Cyril a fait ses classes dans la plus grande école publique du crime :la prison.
Une bande de sans cerveau
à capuche à investi le salon aux aurores - vers treize heures du matin.
Une manette PS4 greffée à la main, avec un joint au bec en guise d'immunosuppresseur,les yeux rivés sur la FIFA 2018
Pour Ousmane, le Code de la route est une rumeur, une légende dont quelqu'un il y a longtemps lui a vaguement parlé.
Pour lui, l'écologie est une rumeur propagée par des hippies altermondialistes visant à faire culpabiliser les honnêtes travailleurs qui, contrairement à eux, ont réussi dans la vie.
C'est en forgeant que l'on devient forgeron ;c'est en écrivant que l'on devient écrivain ;c'est en tuant que l'on devient tueur en série.
P22 : "son deux roues se faufile partout dans la circulation, zigzaguant, s'insinuant : il file dans les rues tel un Bip Bip urbain motoridsé avec, en guise de Coyote, la faim insatiable des clients intransigeants. Sesn interdits. Piste cyclable. trottoirs. Pour Ousmane, le code de la route est une rumeur, une légende dont quelqu'un, un jour, il y a longtemps, lui a vaguement parlé.
Ludovic émerge dans les allées Jean-Jaurès. Tourne vers la médiathèque. Prend le boulevard de la Gare. Puis l’avenue de la Gloire. Direction Balma.
Direction la sortie 16.
Le SUV s’arrête au feu rouge du carrefour. Ludovic est en pleine introspection. Il pense à l’état dans lequel il retrouvera sa femme, aux futures remontrances, aux clients du lendemain, à cette femme de ménage, immigrée du trou du cul de l’Afrique, et au vacarme qu’elle a foutu en nettoyant la moquette du cabinet. C’est à cause d’elle qu’il n’a pas pu boucler son dossier, fulmine-t-il, le regard perdu dans l’obscurité du pont qui soutient le périphérique. Il fait abstraction de ce qui se déroule à une dizaine de mètres.
Soudain, une détonation. Une jeune femme s’écroule. Un enfant hurle. Un scooter pile. Un utilitaire lui coupe la route. Un autre véhicule atteint le carrefour.
Ludovic accélère. D’instinct. Sans réfléchir. Pied au plancher.
Il prend la fuite. Sans un regard en arrière.
Les êtres humains sont tous les mêmes, en fin de compte. Effritez leur quotidien, assaisonnez avec une goutte d'anarchie et leur instinct bestial reprendra le dessus sur des siècles de conditionnement instauré par les doctrines de la civilisation. Ils sont tous pitoyables. Pathétiques. Prévisibles. Des animaux.
Météo France a annoncé de la neige sur Toulouse, mais aucun flocon n’est encore tombé sur la ville rose. Une ville rose qui, après des mois de terreur, est passée au rouge. Rouge comme les joues de la joggeuse. Rouge comme son smartphone qui la géolocalise, qui calcule la distance qu’elle a parcourue et, approximativement, enregistre ses paramètres vitaux. Rouge comme les écouteurs de son iPod intemporel qui lui balance la voix mélancolique d’Ed Sheeran dans les oreilles.