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EAN : 9782757888766
192 pages
Points (20/05/2021)
3.4/5   136 notes
Résumé :
Paul Miller s'est coupé du monde.
Le déclencheur: le suicide de sa femme, vécu comme une dernière provocation. Installé dans son nouvel appartement comme une bombe à retardement, il épie ses voisins, tourmente sexuellement les jeunes femmes, harcèle un curé libidineux, révère une strip-teaseuse qui brise des vitres avec ses seins, et a totalement renié ses enfants. Mais surtout il se tait. Une année va passer, d'événements drôles en scandales, sans que nul ne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Je me suis souvent demandé après une lecture de roman ou après celle de certains billets sur babel, ce qui poussait certains auteurs à écrire. Quelle part font-ils à leur imagination, à leur vécu, à leurs fantasmes, à leurs névroses? Quel plaisir prennent-ils à coucher sur papier des ambiances lourdes, oppressantes, déprimantes. Est-ce une sorte de thérapie? Une façon d'exorciser ses démons?
Je ne parle pas là de bouquins d'horreur même si là aussi je me suis toujours demandé ce qui se passe dans la tête du mec qui se dit je vais pondre une histoire où un expert comptable aigri va découper son entourage avec un couteau à beurre, mais c'est un autre sujet.
Une année sous silence fait partie de ces livres qui me font me poser ce genre de questions.
Chaque lecture a semble-t-il son moment alors avant de donner mon ressenti, j'aimerais dire que si vous êtes en période de déprime, oubliez ce titre. Si votre vie affective est parsemée de cicatrices pas tout à fait refermées, attendez des jours meilleurs avant d'envisager d'intégrer ce bouquin dans votre pile à lire.

Dès les premières pages, une image m'est apparue. Celle de Simone Signoret et Jean Gabin dans le chat.
Un couple à bout de souffle où l'aigreur est travestie en société et réapparait sous forme de méchanceté gratuite dans le huis clos du tête à tête. le décor est planté, Anna se suicide, Une année sous silence commence.
Jean-Paul Dubois va nous faire plonger dans les pensées les plus troubles de Paul. Pas toujours facile d'être témoin de la déchéance de quelqu'un, même à travers un livre. Certaines pages peuvent mettre mal à l'aise. Pas par des descriptions scabreuses car on est loin de ce genre de voyeurisme dans ce roman mais par une ambiance qui flirt parfois avec le malsain. On oscille entre une misère sexuelle nouvelle venue et un goût de plus en plus modéré pour le genre humain. On est bousculé par cette relation qui draguait le sado masochisme psychique entre Anna et Paul et cette envie de Paul de rejoindre sa femme dans les flammes (pourtant la flamme s'était éteinte entre eux, elle a pas eu de bol pouf pouf, c'était pour détendre un peu l'atmosphère).
Cette descente dans les abysses de la déprime va conduire Paul à jouer avec le feu. La roulette russe avec un psychiatre en se murant dans le mutisme n'est pas forcément l'idée du siècle pour retrouver goût à la vie.
La fin bien flippante quand on y pense (non il ne trucide personne) serait un excellent début pour un thriller psychologique et amène à se poser des questions. Nous sommes à la merci de n'importe qui et le monde est à notre merci.

Ce n'est pas le genre de livre que j'enchaînerais les uns après les autres mais de temps en temps, ça ne fait pas de mal de changer d'horizons. L'écriture est fluide et malgré l'absence totale de poésie, le sujet ne s'y prêtant pas forcément, j'ai été emporté.
Si tout va bien pour vous, n'hésitez pas, au pire vous vous rassurerez sur votre équilibre psychique.
Merci Louis pour le prêt et pour m'avoir sorti de ma zone de confort.
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Paul Miller est au bord du goufre, ou sur un filin au dessus du vide, au choix.
Sa femme s'est suicidée de façon abominable et Miller vit reclus sur lui-même, la folie est là, latente, muré dans le silence son comportement devient incompréhensible pour ces enfants qu'il rejettent, pour son psy qui risque à son tour de consulter tant le silence de Miller lui est insupportable. A quoi joue Miller ?
L'on retrouve dans ce roman tout se que j'aime chez Dubois, cette vision terrifiante de la vie, entre dépression, humour et cynisme. Et puis, ce style plein de charme, qui nous fait rire de choses tragiques, Dubois distille une petite musique que l'on savoure souvent avec amusement. C'est sa marque de fabrique, et c'est drôlement réussi.
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Une histoire triste et déprimante qui raconte l'histoire d'un homme triste et déprimé.
Je l'avais déjà lu, mais oublié (un signe ?
Je l'ai relu ; des bribes me sont revenues.
Ce n'est pas un livre à lire quand on a l'esprit morose. Cet homme est désespérant, et tellement préoccupé par son sexe.
L'écriture est facile et coule bien, heureusement !.Mais je me dis qu'il y a tellement de plus belles histoires à raconter.
Les livres de Jean-Paul Dubois, c'est tout ou rien. Soit j'aime tout de suite, soit je m'ennuie, et ça a été un peu le cas ici.
