AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de TerrainsVagues


Je me suis souvent demandé après une lecture de roman ou après celle de certains billets sur babel, ce qui poussait certains auteurs à écrire. Quelle part font-ils à leur imagination, à leur vécu, à leurs fantasmes, à leurs névroses? Quel plaisir prennent-ils à coucher sur papier des ambiances lourdes, oppressantes, déprimantes. Est-ce une sorte de thérapie? Une façon d'exorciser ses démons?
Je ne parle pas là de bouquins d'horreur même si là aussi je me suis toujours demandé ce qui se passe dans la tête du mec qui se dit je vais pondre une histoire où un expert comptable aigri va découper son entourage avec un couteau à beurre, mais c'est un autre sujet.
Une année sous silence fait partie de ces livres qui me font me poser ce genre de questions.
Chaque lecture a semble-t-il son moment alors avant de donner mon ressenti, j'aimerais dire que si vous êtes en période de déprime, oubliez ce titre. Si votre vie affective est parsemée de cicatrices pas tout à fait refermées, attendez des jours meilleurs avant d'envisager d'intégrer ce bouquin dans votre pile à lire.

Dès les premières pages, une image m'est apparue. Celle de Simone Signoret et Jean Gabin dans le chat.
Un couple à bout de souffle où l'aigreur est travestie en société et réapparait sous forme de méchanceté gratuite dans le huis clos du tête à tête. le décor est planté, Anna se suicide, Une année sous silence commence.
Jean-Paul Dubois va nous faire plonger dans les pensées les plus troubles de Paul. Pas toujours facile d'être témoin de la déchéance de quelqu'un, même à travers un livre. Certaines pages peuvent mettre mal à l'aise. Pas par des descriptions scabreuses car on est loin de ce genre de voyeurisme dans ce roman mais par une ambiance qui flirt parfois avec le malsain. On oscille entre une misère sexuelle nouvelle venue et un goût de plus en plus modéré pour le genre humain. On est bousculé par cette relation qui draguait le sado masochisme psychique entre Anna et Paul et cette envie de Paul de rejoindre sa femme dans les flammes (pourtant la flamme s'était éteinte entre eux, elle a pas eu de bol pouf pouf, c'était pour détendre un peu l'atmosphère).
Cette descente dans les abysses de la déprime va conduire Paul à jouer avec le feu. La roulette russe avec un psychiatre en se murant dans le mutisme n'est pas forcément l'idée du siècle pour retrouver goût à la vie.
La fin bien flippante quand on y pense (non il ne trucide personne) serait un excellent début pour un thriller psychologique et amène à se poser des questions. Nous sommes à la merci de n'importe qui et le monde est à notre merci.

Ce n'est pas le genre de livre que j'enchaînerais les uns après les autres mais de temps en temps, ça ne fait pas de mal de changer d'horizons. L'écriture est fluide et malgré l'absence totale de poésie, le sujet ne s'y prêtant pas forcément, j'ai été emporté.
Si tout va bien pour vous, n'hésitez pas, au pire vous vous rassurerez sur votre équilibre psychique.
Merci Louis pour le prêt et pour m'avoir sorti de ma zone de confort.
Commenter  J’apprécie          4912



Ont apprécié cette critique (47)voir plus




{* *}