AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Madame_lit


À Montréal, au Québec, rue Saint-André sur le Plateau Mont-Royal, Samira partage avec J. et Dany Laferrière un appartement. Elle vient de la Kabylie, Dany de Haïti et J. de l'Ontario. Elle est sage-femme, Dany, chroniqueur culturel et écrivain, J. professeur d'arts dramatiques et d'économie à l'école secondaire. En 1995, le Québec est plongé dans un référendum, le groupe Rock et Belles Oreilles se séparent, Les Canadiens de Montréal ne se rendent pas aux séries éliminatoires et Musique Plus occupe les ondes à la télé. Dans cet appartement, 3 colocs vont se découvrir, s'entraider et fêter au rythme des saisons, car la vie s'avère aussi une célébration de tous les hauts et les bas.

Mes impressions

Tout d'abord, je dois dire que cette histoire m'a beaucoup émue. Elle m'a permis, entre autres, de plonger dans mes souvenirs. Je n'ai pas une bonne mémoire en ce qui concerne les événements que j'ai vécus. C'est pour cela que sur les plaques d'immatriculation des voitures au Québec, il est écrit : «Je me souviens». Alors, en lisant ce bouquin, je me suis souvenue de Fraisinette, des héros de la Bibliothèque Rose, de Oui-Oui, etc. Aussi, j'ai pensé à ma déception lors de l'échec du référendum et la discussion que j'ai eue avec mon père. Il me disait avant de partir fêter en voyant la carte du Québec : «Attends, le vote de Montréal n'a pas encore été comptabilisé». Et il avait raison… À cet égard, ce livre aborde nos échecs identitaires et nos émotions. Ainsi, au lendemain des élections :

«Le lendemain, lors de sa chronique matinale, Dany se permit de citer Toussaint Louverture, héros de l'indépendance haïtienne : [O]n n'a abattu […] que le tronc de l'arbre de la liberté […]. Il repoussera par ses racines parce qu'elles sont profondes et nombreuses.» Difficile d'y croire, les trottoirs étaient jonchés de feuilles mortes. Et si la Déclaration d'indépendance, rédigée par Gilles Vigneault et Marie Laberge, disait : « Voici venu le temps de la moisson dans les champs de l'histoire», force est de constater que les fruits, tombés au sol, pourrissaient. Québec avait perdu sa chance; à Haïti, Aristide allait décevoir les espoirs placés en lui. Quel gâchis. » (p. 130).

J'avais même oublié que Dany Laferrière avait été chroniqueur culturel. Je me souviens maintenant grâce à ce livre de l'avoir écouté à la radio et à la télé.

De surcroît, j'ai remarqué le recours à une pratique intertextuelle dans le récit. L'auteur s'amuse avec de nombreux référants, des allusions et il emploie des procédés ludiques pour faire passer un message. Voici un exemple. Alors que les filles de Dany Laferrière l'attendent pour célébrer Noël, l'auteur mentionne : «Elles comptaient déjà les jours qui les rapprochaient de l'énigme de son grand retour». Il est à noter que Dany Laferrière a publié un roman dont le titre est : L'énigme du retour. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres pour illustrer cette pratique intertextuelle dans l'histoire.

Mais encore, dans le récit, il est question de thèmes comme la paternité, la maternité, l'amitié, l'éducation. le dernier thème m'a beaucoup parlé, car je suis professeure et je le resterai jusqu'à la fin de ma vie même si je suis en congé d'invalidité longue durée. J'ai dédié ma carrière à l'enseignement du français. Alors, j'ai été agréablement surprise de retrouver J. en tant qu'enseignant et ce dernier se sert des mots pour donner de l'espoir à ses jeunes en salle de classe. Il écrit une pièce de théâtre pour tenter de renaître à travers le langage tout comme les 32 êtres blessés à qui il enseigne. C'est touchant… et c'est aussi amusant.

Par ailleurs, dans le livre, j'ai retrouvé mon cher Charlevoix et son fleuve Saint-Laurent, son mont Grand-Fonds, sa beauté, son air salin, ses bélugas, etc.. La tante de J. vit à L'Isle-aux-Coudres et chaque année, J. et son père, lui rendaient visite pour déguster de la soupe aux gourganes ou du sucre à la crème.
Et bien sûr, il y a le grand Dany Laferrière qui apparaît comme un guide, une luciole dans la nuit grâce à sa joie de vivre, son sens de l'amitié, sa passion pour les livres et les mots, sa curiosité, son désir de dépassement et son art de vivre. J'ai adoré que ce dernier se retrouve dans ce livre car j'aime énormément cet écrivain. Vous n'avez qu'à cliquer sur Dany Laferrière pour avoir accès à mon éloge sur lui. Et il y a curieusement le réalisateur de ce dernier qui se prénomme Michel….

Donc, n'hésitez pas à lire Samira, Dany et moi. C'est drôle, c'est touchant, c'est une partie de notre identité qui est là sur le papier.
https://madamelit.ca/2023/10/18/madame-lit-samira-dany-et-moi-de-michel-duchesne/
Lien : https://madamelit.ca/2023/10..
Commenter  J’apprécie          32



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}