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Critique de Stockard


La recette des Frères K, elle est toute simple, je vous la donne (notez) : dans un grand récipient, mais alors grand grand genre piscine olympique, mélangez sport (base-ball de préférence mais vous pouvez y mettre une pincée d'athlétisme pour la fantaisie) histoire, amour, religion (là par contre c'est serré, optez uniquement pour l'Église adventiste du 7e jour et le Bouddhisme), guerre et politique. Une fois fait, ajoutez-y les Chance, famille typiquement américaine des années 60 : père, mère, quatre garçons, deux filles. Fouettez, touillez, secouez, battez et vous devriez obtenir le grand roman de David James Duncan, le petit dernier de chez Monsieur Toussaint Louverture que, à condition d'avoir bien suivi la recette, vous allez déguster en rigolant, pleurant, enrageant, vous indignant, reprenant goût à la vie, le perdant, le retrouvant, etc.
Parce que, surprise, D.J. Duncan n'a pas mis que des mots dans son livre, il y a aussi collé des tranches d'émotions en si grand nombre qu'on se les prend en pleine figure au détour de chaque page, et il y en a presque 800. En clair, ne pas s'attendre à une lecture-fleuve-tranquille.

Alors oui c'est vrai, la première moitié de ce chef-d'oeuvre (je pèse mes mots) parle beaucoup, beaucoup de base-ball et si on y est allergique, ça risque d'être laborieux mais Chance (!!) pour moi, j'adore ce sport, seulement à part les règles de base, je n'y connais pas grand chose et je regarde des matchs en restant totalement hermétique à bon nombre d'actions mais Les Frères K sont arrivés et ont contribué à l'amélioration de mes squelettiques connaissances dans une proportion non négligeable (presque sûre de pouvoir maintenant assister à un match et en apprécier facilement les 3/4).
Une fois ce premier gros morceau passé, on y revient parfois mais de façon plus anecdotique en comparaison de son omniprésence au départ et la seconde partie s'étoffe dans les thèmes abordés, entre guerre (du Vietnam, des psaumes et familiale) amour (religieux, sauveur et familial), contestation et littérature (russe surtout, Dostoïevski en général et ses Frères K. en particulier)
Alors qu'importe que l'on aime le base-ball ou non, ce monument littéraire est avant tout l'histoire d'une famille de la classe moyenne qui apprend à surmonter ses guerres intestines et les difficultés extérieures, une famille que David James Duncan n'hésite pas à malmener entre belligérance, viols et électrochocs pour nous rappeler la puissance de l'amour filial, à quel point rien ne lui est irréalisable pour peu qu'on l'accepte et qu'on accepte ses proches avec leurs câblages différents, leurs défauts et leurs irritantes obsessions.

Et si à l'ouverture de ce livre on croit faire un fabuleux voyage, loin, entre Washington, le Vietnam, les Indes et le Canada, on se rend rapidement compte que ce voyage est avant tout intérieur parce que les Frères K, ça parle de nos mères, de nos pères, de nos soeurs et de nos frères et qu'importe qu'on en ait ou non, on s'en fout, les Frères K, ça parle de nous, de nos vies, de nos choix, de nos erreurs, de nos amours et de nos pardons et ça nous rappelle enfin que notre séjour est court, que certains fardeaux sont inutiles et qu'il peut être bon parfois d'en laisser quelques uns derrière nous pour ne plus jamais y revenir.
Tout ça dans un livre qui n'en a pas fini avec moi, loin de là. Comme il va être difficile maintenant d'enchaîner sur autre chose.

En guise de conclusion, un merci qui ne sera jamais assez balèze à Babelio, à Dominique Bordes et aux Éditions MTL dans leur ensemble : de tous vos trésors, j'avais placé "La Maison dans laquelle" au sommet de la cime du pinacle ; j'ai bien l'impression que les Frères K vont aller lui tenir compagnie.
Merci aussi à la famille Chance qui nous rappelle qu'on peut, parfois, tomber amoureux d'un livre.
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