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Critique de audelagandre
« Jamais » de Bruno Duhamel c'est l'histoire de Madeleine Proust, la bien nommée, une nonagénaire au caractère bien trempé. Elle vit avec son chat à Troumesnil sur la côte d'Albâtre en Normandie. Son mari a disparu tragiquement en mer, mais Madeleine s'en fiche ! Elle continue à vivre comme s'il était toujours là, à lui parler, à lui préparer à manger. Une vie à deux pourtant bien solitaire…Le maire du village ne cesse d'essayer de convaincre la vieille dame de quitter sa demeure pour aller vivre en maison de retraite. Il faut dire que la charmante maison de Madeleine se trouve à fleur de falaise et qu'avec le réchauffement climatique, la falaise s'érode lentement et la maison se rapproche dangereusement du précipice… Madeleine n'en a cure puisqu'elle est aveugle de naissance. C'est sa maison et elle ne la quittera pas ! « Allez au diable, vous et votre camp de la mort. »
« La vieille s'accroche à sa maison comme une moule à son rocher ! » et la vieille n'a pas l'intention de se laisser faire. Deux ans déjà qu'elle résiste ! Il faut dire qu'elle a quelques arguments dans sa manche pas piqués des vers et qu'elle n'hésitera pas à les utiliser ! « Jamais » elle ne partira. Elle réussit à fiche au maire une peur bleue !
Les dessins de Bruno Duhamel sont de toute beauté. La petite maison du bout du monde de Madeleine donne envie de s'y installer tellement ce petit coin de Normandie est bucolique. C'est là qu'elle a construit son havre de paix avec son mari Jules et qu'elle a tous ses souvenirs… « Jamais » elle ne les laissera ! Madeleine n'est pas aussi sénile que le maire le laisse entendre. Elle sait bien que son Jules est mort. Elle sait aussi que sa maison bouge sur la falaise et que le danger devient chaque jour un peu plus grand… ses hortensias ont déjà dégringolé, elle n'a aucun doute sur ce qui est en train de se passer. « Mais à défaut d'avoir la vue, j'ai visiblement la longévité d'un condamné à mort au Texas… Ça fait des années que je suis dans le couloir, mais je n'arrive pas à trouver la porte. »
La relation qui se noue entre Madeleine et le lieutenant Ouedraogo de la brigade des sapeurs-pompiers est remarquable d'écoute réciproque et de tendresse. « Jamais » ce dernier n'aurait pensé qu'il deviendrait son principal confident et son défenseur le plus acharné. Deux êtres que rien ne devait rapprocher et qui pourtant deviennent inséparables.
Dans « Jamais », les thématiques abordées sont bien plus profondes qu'il n'y paraît… Ce qui rend cette bande dessinée si émouvante réside bien évidemment dans le personnage principal : Madeleine. La solitude des personnes âgées qui ont perdu leur conjoint et n'ont pas d'enfants et plus de famille, mais également leur devenir quand la seule solution proposée par la société reste la maison de retraite. Pourtant, « Jamais » ne verse pas dans le pathos. Si Madeleine est attachante, elle est aussi « attachiante » et très drôle grâce à des répliques bien envoyées. « Monsieur le Maire ! Étant donné que la nature vous a épargné les inconvénients qui accompagnent le fait d'avoir un cerveau, je vais m'adresser directement à votre moelle épinière : je ne quitterai jamais cette maison ! »
Il flotte dans « Jamais » la nostalgie du temps qui passe, la peur d'être dépossédée de ce qui nous reste, une maison avec des tas de souvenirs dedans et le futur, incertain, menaçant.
« Jamais » est une jolie parenthèse hors du temps.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
« La vieille s'accroche à sa maison comme une moule à son rocher ! » et la vieille n'a pas l'intention de se laisser faire. Deux ans déjà qu'elle résiste ! Il faut dire qu'elle a quelques arguments dans sa manche pas piqués des vers et qu'elle n'hésitera pas à les utiliser ! « Jamais » elle ne partira. Elle réussit à fiche au maire une peur bleue !
Les dessins de Bruno Duhamel sont de toute beauté. La petite maison du bout du monde de Madeleine donne envie de s'y installer tellement ce petit coin de Normandie est bucolique. C'est là qu'elle a construit son havre de paix avec son mari Jules et qu'elle a tous ses souvenirs… « Jamais » elle ne les laissera ! Madeleine n'est pas aussi sénile que le maire le laisse entendre. Elle sait bien que son Jules est mort. Elle sait aussi que sa maison bouge sur la falaise et que le danger devient chaque jour un peu plus grand… ses hortensias ont déjà dégringolé, elle n'a aucun doute sur ce qui est en train de se passer. « Mais à défaut d'avoir la vue, j'ai visiblement la longévité d'un condamné à mort au Texas… Ça fait des années que je suis dans le couloir, mais je n'arrive pas à trouver la porte. »
La relation qui se noue entre Madeleine et le lieutenant Ouedraogo de la brigade des sapeurs-pompiers est remarquable d'écoute réciproque et de tendresse. « Jamais » ce dernier n'aurait pensé qu'il deviendrait son principal confident et son défenseur le plus acharné. Deux êtres que rien ne devait rapprocher et qui pourtant deviennent inséparables.
Dans « Jamais », les thématiques abordées sont bien plus profondes qu'il n'y paraît… Ce qui rend cette bande dessinée si émouvante réside bien évidemment dans le personnage principal : Madeleine. La solitude des personnes âgées qui ont perdu leur conjoint et n'ont pas d'enfants et plus de famille, mais également leur devenir quand la seule solution proposée par la société reste la maison de retraite. Pourtant, « Jamais » ne verse pas dans le pathos. Si Madeleine est attachante, elle est aussi « attachiante » et très drôle grâce à des répliques bien envoyées. « Monsieur le Maire ! Étant donné que la nature vous a épargné les inconvénients qui accompagnent le fait d'avoir un cerveau, je vais m'adresser directement à votre moelle épinière : je ne quitterai jamais cette maison ! »
Il flotte dans « Jamais » la nostalgie du temps qui passe, la peur d'être dépossédée de ce qui nous reste, une maison avec des tas de souvenirs dedans et le futur, incertain, menaçant.
« Jamais » est une jolie parenthèse hors du temps.
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