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Critique de motspourmots


Tous ceux qui ont lu le chien de Schrödinger attendaient avec impatience le deuxième roman de Martin Dumont. Initialement prévue en mai 2020, sa parution a finalement été décalée de plusieurs mois comme la naissance de la collection qu'elle inaugure au sein du groupe Delcourt, Les Avrils. Mon attente n'a pas été déçue, bien au contraire. J'ai retrouvé ce qui m'avait séduite, la précision des mots, le bon dosage entre le dit et les silences, l'attention aux sensations et aux respirations. Et j'ai apprécié la sobriété assumée, la retenue de l'écriture là où, dans le roman précédent perçaient quelques étincelles stylistiques. Cela s'accorde bien à l'ambiance marine qui englobe le lecteur au point de lui donner l'illusion des embruns.

C'est une histoire d'île, ou bien l'histoire de Leni, ou peut-être les deux se confondent-elles ? Sur l'île, le monde de Leni est celui du chantier naval où le travail se fait de plus en plus rare mais où la passion de la construction reste intacte. On construit, on assemble, on polit, on bichonne et on navigue. le reste, ce sont les copains, les soirées chaleureuses au bistrot. Et le continent que Leni doit rejoindre pour voir sa fille, Agathe. Pourtant, les bouleversements sont perceptibles dans l'atmosphère. La construction du pont qui reliera l'île au continent est l'objet de toutes les discussions. Certains sont pour, question d'essor économique et touristique. D'autres sont contre, veulent préserver leur tranquillité. Les esprits s'échauffent, on évoque des actions de blocage. Leni est incertain. Comme pour beaucoup de choses. Chloé, par exemple, cette photographe venue chercher l'inspiration sur l'île ; elle lui plaît, mais il tangue, encore attaché à sa vie d'avant, pas très capable de se projeter, envahi par des appréhensions qui le restreignent. le pont s'élance, et avec lui, les repères explosent.

Avec délicatesse, Martin Dumont avance ses pions. Dessine le parallèle entre l'île et Leni, comme une métaphore de nos relations au monde. Rester à l'écart ou au contraire s'ouvrir aux autres. Au rythme de l'assemblage des différents éléments du pont qui constituent autant de parties du livre, l'état d'esprit de Leni progresse, la carapace se fissure, son regard sur lui-même et sur les autres évolue. Oh, ce n'est pas sans douleur ni sans casse. Un monde qui change, c'est une mue, une peau dont il faut s'extraire, la nouveauté et l'inconnu qu'il faut accepter. Martin Dumont saisit toute la complexité de ces moments et les met en scène avec finesse grâce à des personnages pour lesquels on éprouve immédiatement une grande empathie. Il met dans ce livre sa passion pour la mer, les bateaux et les hommes qui les construisent. C'est ce qui lui donne ce supplément d'âme qui laisse passer l'émotion. Voire le frisson pour accompagner la dernière phrase.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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