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N°1646– Juin 2022

Une année sous silenceJean-Paul Dubois – Éditions Points.

Dès les premières pages de ce roman, il m'est revenu en mémoire cette citation de François Nourissier « Les hommes et les femmes qui sont faits l' un pour l' autre n'existent pas » C'est sans doute une évidence, même si elle va à l'encontre de toutes les choses fausses qu'on débite à l'envi à propos du mariage mais que les événements se chargent de contredire.
Entre Paul et Anna, la cinquantaine tous les deux, le mariage n'est qu'un décor et on sent bien qu'entre eux rien de subsiste de ce qui jadis les a uni ; mal marié, il se sent de plus en plus étranger dans sa propre maison mais continue sa vie et l'idée de la mort s'installe petit à petit. C'est cependant Anna qui choisit le suicide, peut-être associé à la folie. Dès lors on pourrait imaginer Paul libéré et profitant de la nouvelle vie qui s'offre à lui comme une revanche. Que nenni, c'est la solitude qu'il adopte et sa réaction est une mélange de timidité, de procrastination, de regrets, de fantasmes, de coups de folie névrotiques et parfois libidineux, de fatalisme, une sorte de retrait définitif du monde où il n'aurait pas sa place. En réalité, je l'ai ressenti comme un malheureux sur qui s'acharne le destin et qui, quoiqu'il fasse, sera toujours la proie de la malchance. Il continue de vivre sa vie comme une épreuve qu'il n'a pas choisie mais qu'il subit en silence, se disant que, heureusement, tout cela aura une fin qu'il attend en se demandant quand et comment elle arrivera.
Il est obnubilé par son sexe, fasciné par le corps des femmes qui se confond dans son esprit dans l'image de la mère et de la femme, donnant à leurs seins deux fonctions bien différentes, la nourriture pour l'enfant et le plaisir pour l'homme. Il est aussi obsédé par la mort, celle des autres, à la quelle il assiste avec un mélange de d'indifférence et d'attirance et qui confine par moments à la nécrophilie. Il ne se contente pas de vivre en dehors du monde à la manière d'un délirant, il se venge en quelque sorte sur la société en choisissant des représentants emblématiques, un prêtre débauché et parjure qu'il espionne et tracasse, un psychiatre qu'il harcèle et mystifie. Ils sont l'incarnation de son rejet de la société comme les femmes le sont de son obsession sexuelle. Ils sont aussi l'image de ce qu'il abhorre dans le monde extérieur qu'il refuse, une sorte de manifestation de l'hypocrisie et du mensonge. Pour atteindre son but il se sert de leurs propres armes, la confession et la pseudo-guérison par la parole, ce qui prouve qu'il reste maître du jeu en choisissant, et lui seul, de rompre son silence. Il est aussi tourmenté par le souvenir d'Anna, non que son absence lui pèse, mais il ne manque jamais aucune occasion de régler avec elle, par personnes interposées ou dans le silence de lui-même, tous les comptes qu'il n'a pas eu l'opportunité ou le courage de solder avec elle de son vivant. Il remodèle son histoire et son quotidien personnels à l'aune de sa volonté, même si cela n'est que la manifestation de son imagination malsaine et n'a aucune chance de se réaliser, mais cette démarche atteste qu'il est à la fois conscient mais impuissant devant la réalité.
J'ai retrouvé avec un réel plaisir l'écriture fluide de Jean-Paul Dubois dans ce roman intimiste qui me parait réaliste tel qu'il est présenté. Certes Paul est déprimé, mais avec ce qu'il vit et a vécu, comment ne le serait-il pas ? Tout a foiré dans sa vie, qu'elle soit familiale, amoureuse, personnelle ou professionnelle et si ce séjour psychiatrique dans le silence volontaire a duré une année, il n'a été qu'un intermède dans sa vie dévastée et quand il croisera le regard vide de la camarde ce sera une libération. Il entre de plain-pied dans la folie délirante et criminelle certes, mais celle-ci succède à une période de lucidité, de prise de conscience du dérisoire, du transitoire et surtout de l'ordinaire de sa vie, qu'il exorcise comme il peut par cette période de silence.
Ce roman me paraît non seulement juste mais aussi correspondre à l'authentique perception de l'espèce humaine.
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A mon avis ... il est parti pour plus d'une année sous silence ....
Paul Miller dijoncte suite au suicide de sa femme dans lequel elle a condamné aussi son chien . Un suicide atroce, puisqu'elle choisit de mettre le feu à leur maison, d'attacher son chien et de s'immoler avec.
Paul ne peut qu'assister à la scène et il ne s'en remettra pas ...
La force de Jean Paul Dubois est d'arriver à nous faire entrer ds l'univers mental de Paul Miller. On glisse lentement avec lui dans la folie, sans pour autant comprendre et jusqu'à la fin , on ne comprendra pas.
Bien sur le suicide de sa femme est le détonateur mais j'ai bien compris, entre autre lorsque les fils de Paul viennent le voir, que Paul était déjà au bord du gouffre.
