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Critique de Danage


La mélancolie, Jean-Paul Dubois la mêle à la douceur de vivre, malgré l'amertume du poids des reproches. L'entame est dramatique, sa fille meurt dans un ascenseur qui s'écroule. le style, lui reste très très haut. Décalage entre le ton et le fond, de culpabilité, de ressentiment. Drôlerie des moments de folie volés à ceux qui en manquent.


Devenu promeneur de chiens, Paul (évidemment) participe même à une compétition.
« Pour moi, le spectacle de toutes ces disciplines est en soi une souffrance, un châtiment que l'on ne devrait infliger qu'à des délinquants multirécidivistes ».

« Je vous préparerai quelque chose, une solution buvable que vous prendrez une heure avant le début de la compétition. Et je peux vous garantir qu'ensuite vous serez aussi détendu et relaxe qu'une olive dans un verre de Martini ».


Il s'éloigne d'Anna, sa femme et de leurs deux fils.

« Je n'éprouvais aucun sentiment majeur. Tout se valait ou ne valait rien. Ma mémoire était un vieil accessoire dont j'avais oublié jusqu'à la raison d'être ».

« La vie, ce sport individuel qui mériterait, pour peu que l'on considère l'absurdité de ses règles, d'avoir été inventé par un Anglais bipolaire, avait assez d'humour pour laisser à des chiens, dont je ramassais ce que l'on sait, le soin de me redonner une petite part de la confiance et de la douceur dont la plupart des miens m'avaient depuis longtemps privé ».

« C'est ainsi que vécûmes, famille désarticulée, petits Français de l'intérieur, coincés entre le leasing de nos voitures et les escalators du progrès, gravissant quelques marches sociales pour les redescendre aussitôt, enterrant nos parents avant de dépenser leurs assurances-vie, voyant grandir nos enfants et défiler les années, comme les bovins regardent passer les trains, jusqu'à la fin».

« Quelle que soit l'ampleur de nos coupes, année après année, tel un lierre têtu et dévorant, lentement, notre mémoire nous tue ».

« Vivre ensemble. C'était déjà impossible de coexister avec sa propre famille. La vie était un sport individuel. On pouvait mourir ensemble dans un ascenseur. Pas y vivre. Supporter l'autre était toujours un supplice intime. Surveiller son territoire. Recalculer sans cesse. Pour le reste, les chiens chiaient. Et voilà tout ».

« Je suis fatigué, Anna. Fatigué de voir que tu ne comprends rien à rien, que tu ne vois rien. Tu m'emmerdes avec tes alarmes et tes univers à haut potentiel. Je ne comprends plus rien à ce que tu dis ni à ce que tu vis. La seule chose qui me paraisse encore vivante dans cette maison, ce sont les cendres de ma fille».

Les dentistes ne sont pas épargnés (naturellement)

« Il faut dire que j'appartiens à une génération dont les soins bucco-dentaires furent confiés à une congrégation d'arracheurs de dents, au sens premier du terme, un gang de tortionnaires opérant avec des armes mal dégrossies et des produits anesthésiques élaborés par des officines vétérinaires ».
Aujourd'hui, je dois le reconnaître, les choses ont changé et les dentistes sont devenus des êtres humains comme les autres ».


Il se lie d'amitié avec le représentant de l'assurance de l'ascenseur qui n'a plus de secret pour lui.
« Il convient de ne jamais perdre de vue qu'on ne construit pas un ascenseur dans un immeuble, mais un immeuble autour d'un ascenseur. Il est au centre de tout. C'est lui qui simplifiera votre vie ou au contraire la transformera en enfer.


Un livre doux-amer, parfois irrésistiblement drôle, magistralement adapté au cinéma. D'autres livres de Jean-Paul Dubois l'ont été, mais ce film-là est très au dessus, porté par l'ascenseur, peut être.
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