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Critique de Domichel


Comment publier une critique sur « un des plus grands monuments de la littérature française » ?
Avec neuf mots, les derniers de la phrase précédente…

Bon, c'est un peu court c'est vrai, mais si je devais résumer la version intégrale de la Pléiade (plus de 1400 pages tout de même) je ne saurais pas comment y arriver. L'histoire tout le monde la connaît, ou presque : une jalousie, un complot, une trahison, un emprisonnement, une évasion et une vengeance.
C'est un récit d'aventure qui fait voyager le lecteur comme les personnages dans toute la Méditerranée, et de Rome à Paris. du plus profond du cachot du château d'If au plus grand des palais des Champs-Elysées. le voyage n'est pas seulement géographique il est historique aussi, du règne de Louis XVIII à celui de Louis-Philippe, et commence le jour ou Napoléon quitte l'Île d'Elbe, élément déclencheur du sort funeste de Dantès - à son corps défendant. Enfin ce voyage est psychologique dans son approche de l'évolution d'un esprit simple, honnête et confiant à celui déterminé, manipulateur, implacable et sans retour possible ; peut-on appeler ça remords ou regrets ? Pour terminer il est également philosophique car il laisse au lecteur toute latitude pour porter un jugement ou avoir un avis sur le parcours d'un homme animé par une telle détermination.

L'écriture est flamboyante, le vocabulaire à la fois d'une richesse immense et son accès d'une facilité déconcertante. Certes, mais quel jeune peut aujourd'hui s'attaquer à un tel livre ? Sans doute sont-ils peu nombreux, peut-être aussi parce qu'il ne s'adressait pas à un jeune public au départ. Pourtant que de belles formules, que de descriptions de paysages, de villes, de décors. Les acteurs sont saisissants de vérité, par leur physique, leur caractère, leurs actes prévisibles ou inattendus, jamais sans raison. Dumas a cela de commun avec Hugo ou Verne, ou Balzac et Zola (et j'en oublie), tous ces auteurs avaient la passion et la perfection chevillée à la plume, il fallait que leurs personnages soient empreints de véracité pour que leurs actes soient immanquablement logiques et dans le prolongement de leur caractère. C'est à la fois magnifique et terrifiant. Quelle force peut transformer un fils aimant et respectueux, un fiancé fidèle, un marin courageux à l'honneur irréprochable, en un procureur froid et déterminé, se muant en bras armé d'une justice qu'il fait sienne, car celle à laquelle il croyait l'a brisé et humilié. Il y a chez lui du Vautrin, du Nemo, du Valjean et du Javert à la fois, et ce n'est sans doute pas un hasard si ces personnages évoluent à la même époque. le XIXe siècle devait être celui d'une littérature exaltée et réaliste en même temps. du moins c'est ainsi que je le ressens.
Quant au scénario lui-même fallait-il que son auteur fut habité par une flamme aussi puissante que celle de son héros pour produire un tel ouvrage. Car même les fâcheux qui l'accusent de tirer à la ligne par appât du gain, sont obligés de reconnaître que les nombreux chapitres qui nous paraissent un peu étrangers à l'histoire, comme les longues vacances de Morcef à Rome, la bataille de Janina ou d'autres encore sur la vie parisienne et l'immobilier de l'époque, (que j'avoue aussi avoir eu du mal à lire), viennent s'imbriquer tôt ou tard dans cette quasi-épopée.

Comme j'aurais aimé écrire ainsi, mais à chacun son destin, le mien est de pouvoir lire ces oeuvres monumentales, et si j'y ai passé autant de semaines à l'automne dernier, il fallait bien attendre ce début d'année pour que j'en retire la substantifique moelle et vous fasse partager mon avis.
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