Qd on a côtoyé quelqu'un qui va très mal, on se demande toujours pourquoi et qu'est ce que je peux faire pour lui. On en trouvera pas de réponse dans ce livre sauf qu'on ne peut rien faire pour lui, rien du tout . Paul est inaccessible, c'est trop tard, il a quitté le monde des vivants , de la norme même hors norme, de la communication, il ne comprends plus ce qu'on lui dit, il ne sait plus décoder les signes, il ne fait qu'interpréter et il se trompe sur toute la ligne sauf que son interprétation rend cohérent son monde et sa souffrance. Il reste accroché à ça comme son chien l'a été par sa femme a un poteau de la maison avant qu'elle ne mette le feu ...mais il n'a rien compris et c'est ça qui le rend dingue....
C'est un livre incroyable de justesse. Jean Paul Dubois ne franchit jamais la ligne rouge. Jamais il ne le juge, il expose, il décrit. C'est parfois difficilement supportable. Entre autre la façon dont il parle de ses enfants, des femmes, du sexe mais c'est son monde, c'est comme ça et Jean Paul Dubois est un peintre de l'âme même lorsque les couleurs ne sont pas jolies,
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Dans nos conversations, Benson me reprochait souvent de ne pas croire en moi. Si je ne crois pas en moi c'est que je n'ai aucune aucune estime pour l'espèce dont je fais partie, aucune fascination pour la vie. Je crois que, les derniers temps, Anna a eu une conscience aigüe de ces choses. Si, à la fin, elle ne me voyait même plus, c'est que je n'existe pas davantage qu'un insecte, parce que je suis aussi anecdotique qu'un protozoaire. Nous ne sommes pas le fruit d'une édition respectable. Dans ce monde, nous ne devrions jamais dormir deux fois au même endroit. Nous devrions seulement nous préoccuper de fuir devant la neige, la pluie ou les prédateurs, ne nous encombrer d'aucun attachement, d'aucune famille, ne pas procréer, ne rien posséder et n'avoir qu'une obsessionnelle pensée : contribuer dans la mesure de nos moyens à la disparition de l'espèce. C'est cela qu'Anna a essayé de me dire pendant plusieurs mois. Son but était ontologiquement juste. Disparaître tant qu'il est encore temps, tant que cela est encore possible, et surtout brûler, tout brûler derrière soi pour que jamais une évolution semblable à la nôtre, une pitrerie aussi prétentieuse, n'infeste le néant. L'idée de Dieu ne compte pas, seule importe l'altération que nous représentons face à la perfection du vide.
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-Tu sais, souvent avec Thomas on parle de toi. On se demande comment tu vis. On a pensé à t'appeler plusieurs fois . Et puis tu sais ce que c'est...
Non, je ne sais pas. Moi, quand je veux téléphoner, je décroche le combiné et je fais le numéro , c'est tout. Et à l'autre bout généralement quelqu'un répond. Rien n'est plus simple. Vous avez déjà des tournures de phrase de vieillards. Vous êtes prétentieux, prévisibles et menteurs.
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Je suis fatigué de toutes ces luttes improductives. [...] Je ne vais pas au bout des choses. Je n'aurais jamais été capable d'être un bourreau. Je me contente seulement d'un peu de souffrance. Je peux tourmenter une âme, je suis incapable de couper une tête. C'est une infirmité.
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Vous voulez savoir si je vais bien ? Jugez-en par vous mêmes. Vous souhaitez profitez du beau temps et passer trois jours à la plage ? Fort bien, le front de mer est plein d'hôtels. Vous me demandez si votre mère me manque ? C'est très gentil à vous d'être venus.
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Il est plus facile de rebâtir des murs que d'édifier des rapports humains durables. Le délabrement de l'âme et de la chair précède de beaucoup celui de la pierre.
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Vidéo de Jean-Paul Dubois
Dans son dernier ouvrage intitulé "L'Origine des Larmes", Jean-Paul Dubois plonge ses lecteurs dans une histoire aussi sombre que captivante. Ce roman dépeint le destin tragique de Paul, un homme d'âge mûr, en proie à un passé familial tumultueux. le titre même du livre évoque la douleur et la souffrance qui parsèment le récit.
Paul, le protagoniste, est tourmenté par les sévices infligés par son père, un individu toxique et sadique nommé Thomas Lanski. Pour se venger des années de souffrance endurées, Paul commet l'impensable : il tente d'assassiner son père. Cependant, le destin en décide autrement, car au moment où Paul déclenche son arme, son père est déjà décédé.
Déterminé à accomplir sa vengeance, Paul transporte le corps de son père jusqu'à une morgue en banlieue de Toulouse. Là, dans un acte de défiance ultime contre son géniteur maléfique, il commet l'impensable : il tire deux balles dans la tête du cadavre, mettant ainsi fin à la vie de son père une seconde fois.
Dubois décrit avec une précision déconcertante la noirceur de l'âme humaine à travers les actions de Paul. le lecteur est plongé dans un tourbillon d'émotions, confronté à la cruauté et à la complexité des relations familiales. "L'Origine des Larmes" offre une exploration profonde de la psyché humaine et des conséquences dévastatrices de la vengeance.
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