Personnne n'a jamais dit que la nature était facile, répond Robert, c'est pour ça qu'on l'appelle Mère.
Père ou non, Robert ne croit pas que les vérités de l'âge adulte s'enseignent. N'est même pas sûr que l'expérience nous apprenne quoi que ce soit - en tout cas son premier amour ne l'a préparé ni pour le second ni pour le troisième.
... il souhaite la nuit, rester assis là, dans son pressing, seul. Même si c'est le cas, ce n'est pas suffisant, ça ne l'est jamais : pas assez sombre, pas assez seul, pas assez lui. Toujours trop de choses, à partager, trop de temps, de pensées, de souvenirs, de lumière. Trop de lumière. Robert est las, il en a assez, jamais il n'aurait imaginé que se défaire de tout pesait autant. (...) Mais la dépossession, le dépouillement ne lui ont pas apporté la délivrance escomptée. Il lui arrive même de penser qu'il n'y aura peut-être jamais de libération, pas d'éclair de soulagement aveuglant lorsqu'il partira. Il espérait mieux, rien de particulier, rien qu'il saurait formuler, simplement mieux. Mais il semble qu'il soit condamné à continuer, à tenir bon, différemment, mais tenir quand même.