AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jullius


« Mon fils, aurait dit l'auteur du Comte de Monte-Cristo, quand on a l'honneur de porter le nom de Dumas, on mène la grande vie et on ne se refuse aucun plaisir ». Tel fit Alexandre Dumas fils… et il fréquenta les courtisanes. Il goûta plus que les plaisirs de la chair, il découvrit des âmes ! Celles de femmes « entières », aux histoires authentiques, lourdes, aux sentiments aiguisés et à l'esprit fort. Ne le faut-il pas pour survivre à pareilles conditions ? Rappelons-nous Boule de Suif !
Si les derniers mots du roman nous invitent à penser que « la vie de Marguerite est une exception », c'est sans doute que l'amour s'en mêla. Certes Marguerite connu une histoire singulière, des rencontres en de certains lieux, des enchainements et des intensités qui lui sont propres ; un destin et même une tragédie originale. Mais la quelle ne l'est pas ? Tolstoï nous avait prévenu : « toutes les familles heureuses le sont de la même manière, les familles malheureuses le sont chacune à leur façon ». Les faits divers dont le tout Paris parle (ici l'histoire de Marie Duplessis qui inspira ce roman) ne sont que la partie perçue de diverses histoires restées muettes mais qui mériteraient sans doute, tout autant, leur narrateur. Car ce qui importe ce sont les qualités d'âme et de caractère de ces femmes, les forces dont elles doivent être pourvues, les sacrifices qu'elles consentent, les souffrances qu'elles endurent, la bravoure qu'elles partagent. Qui qui peut bien affirmer, sans tomber dans un sociocentrisme idiot (pléonasme s'il en est, mais il faut bien cela) ou aveuglé par l'amour (circonstance la plus atténuante de tourtes) qu'ils sont distribués, chez elles, avec plus de parcimonie qu'ailleurs ?
Pour ma part, en lisant l'histoire de Marguerite je réalise soudain que les plus dignes et admirables personnages, j'entends par là ceux qui m'impressionnent systématiquement au plus haut degré dans les romans du XIXe siècle français, sont ces femmes qui cumulèrent la difficulté d'être dominées sur le plan juridique (redevenues mineures grâce aux réformes d'un autre héros, celui que nous impose le roman national, Napoléon, qui biffa de ses serres de rapace les conquis de la Révolution sur biens des sujets dont la citoyenneté des femmes) et « naturellement » dominées sur le plan économique, exploitées jusqu'à la misère et la déchéance : La Maheude, Gervaise, Nana (chez Zola) Célestine (chez Mirbeau), Eponine ou Esméralda (chez Hugo), Esther (chez Balzac), Rachel (chez Flaubert), Amanda Binet (chez Stendhal)… j'en oublie beaucoup et j'en ignore plus encore. Mais je me console d'avoir rencontré Marguerite. Vous serez, madame, une de mes grandes figures de la littérature. Et, cela va sans dire, mais mieux encore en le soulignant, j'en sais gré à votre dévoué serviteur, Alexandre fils, pour son beau, son grand roman.
Commenter  J’apprécie          158



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}