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Critique de djathi


Quelle évolution depuis Les impudents ! le deuxième roman de Marguerite Duras commence à porter en germe la voix unique , mystérieuse , pénétrante et pourtant insaisissable qui fera d'elle "La Duras" .
Nous voilà à Périgueux ,dans ce Périgord que connait si bien Marguerite .
Au Bugues ,dans une ferme , en compagnie d'une drôle de famille où il vient de se passer un drame .
C'est Francine qui parle . On pourrait dire Marguerite .
Elle n'a pas le verbe large la Francine , en bonne terrienne efficace qui n'a que faire des étalages .
Le drame ? Parlons -en quand même , puisque La francine nous en conte des bribes . Mais juste ce qu'il faut pour laisser surgir la conscience et voir ce qu'on en fait , ce qu'elle en fait !
Il s'agit d'un meurtre .
Et la Francine elle sait bien que qu'elle a une grosse part de responsabilité dans la mort de l'oncle Jérome . Mais bon ,là voilà pendant des nuits et des nuits dans l'attente de son possible amant le Tiene , l'ami de son frère Nicolas , et qu'elle entend les ébats amoureux de la femme de Nicolas dans les bras de l'oncle . Alors allez savoir pourquoi , trop c'est trop , elle s'en va faire acte de délation auprés de son frère chéri . Les choses vont vite . Une rixe entre les deux hommes concernés et la mort est là !
C'est à ce moment là que commence véritablement la première partie du roman ; belle entrée en matière pour une vie tranquille !
La suite ?
Clémence qui a fauté s'en ira , laissant sa "marmaille" au père .
Eh puis la vie après ....
Celle de la Francine sensuelle ou éteinte ,
des amours perdus d'avance ( On n'aime pas son frère d'amour impunément, ça s'appellerait l'inceste ) ou contrarié , le suicide de Nicolas , des éclairs de lucidité qui doivent gratouiller l'âme et la conscience ...Mais nulle trace de ce qu'on appelle remord ou culpabilité pour la Francine . C'est qu'elle se cache du lecteur la Francine .
Elle partira voir la grande bleue , celle qui n'avait jamais vu la mer .
Surprise pas son propre regard dans un miroir , elle prend conscience de l'état d'être , son existence propre , son identité on dirait, par une sorte de dédoublement et de vision fragmentaire de son schéma corporel ...A part que , il est bien difficile de savoir qui l'on est lorsque le passé n'a aucun point d'ancrage dans le moi . Difficile donc de se positionner dans la relation à autrui sans cette connaissance . Alors peut-être bien que la vie et la mort n'ont pas de frontière bien définie .
Des jours plein de vide sous le soleil de fin d'été languissant , sur la plage , un homme qui se noie . On se surprend à penser Meursault .
Et comme il faut bien rentrer , sans trop savoir pourquoi , elle retournera vers le Tiene . Et la boucle le sera lorsque celui ci la demandera en mariage . Par amour ? Par faiblesse ? Par lassitude ? Ou juste parce que ce jour là , à cet instant unique et irréversible , le choix n'existe plus sous le regard de la Francine , celle qui sait avant les autres la destinée , et ce qu'on a à y voir la dedans , nous les acteurs de la vie .
Toutes griffes dehors , elle blesse au passage . La vie .
Mais elle continue à passer ...Tranquille ?
Que nenni , voilà un paradoxe Durassien qui affirme déjà une plume facétieuse .
On en redemande .
A travers tous ces personnages on pourra établir des parallèles avec son vécu du moment , comme souvent dans son oeuvre où réalité et fiction s'entrelacent
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