la recherche de sa propre solitude et de son profond bien-être. Personne, pas un chat, noir ou gris, dans les rues, ni même dans la laverie automatique. Deux pièces dans la machine, mon caleçon à laver, programme délicat. Un bus s'arrête, un type plus vieux et plus gros, dans un costume presque grotesque, blanc avec des franges, une banane à la Dick Rivers. Je reconnais ce gars-là, il s'appelle Elvis dans mon inconscient, mais que fait-il ici, dans ce trou du cul du monde et du Minnesota. Un congrès sans fan. Tristesse d'un déchu devenu vieux et gros. C'est la vie, ma putain de vie. Un homme qui vieillit, même avec une guitare, cela change la vision du rock'n'roll. Et quand je rencontre Janis et Jim en coulisses, je me dis qu'il est temps que je change de dimension.

La peau grisâtre, comme sorti d'un tombeau de Toutankhamon. Les bandelettes qui pendent encore de sa veste à franges. le regard perdu, l'oeil droit hagard, le gauche je ne t'en parle même pas. Un trou perdu de la campagne anglaise, mon Westfalia naviguant de pubs en distilleries. J'hésite à m'arrêter sur le bord de la route et prendre ce zombi, pouce levé, guitare dans le dos. Après-tout, il pourra me décapsuler les canettes lorsque je serai au volant. Derrière ce type, pourtant, une nuée de serpents qui glissent entre ses jambes. Putain d'hallucinations morbides. Il s'installe à l'arrière, à deux doigts de chialer comme une madeleine ou pire une gonzesse romantique. Pourtant, il n'est pas seul, j'ai la vision d'une nuée de groupies suivies par une nuée de roadies déambulant dans la fraîcheur brumeuse londonienne d'une nuit parsemée d'étoiles. Arrêt dans un bar, je demande un verre d'anis étoilé au comptoir. Les serpents glissent entre les tabourets et les flaques de bière éventée. Je vais aux chiottes, une piqûre, je respire, les serpents fuient dans leur nid, je reprends la route, sans zombi. Juste une musique dans la tête, ou dans le haut-parleur de ma caisse, une vieille cassette de Jimi.

Des grands noms de la SF anglo-saxonne, des spécialistes de la dystopie ou autre fantasy fantastique comme Michael Moorcock, Walter Jon Williams, Michael Swanwick, Ian R. MacLeod ou autre Stephen Baxter. le déhanché n'est pas mon fort, les Beatles pas trop mon truc, mais c'était avec une certaine curiosité de voir se mélanger la SF avec le bon vieux rock'n'roll que j'ai entamé ce recueil de nouvelles dans un monde qui n'est pas tout à fait le mien. Et s'il ne faut pas avoir de connaissances ardues dans la SF pour partager ces mondes-là proposés par de grands auteurs fictionnels, il vaut mieux avoir une bonne base en matière de scarabées ou de garçons dans le vent. Ce qui m'a profondément manqué, notamment dans la première histoire, le 12ème album des Beatles qui n'aurait jamais été produit dans notre monde à nous, moi qui ne pensait que les Beatles n'étaient l'auteur que d'un seul album, le Sergent Pepper's Lonely Heart Club Band, seul album à survivre dans ma dimension propre. Par contre, le Elvis perdu dans un bled perdu du Minnesota ou le Jimi Hendrix revenu des morts, là ça en jette plus à mes yeux et mes esgourdes.

«Alternative Rock », Et si John Lennon avait quitté le groupe avant la folie des Beatles ?
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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