Comment pourrais-je expliquer l'isolement dans lequel on nous tenait confinées ? On savait tout, mais aucune information n'était fiable, confirmée. On n'arrivait pas à le croire, même si cela se passait tout près de nous. Ou, si on le croyait, on refusait d'y penser plus longtemps, de peur d'être anéantie. On n'accordait foi qu'à ce que l'on voyait. Cet aveuglement volontaire serait-il justement ce qu'on nomme instinct de conservation ?