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Critique de Bigmammy


C'est le premier volume d'une collection intitulée « Une histoire personnelle de la France », confié à un spécialiste de cette période si mal connue de l'histoire de France qui court du Ier au IXème siècle. Une longue période qui se caractérise surtout par la rareté des sources écrites. le mérite de cette entreprise est donc de tordre le cou à un certain nombre de mythes ou de clichés récupérés par la suite par les politiques de tous bords.
Bruno Dumezil, jeune universitaire au style alerte et clair nous donne beaucoup de clés pour mieux comprendre notre hisotire : la première question est de savoir pourquoi la faire commencer avec les Gaulois. Voir dans les Gaulois une préfiguration des Français est un choix nationaliste (celui des instituteurs de la IIIème République, entre autres !) ou celle des créateurs d'Astérix, encore marqués par l'occupation allemande.
En fait, on a bien du mal à fixer le moment où apparut le sentiment national et, en définitive et en tenant compte des pesanteurs culturelles, on en restera aux Gaulois. Cependant, le livre nous donne des indications utiles pour mieux appréhender la période. Des princes de Hallstatt aux guerriers professionnels de la Tène, les Gaulois maîtrisent la métallurgie et la production d'armes recherchées dans toute la région. Ainsi s'emparent-ils de Rome en -390, de Delphes en-279 et s'installent dans la plaine du Pô. Cependant, à partir du IIème siècle, les Gaulois se romanisent à grande vitesse, l'influence des Druides s'estompe, les élites locales évoluent, nouent des contacts politiques avec les élites romaines. Bien avant les victoires De César, la Gaule est romanisée et en -50 avant Jésus-Christ, et la Gaule, occupée par les Romains, vit une période de grande prospérité car Rome lui apporte une infrastructure de transport et un marché de consommation étendus.
Jusqu'à la crise économique du IIIème siècle : instabilité politique, révoltes paysannes, brigandage endémique, pression fiscale insupportable, malnutrition, épidémies. La population régresse de 20%, la frontière avec les populations « barbares » est dégarnie. Vient le temps des grands déplacements de populations.
Les succès des Francs s'expliquent non pas par une unité ethnique mais par ce qu'ils apportent aux populations qui s'agrègent à eux : un statut juridique avantageux, l'exonération de taxes, une mode vestimentaire identitaire. Et voici un autre mythe démonté : les partages successifs de l'empire entre les héritiers de Clovis sont une façon de défendre et d'étendre le territoire et ne l'ont nullement affaibli. Et les rois mérovingiens n'étaient en rien fainéants : c'est la rumeur répandue par leurs successeurs carolingiens qui nous est restée, comme certains responsables politiques démantèlent tout ce que leurs prédécesseurs ont accompli avant eux.
On connaît ainsi beaucoup mieux la période du règne de Charlemagne ! Mais une nouvelle crise secoue l'empire au IXème – Xème siècle : une série d'incursions de Musulmans au sud, de Hongrois à l'est et de Normands au nord l'assaillent. La richesse du pays, de ses abbayes, attire. Pire, en 840, le monde carolingiens entre en guerre civile qui voit s'affronter quatre camps. Charles le Chauve, Louis le Germanique, Lothaire, Pépin II. Tous descendants directs de Charlemagne. On aboutit à une partition qui durera 1000 ans.
La Francie occidentale est attribuée à Charles le Chauve. L'Etat s'affaiblit au profit de l'aristocratie locale et le pouvoir se fait de compromis, d'échanges, de dominations ressenties et plus ou moins acceptées : la France du Moyen-Âge. Mais ça, c'est le deuxième tome de cette histoire personnelle, et je vais de ce pas aller me l'acheter !
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